Collectif citoyen 06 (avatar)

Collectif citoyen 06

Abonné·e de Mediapart

57 Billets

0 Édition

Billet de blog 29 septembre 2025

Collectif citoyen 06 (avatar)

Collectif citoyen 06

Abonné·e de Mediapart

Christian Estrosi couvre Nice du drapeau de la honte nationale

Collectif citoyen 06 (avatar)

Collectif citoyen 06

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1

Le déclencheur

Ce 29 septembre, nous découvrons un tweet ahurissant de Christian Estrosi : la goutte d’eau turpide qui fait déborder le marigot…  Et une claque pour les magistrats de notre pays.

Oui, Christian Estrosi a vraiment décidé de transformer la ville de Nice en musée des repris de justice, la chargeant de l’opprobre nationale (et au-delà)… Pourquoi cette décision d’un seul homme (la démocratie à la sauce estrosienne) nous révolte ? Lisez la suite.

Des affaires particulièrement graves et des condamnations

Les Français-ses découvrent au fil des années le lourd passif judiciaire de Nicolas Sarközy de Nagy-Bocsa, dit Nicolas Sarkozy, 8ème président de la 5ème République française (2007-2012). Pour résumer, trois affaires principales lui valent l’intérêt des juges :

  • Affaire des écoutes (« Bismuth ») : corruption et trafic d’influence (concernant le juge Gilbert Azibert). NS a été définitivement condamné en appel (le pourvoi en cassation a été rejeté et la condamnation de première instance confirmée) : un an de prison ferme (aménageable en détention à domicile sous bracelet électronique, qu’il n’a finalement conservé qu’un peu plus de trois mois). Il s’agissait de sa première condamnation définitive.
  • Affaire du financement libyen (campagne 2007)        : en septembre 2025, le Tribunal correctionnel de Paris l’a récemment condamné à cinq ans d’emprisonnement fermes. Il a été reconnu coupable d’association de malfaiteurs, mais relaxé sur le chef de financement illégal de campagne. Le tribunal a prononcé un mandat de dépôt à effet différé avec exécution provisoire (impliquant une incarcération proche malgré l’appel). Après la plus lourde et la plus récente des condamnations pour Nicolas Sarkozy, il a interjeté appel.
  • Affaire Bygmalion (campagne 2012)         : financement illégal de campagne électorale (dépassement du plafond de dépenses). Sa condamnation en appel a été confirmée le 14 février 2024 : un an de prison ferme, dont 6 mois avec sursis. Il a formé un pourvoi en cassation contre cette décision : la Cour de cassation doit examiner son pourvoi le 8 octobre. Si la condamnation en appel a été prononcée, le pourvoi en cassation suspend l’exécution de la peine jusqu’à la décision de la Cour de cassation.

En résumé, Nicolas Sarkozy a été définitivement condamné dans l’affaire des écoutes, condamné en appel dans l’affaire Bygmalion (attente de la cassation), et condamné en première instance dans l’affaire du financement libyen (avec une menace d’incarcération imminente due à l’exécution provisoire).

Estrosi doit beaucoup à Sarkozy et le fait savoir

Rappelons tout d’abord que Christian Estrosi a été gratifié de deux postes ministériels sous la présidence de Nicolas Sarkozy : secrétaire d’Etat chargé de l’Outre-mer (juin 2007-mars 2008), puis ministre chargé de l’industrie (juin 2009-novembre 2010), tous deux dans le gouvernement Fillon II.

Un clin d’œil : au-delà de ces liens officiels, les deux compères sont nés tous deux en 1955, Sarkozy en janvier et Estrosi en juillet. Pourrait-on y voir une solidarité de jeunes septuagénaires, tous trempés jusqu’au cou dans une vision totalement dépassée de la politique ?

Christian Estrosi, en tant que proche (et prétendument ami) de Nicolas Sarkozy, a pris des positions de soutien constant et d’amitié envers l’ancien président dans le cadre de ses procès judiciaires, notamment suite à ses condamnations.

Les déclarations du maire de Nice s’articulent autour des points suivants :

  • Réaffirmation de l’amitié et de l’estime : Il lui a réitéré son amitié et son estime, le qualifiant notamment de « mon ami » et soulignant que les liens qui les unissent sont « indestructibles ». Ainsi, après la condamnation du 25 septembre 2025, Estrosi a confié aux média (ici BFM Nice) : « C’est avec une grande tristesse que j’ai appris la douloureuse épreuve que traverse mon ami, celui que je considère comme mon frère, Nicolas Sarkozy (…). Courage mon ami ! »
  • Mise en avant de l’homme d’État : Il a insisté sur le fait qu’aucune décision de justice ne saurait effacer l’homme d’État qu’il a été et qu’il reste, en particulier dans le cœur des Français, se souvenant de la manière dont Nicolas Sarkozy a « fait rayonner la France dans le monde » et a su « réformer notre pays, et le protéger à travers les crises ».
  • Soutien à la famille : Il a exprimé une pensée pour sa famille, notamment son épouse et ses enfants, leur transmettant des marques d’affection et les assurant de la fierté qu’ils peuvent avoir de leur père et mari.
  • Critique de la judiciarisation de la vie politique (implicite ou explicite) : dans certaines de ses prises de parole, il a pu critiquer la sévérité des jugements (ex : affaire des écoutes en 2021), ou exprimer son inquiétude face à la « judiciarisation de la vie politique française », estimant que cela affaiblit les fondamentaux de la démocratie et que la justice ne devrait pas faire de politique, en plus de suggérer qu’il pourrait y avoir un « acharnement ». Après la condamnation du 1ᵉʳ mars 2021, Estrosi déclarait : « Je réaffirme mon amitié et mon soutien à @NicolasSarkozy. La décision prise à son encontre apparaît extravagante. Il n’est jamais bon que les politiques se mêlent de justice, ni que les magistrats fassent de la politique. Je ne doute pas que cette décision sera invalidée en appel. » (message cité par Nice-Matin). Des positions largement relayées sur ses comptes sociaux et dans les médias locaux et nationaux.

Au moins, on ne pourra pas dire que Christian Estrosi ne sait pas vénérer et louer ses mentors politiques, en dépit de leurs frasques judiciaires, comme il l’a déjà fait avec Jacques Médecin, lui rendant hommage – jusqu’à donner son nom à une rue en 2019, en vantant son rôle de ‘’bâtisseur’’. Ce qui n’a pas manqué de susciter de légitimes critiques.

Anthony Borré se fait perroquet

A l’instar de son maître Christian Estrosi, son 1er adjoint Anthony Borré tient le même genre de propos en soutien à Nicolas Sarkozy dans le cadre de ses affaires judiciaires : l’allégeance semble politiquement transmissible.

  • 17 mai 2023 (après l’arrêt de la Cour d’appel de Paris, “affaire des écoutes”) : Borré publie un message de “soutien total” à Nicolas Sarkozy et à son avocat Thierry Herzog, dont il dit “connaître la probité”. Sait-il seulement ce que signifient ‘’connaître’’ et ‘’probité’’ ?
  • Septembre 2025 (après la condamnation dans l’affaire dite “libyenne”) : il affirme qu’ “aucune décision de justice n’effacera l’homme d’État qu’il a été et qu’il reste”, réitérant son amitié et son estime pour l’ancien président. Ces propos ont été relevés par la presse locale et des sites d’actualité.

Ces hommages et ces dénigrements de la justice sont de dangereuses souillures pour notre démocratie

Tous les défenseurs de les malfaiteurs et corrompus de la République, dont Estrosi et beaucoup d’autres irresponsables, la grande majorité étant de droite et d’extrême droite, font un tort terrible à notre République et à la démocratie. Ils inscrivent leurs pas dans ceux du trumpisme en s’attaquant au dernier rempart de l’égalité entre les citoyens – la Justice, et en semant le doute dans les esprits, laissant entendre très explicitement que la Justice doit être forte avec les faibles, et faible avec les forts.

Les citoyen-nes doivent se lever contre cette trumpisation de la politique française, pour défendre la Justice, et à Nice, pour protester contre ces décisions lamentables, provocatrices et honteuses de Christian Estrosi, un homme qui préfère les copains, fussent-ils corrompus ou malfaiteurs, à la défense de l’intérêt général et de l’exemplarité, si nécessaire.

Pour finir, le 28 septembre 2025, l’ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, Henri Guaino, se fendait du commentaire suivant sur CNEWS : « Des personnes qui doivent tout à Nicolas Sarkozy ne veulent pas prendre le moindre risque en se mêlant de cette affaire. ». Sauf Christian Estrosi. Car lui a osé ! Parce que, comme disait Michel Audiard sur ceux qui osent tout, biiiiiiiiiip.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.