Sa Suffisance Fienkielkraut – accessoirement « porte-flingue d'Israël » comme on l'appelle dans le microcosme intellectuel parisien- vient encore de dégainer ! Cette fois dans une interview publiée par le Figaro, le 26 juillet dernier, sous le titre incendiaire «Au nom de la lutte contre l'islamophobie, on sous-estime la haine des Juifs et de la France»
Avec la brillante perversité intellectuelle qu'on lui connaît, l'académicien se fait le fidèle écho de la propagande de Tsahal. Il suffit de regarder i24, la chaîne israélienne diffusée en anglais, en arabe et... en français -comme France 24 mais pas Al Jazeera qui n'a pas eu cette aubaine sur le câble- pour s'en rendre compte. Experts militaires israéliens garantis !
Petite explication de texte :
- "Si la civilisation de l'image n'était pas en train de détruire l'intelligence de la guerre, personne ne soutiendrait que les bombardements israéliens visent les civils."
Traduction : L'armée israélienne mène une guerre intelligente, avec des frappes chirurgicales. La preuve, elle minimise les pertes humaines en prévenant la population. Quelle humanité : au Vietnam l'armée US en faisait autant !
Puis viens la phrase culpabilisante et pseudo démonstrative, sencée nous la boucler :
"Avez-vous oublié Dresde ?" Autrement dit : "Vous, les Européens, n'avez-pas de leçons d'humanité à donner : à Dresde vous avez fait un carnage !"
Ensuite celle de l'expert : "Et lorsque l'on me dit que les habitants n'ont nulle part où aller, je leur répond que les souterrains de Gaza auraient dû être fait pour eux". Comprenez : "Bande de nuls : la "bataille de Gaza" c'est comme "la bataille d'Alger" ! Y'a des caches plein la Casbah, et pour les trouver, il faut vider l'eau (la population) pour asphyxier le poisson (les "terroristes").
Franchement, sa Suffisance Fienkielkraut insulte notre intelligence ! Il s'imaginait quoi ? Que les bombardements intensifs de Gaza allaient faire fuir, tels des rats, la population par les tunnels, et donc de ce fait, en révéler les emplacements ? C'est vraiment sous estimer la capacité de résistance des Palestiniens, qui en sont à leur 3ème agression militaire israélienne depuis 2008. Quant aux tunnels : les images des massacres -en zone urbaine ou agricole- qui ont largement circulées, démontrent que croire qu'ils sont partout sous Gaza relève d'une pure projection fantasmatique ! La population a bel et bien été sciemment ciblée, sans discernement ! La guerre "contre-insurrectionnelle" des Bigeard et Massu, on connaît ! L'idiotie n'est pas génétique, pas plus que l'intelligence !
Et enfin, celle qui déshumanise l'ennemi désigné : "Ces mouvements ne protègent pas la population, ils l'exposent. Ils ne pleurent pas leurs morts, ils comptabilisent avec ravissement leurs "martyrs" ". Là, on atteint le summum de l'immonde ! Les Gazaouis, bombardés sans répit depuis le 8 juillet, ont le choix entre...mourir chez eux, dans la rue, dans une école, dans un hôpital, dans une mosquée, dans une ambulance, sur la plage ou dans leurs potagers. Les victimes sont majoritairement des civils, dont beaucoup de femmes et d'enfants. Si sa Suffisance n'avait pas autant de mépris pour la culture arabe (chrétienne ou islamique), il comprendrait le sens du mot chahid (martyr). A savoir : la victime sans défense d'une guerre injuste, ou le combattant mourant les armes à la main pour défendre ses droits légitimes.
Quoi que l'on puisse penser du Hamas ou du Djihad islamique, ce sont des mouvements issus de la résistance palestinienne. Prétendre que les morts de Gaza n'ont de valeur à leurs yeux qu'en chiffres, c'est induire que, pour eux, "un bon Gazaoui est un Gazaoui mort" ! Cette vision essentialiste relève du déni d'humanité, d'un complexe de supériorité exacerbé. Quant au "ravissement", on le voit effectivement s'exprimer...mais sur les chaînes de télévision israéliennes !
Alors, toute cette logorhée verbale pour finalement arriver à quoi ? A l'objectif de l'agression israélienne contre Gaza -« Je demanderais la levée du blocus si elle était assortie de la démilitarisation de Gaza », affirme sa Suffisance du haut de son piédestal. Avec, bien sûr, le sempiternel couplet sur la hiérarchisation des génocides : « Au lieu de cela, on confond Gaza et Sarajevo. Là où il y a la guerre, on parle de massacre, voire, tant qu'on y est, de génocide ». Comme si Gaza ne subissait pas un siège économique et militaire depuis 2006 -5 opérations militaires en 9 ans ! La dernière, encore en cours, devrait s'appeler « Agression dévastatrice » au lieu de « Bordure protectrice », tant elle est la plus meurtrière de toutes ! N'en déplaise à sa Suffisance, l'acharnement israélien à bombarder la population civile de Gaza pour en déloger les mouvements de résistance relève effectivement du crime contre l'humanité ! Et même si, pour sa Suffisance, nous ne sommes qu'une bande de brell (arabe de "bouriccots") émotifs sans discernement - « Toutes les distinctions sont abolies par l'émotion et ce sont les plus cyniques, les plus inhumains, qui profitent de cette grande indifférenciation humanitaire »- l'attitude des pays occidentaux et de l'ONU, de 1948 à aujourd'hui, démontre à quel point Israël a bénéficié -et continue de bénéficier- d'un traitement d'exception, du fait -mais pas seulement- de cette « différenciation humanitaire » sans cesse rappelée à nos mémoires par une machine de guerre psychologique bien huilée !
Bref, sa Suffisance a beau faire des gesticulations intellectuelles pour tenter de manipuler la réalité, "on ne peut dissimuler le soleil avec un tamis" (proverbe arabe) !
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Rabha Attaf est grand reporter, spécialiste du Maghreb et du Moyen-Orient. Auteure de "Place Tahrir, une révolution inachevée", éditions Workshop 19