Dans une interview à Nice-Presse le 30 mai 2021 (https://nicepresse.com/nice-gael-nofri-bagnoles/), Gaël Nofri, délégué du maire de Nice à la circulation, au stationnement, et à la logistique urbaine, affirme haut et fort que « Nice n’est pas du tout anti-bagnoles ». Pour une fois, nous sommes d’accord avec lui. Et nous irons même plus loin : « Nice reste pro-bagnole ! ». Gaël Nofri étant un ancien encarté FN, rien qui nous surprenne dans cette position. L’élu le confirme indirectement : « On injecte des millions, à bon escient, pour les routes, les parkings… ». CQFD.
Le journaliste rappelle que le Collectif Citoyen 06 reproche à la ville ‘’un manque d’ambition dans la lutte contre la pollution atmosphérique, alors qu’elle « tue plus de Niçois que le Covid ».’’ Ce que nous maintenons bien entendu.
Et nous regrettons également un certain nombre de contre-vérités proférées par cet élu, mais nous devrions y être habitués, tant ses désirs y sont pris pour des réalités. Voyons cela de plus près :
- « J’aurais du mal à prendre au sérieux les « ayatollahs » de la décroissance et du zéro voiture » : où sont ces ayatollahs de la décroissance ? Il se trouve que personne ne milite pour le ‘’zéro voiture’’. Peut-il citer seulement un tel militant ? Monsieur Nofri nous explique-t-il qu’il refuse la décroissance de la pollution, à l’origine de 500 morts prématurés chaque année sur la ville de Nice, et la décroissance des nuisances sonores qui minent le quotidien de tant de citoyens ?
- « Le développement du tram a permis immédiatement d’obtenir de beaux résultats. Nous ne dépassons plus les critères européens sur l’oxyde d’azote » : faut-il rappeler à Monsieur Nofri que l’agglomération niçoise est toujours frappée d’un contentieux européen sur la (mauvaise) qualité de son air ? Par ailleurs, la pollution de la ville ne se mesure-t-elle que sur les axes de tram ?
- « Notre ZFE (Zone à faibles émissions, NDLR), qu’ils critiquent, est pragmatique et ambitieuse. Au 31 décembre, les camions les plus polluants, de critère 5, seront interdits en ville. Ceux du 3 et 4 le seront aussi d’ici 2023. Il en sera de même pour ces catégories de voitures en 2024 » : nous maintenons que ce projet de ZFE manque totalement d’ambition, eu égard notamment à l’impact sanitaire inacceptable, relevé précédemment. Gaël Nofri laisse entendre que les voitures de catégories 3, 4 et 5 seront concernées par la ZFE en 2024. Ces propos sont mensongers, car il n’en est rien ! Le projet rendu public indique que seules les voitures de catégorie 5 (soit 2% du parc automobile) seront concernées à partir de 2024. Aucune date n’a été donnée pour les autres catégories de VP. Alors que le Grand Paris a déjà mis en place une ZFE pour les voitures depuis 2019, que la ville de Lille embarque tous les véhicules en 2021, que Lyon le fait pour tous les véhicules de catégorie 5, dont les voitures, à partir de 2022, notre ville de Nice se dit ambitieuse en ne touchant les ‘’bagnoles’’ qu’à partir de 2024, et pour 2% d’entre elles…
- Alors que le Dr Richard Chemla, conseiller santé, environnement et bien-être, avait affirmé « Il faut sortir la voiture de la ville : elle nous rend malade », dans Nice-Presse le 9 avril, Gaël Nofri, celui qui est plutôt historien que médecin, se permet de le contredire : « Non, je ne le pense pas ». Cet élu serait-il à ce point déconnecté de la réalité qu’il puisse dénier ainsi les conclusions de rapports et d’études officiels confirmant l’impact des 500 morts prématurées chaque année sur la ville ? Chiffres terribles, par ailleurs confirmés par le Dr Chemla.
- « Certains Niçois ne feront jamais du vélo, tout le monde ne le peut pas, c’est une évidence » : nous tenons à rassurer cet élu délégué. Avec seulement 2,2% de part modale vélo, il n’y a aucun risque que 100% des Niçois se mettent à pédaler du jour au lendemain. Son modèle ‘’pro-bagnoles’’ n’est donc pas en péril…
- Enfin, l’élu précise : « Un agent immobilier Niçois expliquait à deux Parisiens que dans notre ville, ‘’on ne se préoccupe du stationnement que quand nous arrivons à la triple file’’. Il y a parfois eu de ça. Après, je ne sais pas si c’est plus le cas dans le Sud qu’ailleurs. L’incivisme est une réalité mais il n’est pas propre à notre ville » : Gaël Nofri devrait donc, après tant d’années à ce poste, aller prendre un peu la température dans d’autres villes de France et d’Europe. En général, le ‘’benchmarking’’ remet les idées en place : nous le lui conseillons donc. Il découvrirait alors que la cité niçoise est très ‘’nerveuse’’ et peu propice à la tranquillité et à la sécurité de celles et ceux qui tentent d’utiliser les mobilités douces. Interrogez des personnes en provenance d’autres territoires autour de vous, vous verrez que Nice et les Alpes-Maritimes sont très loin d’être ressenties comme des territoires apaisés… Les statistiques nationales d’accidentologie le confirment d’ailleurs.
En conclusion, nous nous permettons de conseiller à Gaël Nofri de ne pas avancer imprudemment des propos qui ne correspondent pas à la réalité, mais bien plutôt à des fantasmes et des mantras communicationnels.