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Corinne Klomp

Scénariste, autrice (radio, théâtre), script doctor, amoureuse du Brésil et chroniqueuse pour la São Paulo Review.

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Billet de blog 2 janvier 2013

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L’auteur contemporain face à la phlébite

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Ces jours-ci dans la presse fleurissent des articles alarmistes sur l’utilisation des pilules dites de 3ème et 4ème génération, censées être efficaces en matière de contraception et plus confortables que celles qui les ont précédées.

L’adjectif confortable prête désormais à discussion vu que ces mini pilules sont accusées de provoquer des effets secondaires graves chez certaines femmes, et ce quel que soit leur âge et leur condition physique, allant de la thrombose à l’accident vasculaire cérébral en passant par l’embolie pulmonaire. D’autres encore, moins « chanceuses », y ont laissé la vie. Il est donc temps de se pencher sur la question puis de prendre les décisions qui s’imposent, sans oublier pour autant de rappeler aux femmes désireuses de s’épanouir sexuellement mais non de se reproduire à l’infini que la pilule au sens large demeure une formidable invention, et un progrès.

Cela étant dit, j’aimerais en profiter pour évoquer un thème qui ne manquera pas de vous passionner : « Le risque de phlébite chez l’auteur contemporain ». Si du reste, en parcourant ces lignes, un étudiant en médecine souhaite y consacrer sa thèse, car je ne doute pas qu’elle puisse susciter un vif intérêt notamment à l’international, je tiens à l’informer que j’accepte de témoigner, à visage couvert bien entendu, car trop de notoriété à la longue finit par nuire.

Avant d’entrer dans le vif du sujet, je rappellerai au préalable la définition de la phlébite, ou thrombophlébite : il s’agit de l’inflammation d’une veine provoquée par la formation d’un caillot (thrombus) dans un vaisseau sanguin. Si ledit caillot se détache et migre dans une artère, c’est la galère, car il peut provoquer une embolie et parfois la mort. Cette affection doit par conséquent être prise au sérieux. Je suis d’autant plus heureuse de pouvoir affirmer aujourd’hui que si l’auteur contemporain n’est pas à l’abri du besoin (j’y reviendrai hélas dans ce blog), de la grippe H1 N1, de la gueule de bois ou même d’un redressement fiscal (et ce pour les moins Belges d’entre nous), il se trouve en revanche plus épargné par la phlébite que d’autres catégories d’individus. Excellente nouvelle pour lui, mais comment se fait-ce ? L’explication est simple : la phlébite naît fréquemment d’une mauvaise circulation du sang et de troubles de la coagulation. Or s’il y a bien un truc qui circule chez l’auteur vivant, en plus de ses nombreuses idées, c’est son sang ! Il est remué sans cesse à gros bouillons, car l’auteur de son siècle passe sa vie à recevoir tantôt des caresses, tantôt des claques. A ce jour, cette alternance rythmée constitue un moyen quasi idéal d’empêcher la stase veineuse, la formation de caillots et tout le bazar qui s’ensuit.

Afin d’étayer ma démonstration, je puiserai dans mon propre exemple. Peu avant la clôture de l’année 2012, j’ai eu le privilège de recevoir une belle claque. Elle m’a été administrée par la Comédie-Française, excusez du peu. Elle était sournoisement dissimulée au sein d’un courrier dûment affranchi qui disait ceci : « Madame, nous avons bien reçu votre pièce Une saine inquiétude qui a été transmise au bureau des lecteurs de la Comédie-Française. (…) Nous sommes au regret de vous informer qu’au cours de ses dernières délibérations, le bureau des lecteurs n’a pas retenu ce texte. Cette décision, bien sûr, ne remet pas en cause les qualités et la singularité de votre travail, étant entendu que les critères d’appréciation des lecteurs sont subjectifs. (…) » Cette réponse fleure bon la lettre type, n’empêche, sous le choc, j’ai vacillé. Mais j’ai tenu mon cap.

Quelques jours plus tard, le 25 décembre dans la soirée (tel un cadeau de Noël qui se fait désirer mais arrive à point) je fus l’heureuse destinatrice d’une caresse en forme de mail, émanant de Christophe Dejours, un psychiatre et psychanalyste connu pour ses travaux sur la souffrance au travail (http://www.dailymotion.com/video/x82e0c_christophe-dejours-stress-au-travai_news#.UOVPM6XcjL9) et auquel j’avais adressé cette même pièce : « Chère Madame, c’est seulement aujourd’hui que j’ai enfin trouvé le temps de lire votre pièce. Excellente tant sur le plan théâtral que sur la mise en drame du travail et la cruauté de votre style. ( …) Je vous souhaite une bonne année 2013 et beaucoup de succès dans vos œuvres, qui en connaissent déjà beaucoup. Toutes mes félicitations !  (…) »

Depuis, mon sang a fort bien circulé et circule encore, car nul doute qu’en 2013 d’autres claques m’attendent en embuscade, prêtes à strier mes joues, mais qu’elles seront bientôt balayées par des caresses, à l’effet nettement plus durable. J’aborde donc l’an nouveau sans risque majeur de thrombose, vous m’en voyez toute chose. 

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