Montbrison, cité inconnue
Montbrison, sous préfecture de la Loire, qui connaît ? Quelques fins gourmets connaissent éventuellement sa fourme, l'AOP de ce fromage est l'une des plus réduites de France (avec l'Abondance).
Mais alors pourquoi vouloir attribuer le titre de capitale de l'activisme ou de la répression à cette commune de 16 000 habitants, 20 000 tout au plus en incluant les communes alentour ? Et même si la capitale historique du Forez a par le passé tenu le rôle de préfecture du département de la Loire (de 1800 à 1855), rien, en dehors d'une très commerciale désignation de plus beau marché de France, avant ce 10 septembre 2025 ne semblait la destiner à revendiquer un titre de capitale nationale !

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Capitale de l'activisme ou de la répression ?
Analysons tout simplement les chiffres, 3 gardes à vues suite au mouvement du 10 septembre à Montbrison, 330 (puis 415 et finalement 549) au niveau national. Montbrison représente donc près de 1% des gardes à vues alors que la population mentionnée précédemment est bien loin de ce pourcentage. L'appel ayant mobilisé environ 300 personnes, le pourcentage de garde à vue prend là aussi la valeur approximative de 1%. Par contre, le part de Montbrison en ce qui concenre les participants à la mobilisation est bien loin de ce pourcentage !
Y a-t-il eu plus de dégradations pour justifier ce pourcentage hors norme d'arrestations et de mises en garde à vue ? Non, aucune casse n'a été enregistrée. Parmi les actions dont le mot d'ordre était Reprenons la parole pour la démocratie, certains groupes s'étaient réparties dans la ville pour alerter et engager le dialogue avec consommateurs et passants autour de la mobilisation du jour. Et malgré cela, les manifestants pacifiques en cortège ont eu à subir jet de grenade lacrymogène et violences avec des tasers à l'appui (dans le dos pour un des interpellés, significatif qu'il n'y avait pas de menaces manifestes sur les forces policières).
Pour justifier cette réaction, le communiqué de la préfète de la Loire mentionne une tentative d'intrusion dans la mairie, lieu public communal par excellence ! Or, les faits se sont déroulés près de la médiathèque située à l'opposé de l'entrée de l’Hôtel de Ville !
Autre information mensongère ou pour le moins trompeuse, un délit de port d'armes reproché pour un petit Opinel(©) trouvé dans le sac à dos lors d'une des interpellations qui a eu lieu au moment de la dispersion de la manifestation et que les participants se rendaient à un pique nique partagé de clôture de la mobilisation. Ces actions de type prédateur qui attend que sa proie soit isolée et vulnérable de la part des forces de répression a soulevé la plus grande indignation de la part des manifestants comme des passants stupéfaits par ces véritables agressions (placages au seul avec un soupçon de racisme assumé en demandant s'il fallait un traducteur à un des interpellés à la physionomie méditerranéenne même s'il s'agit de la procédure...)
Si certains habitants pourraient être fiers (les membres fondateurs du M@c entre autres) du titre de capitale de l'activisme, Montbrison mérite plus celui de capitale de la répression au vue de la disproportion des moyens policiers déployés face à une foule populaire et familiale qui s'était mobilisée pour marquer son refus des orientations politiques et sociétales que la nomination de Sébastien Lecornu ne venait que conforter.
Violences policières
Certes, Montbrison n'a pas été la seule ville où les violences policières se sont exercées lors de cette mobilisation comme le montre tristement l'article de Blast, mais en rapport avec la population comme mentionné précédemment le constat est clair d'une disproportion abyssale.
Une autre témoignage montre la volonté de cibler tout manifestant qui ne ferait pas partie de la population étiquetée comme revendicative et assimilée aux milieux d'extrème gauche, dans le but de cacher que toute la population marque son rejet de la situation actuelle.
Comment expliquer ?
Bizarrement, la nomination de Sébastien Lecornu avant la date du mouvement du 10 septembre, n'a pas respecté une étrange trêve olympique et pourrait passer pour un coup d'Etat militaire en douceur au vue de ses anciennes fonctions ministérielles...
Au delà des consignes du gouvernement démissionnaire au niveau national, la nomination récente de la préfète de la Loire (moins d'un petit mois) a-t-elle amplifié la volonté de faire du chiffre ? Précédemment directrice de la protection et de la sécurité de l’Etat, poste qui consiste à s'occuper de la défense et de la sécurité nationale, elle a sûrement gardé des liens privilégiés avec les différents corps de force de l'ordre et les ministères (Intérieur, Armées...) ce qui expliquerait la présence de multiples "escadrons" y compris la présence d'un chien policier sans oublier le nombre d'agents des Renseignements Généraux qu'il est toujours difficile de clairement identifier mais dont la présence est largement avérée.
Le sous-préfet de Montbrison, ancien militaire, commandant dans l'armée de Terre, en place depuis seulement un an a sans doute lui aussi de multiples portes d'entrée tant auprès des services du tant du ministères de l'Intérieur que celui des Armées. Il est plus enclin à commander des troupes qu'à dialoguer avec des citoyen.ne.s !
Dernier niveau de commandement, la nouvelle cheffe d’escadron commande la compagnie de Montbrison et ses quelque 230 militaires, depuis un petit mois. N'oublions pas la volonté de profiter des joujous technologiques mis à la disposition des troupes.
La volonté de mater un nouveau foyer de contestation (résidence de membres fondateurs du M@c, initialement Montbrison action citoyenne devenu ensuite Mouvement @ctiviste citoyen) représente aussi une hypothèse plausible, il s'agissait d'un premier rassemblement en réponse à une mobilisation nationale. Les mobilisations précédentes avaient plutôt été motivées par des événements locaux (casse de l'hôpital du Forez avec jusqu'à 650 manifestants recensés, opposition à un projet de centrale à bitume...)
Cette volonté pouvait donc traduite une pression mise par les élus locaux en lien avec le nouveau premier ministre.
Plusieurs petites villes se mobilisent et le pouvoir veut éviter à tout prix que le mouvement de contestation face tache d'huile auprès d'autres communes de ce type.
La tendance est de cantonner l'image de la contestation à certains milieux radicaux urbains pour que le mouvement n'emporte pas l'adhésion d'autres populations réputées moins revendicatives sur les territoires plus ruraux.
Elle se traduit aussi par le choix de muscler les interventions lorsque les mobilisations n'ont pas fait l'objet d'une déclaration officielle. Est-ce le pays des droits de l'homme où pour se mobiliser les citoyens doivent se ranger derrière une quelconque bannière ? Le pays où prendre l'initiative de manifester son mécontentement conduit à se transformer en hors-la-loi ? Cette soit-disant absence de déclaration est complètement farfelue entre les annonces dans la presse locale, les affiches et les informations des RG...
Comme le développement de la technopolice (vidéo surveillance algorithmique ou pas), cela traduit un besoin de surveillance généralisée. Ainsi Félix Tréguer dans son livre Technopolice, précise "L'une des principales fonctions politiques dévolues aux technologies ne consiste pas tant à produire de la sécurité publique qu'à relégitimer l'action de la police, à redorer le blason de l'institution en faisant croire à un progrès en termes d'efficience, d'allocation des ressources, de bonne gestion, de transparence, de contrôle hiérarchique."
Suites données à cette mobilisation
La première réaction des participants à ce mouvement traduisait une indignation générale face aux méthodes employées et la volonté de dénoncer une information, pour le moins erronée, émise par la préfète et propagée par la presse locale.
Une lettre ouverte à l'attention de la préfète a été rédigée pour
1. témoigner des faits tels que nous les avons réellement vécus au cours de cette matinée de déambulation dans les rues,
2. planifier un communiqué rectificatif officiel et par voie de presse concernant cette soi-disant velléité d’intrusion dans la mairie,
3. restaurer la dignité des participant.es,
4. protéger un des principes fondamentaux de la démocratie : la liberté d’expression publique et pacifique.
Elle fait l'objet d'une large diffusion et attend une réponse de sa part ainsi qu'un communiqué rectificatif sans lesquels le collectif se réserve le droit de poursuivre la procédure.
lettre-prefete-collegial-vdefLe 18 septembre, les unions locales CGT et FO ont organisé des cars totalement remplis pour se joindre au cortège organisé à Saint Etienne qui a réuni au moins 10 000 manifestants (estimation de la presse locale) et sûrement pas les tout juste 3000 indiqués par les services de la préfecture (encore une information fallacieuse pour discréditer l'ampleur de la contestation).
Au retour, une agora s'est réuni avec la volonté de ne pas laisser le mouvement citoyen se faire bâillonner par le pouvoir local.
Ainsi, une marche est organisée le 28 septembre dans le cadre des marches des résistances autour des mots d'ordre : climat, justice et liberté, 3 mots qui résonnent particulièrement avec les événements qui se sont déroulés à Montbrison le 10 septembre.
Pour marquer le souvenir de cette date, la marche débutera sur le lieu du gazage et de l'agressivité démesurée des forces de l'ordre, où la répression s'est exprimée au grand jour. Une première lecture consacrée à la lettre ouverte adressée à la préfète par le collectif citoyen marquera le départ de la déambulation. Elle se poursuivra ensuite avec des lectures ou mises en scène associées aux 3 thèmes mobilisateurs de la journée climat, justice et liberté. Si la météo est propice, elle se conclura par un pique-nique partagé .
Quelque soient les conditions météo, la marche aura lieu et nous nous armerons de parapluies s'il le faut !
Rendez-vous donc ce 28 septembre à Montbrison !

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