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Billet de blog 13 novembre 2025

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Dix ans après les attentats du 13 novembre, pourquoi la République chancelle encore ?

Dix ans après les attentats de janvier et du 13 novembre 2015, la République reste ébranlée. Les terroristes ont semé la peur, l’extrême droite en récolte les fruits, profitant d’une société fracturée où la haine d’autrui et le rejet de l’autre sont redevenus discours commun.

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Par William Leday, enseignant en relations internationales à Sciences Po Aix, ancien conseiller pour les questions de défense de Benoît Hamon (candidat PS à la présidentielle de 2017) et de Yannick Jadot (candidat EELV à celle de 2022).

C’était il y a dix ans… Mais contrairement à un certain discours que l’on entend ici ou là, au gré des émissions, célébrant la supposée « résilience » de notre société et la « solidité » de l’État, les terroristes de janvier et du 13 novembre 2015 ont réussi à ébranler la République bien plus qu’on ne l’imagine. Et il s’en faut de peu pour qu’ils remportent, à terme, leur sinistre pari. En effet …

Dix ans après les attentats, la société française n’a jamais été aussi fracturée, l’islamophobie explose, l'antisémitisme progresse et les discriminations de toutes sortes demeurent.

Dix ans après, la bienveillance et l’esprit républicain semblent avoir déserté notre démocratie, il devient presque impossible de débattre sereinement. Pire, faire preuve de tolérance paraît désormais « has been ». Les quolibets ont remplacé les arguments, les opinions se substituent aux faits, toute vérité est contestée, le haut devient le bas, et le bas le haut. L’annulation, au Collège de France, d’un colloque consacré à la question israélo-palestinienne, dit beaucoup de l’état de délabrement de notre vie intellectuelle et démocratique.

Dix ans après, nous cultivons nos différences plus que notre destin commun, nous exacerbons des identités supposées ou fantasmées. Beaucoup brassent histoire, mémoire et folklore, réhabilitant des passés honnis, idéalisant et célébrant une France qui n’a jamais existé. Philippe de Villiers, Éric Zemmour et Jordan Bardella vendent des centaines de milliers de livres, véritables logorrhées destinées à éclairer les parts les plus sombres d’une histoire de France réécrite à l’aune de leurs obsessions.

Dix ans après, l’État de droit s’est affaissé et le maintien de l’ordre cède souvent à la répression, nos libertés publiques reculent. Les dérives et les délires trumpistes aux États-Unis pourraient bien annoncer ce que nous connaîtrons, demain, en France et ailleurs en Europe.

Dix ans après, l’extrême droite n’a jamais été aussi proche du pouvoir, aidée en cela par certains « idiots utiles » prétendument de gauche, qui jouent les censeurs, à l’image du Printemps républicain, désormais bien installé au sommet de l’appareil d’État.

Non, nous n’avons pas gagné face aux terroristes. Loin s’en faut.

Nous n’avons pas su faire davantage, ni mieux République.

Nous n’avons pas su faire davantage, ni mieux fraternité.

Nos libertés publiques sont aujourd’hui en danger.

Dix ans après, les ferments propagés par les terroristes sont toujours là, plus actifs que jamais.

Et si l’extrême droite venait à accéder au pouvoir, ce serait une victoire des terroristes de 2015, celle d’un autre intégrisme, qui n’aurait rien à leur envier en matière d’intolérance, de haine d’autrui et de vision du monde.

Dix ans après, le combat se poursuit.

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