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Billet de blog 11 juillet 2025

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L’aéroport de Nice lave plus vert que vert

Arnaques et compagnies (aériennes)...

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Plus de vols, plus de kérosène et plus de CO2 : simple, non ?

Nous avons quelques chiffres à vous donner, mais l’affaire est assez simple à comprendre.

L’aéroport de Nice a lâché quelques chiffres importants dans l’étude d’impact complémentaire (EIC) de son projet d’extension fin 2024 (une étude exigée par la Cour administrative d’appel de Marseille) : le trafic aérien doit augmenter de +28 730 vols par an d’ici 2034, et induire une hausse du volume de kérosène distribué de 53 910 tonnes supplémentaires par an sur l’aéroport de Nice à l’horizon 2034, soit une hausse de +26,6% par rapport à 2024. Logique : plus d’avions, plus de kérosène.

Et plus de kérosène, c’est aussi plus d’émissions de CO2 (dues à la combustion du kérosène) et d’effets non-CO2 (dus aux traînées de condensation et aux cirrus induits). C’est toujours logique.

L’étude de l’aéroport reprend une donnée confirmée par les instances gouvernementales : un kilogramme de kérosène génère 6,99 kg de CO2eq. C’est bien ce forçage radiatif qui augmente l’effet de serre et dérègle le climat mondial.

Reprenons : l’aéroport utilisera +53 910 tonnes de kérosène par an d'ici 10 ans, qui auront donc pour effet des émissions globales de 53 910 x 6,99, soit : +376 830 tonnes supplémentaires de CO2eq par an.

Un aéroport pionnier dans la post-vérité

C’est ici que l’aéroport décroche, et comme vous le savez, le décrochage d'un avion n’est pas ce qui caractérise une situation d’avenir. Son étude EIC (en page 241) évoque, non pas une hausse, mais une … baisse de -11% de ses émissions CO2eq ! Cette baisse n’est d’ailleurs absolument pas expliquée ni démontrée par la société des Aéroports de la Côte d’Azur.

Dans cette EIC, il y a très manifestement une incohérence majeure entre les indications de hausse de trafic aérien et de consommation de kérosène (+26,6%) entre les scénarios 2024 et projet T2.3 en 2034, et les baisses d’émissions de GES annoncées dans l’EIC (-180 000 tonnes CO2eq, soit -11%).

La pensée magique des manipulateurs

Pour résumer, l’aéroport prétend qu’en consommant +53 910 tonnes de kérosène en plus, les émissions sont censées diminuer de -180 000 tonnes de CO2eq. C’est sûrement l’effet d’une baguette magique que seuls les dirigeants de l’aéroport semblent avoir trouvée sur le Bon Coin… Cette grosse arnaque peut laisser penser que plus l’aéroport est fréquenté, et plus son empreinte carbone diminue.

Si vous interrogez Franck Goldnadel, (ir)responsable en chef de l’aéroport, ou Aymeric Staub, son chargé en désinformation, ils vous expliqueront que le plan de réduction des traînées de condensation, à l’échelle mondiale s’entend, permettra de réduire massivement les émissions de CO2eq. Mais il se trouve que même dans cette hypothèse tout à fait irréaliste à moyen terme, une telle baisse d’émissions est définitivement impossible. Pourquoi ? Parce que la seule combustion des 53 910 tonnes de kérosène induit nécessairement une émission minimale de plus de +200 000 tonnes de CO2. C’est un principe physique intangible, concrétisé par le concept de ‘’facteur d’émission’’ (3,05 kg CO2 par litre de kérosène brûlé, selon l’ADEME). Et +200 000 tonnes, ça ne fera toujours pas -180 000 tonnes. Sauf pour les cancres au fond de la classe, et les menteurs qui vantent à tous les vents qu'un aéroport est ''neutre en carbone''…

Bref, et si on arrêtait de prendre les citoyens et passagers, les élus et les préfets, mais aussi les juges, pour des simplets, voire de gros demeurés ?

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