« Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne, »… je répèterai.
Pardon à Victor Hugo d’emprunter le premier vers d’un de ses célèbres poèmes tiré des Contemplations. D’autant que je fabule sans vergogne. Il n’y aura ni l’aube ni la campagne, vu qu’il sera 10h du matin et que ça se passera chez moi, en ville. Mais il y aura des croissants, des pains au chocolat et aussi au raisin, du café et du thé vert, en résumé d’agréables douceurs que l’immense Victor n’a pas inscrites au programme de son poème. On a beau posséder un talent fou on ne peut penser à tout (tiens, un alexandrin).
Qu’importe, demain samedi je vais répéter. De l’action enfin ! Dans deux petites semaines, jeudi 24 janvier aura lieu à 17h 00 au Ciné XIII Théâtre (1 avenue Junot à Paris 18ème) la lecture de ma dernière pièce, celle qui donne son nom à ce blog, la lauréate 2012 du concours de la Fondation Bajen, j’ai nommé Une saine inquiétude.
Puisque je fais ma réclame (les auteurs de nos jours sont polyvalents, sinon morts) j’en profite pour tous vous inviter à assister à cette lecture, au lieu de foncer vous entasser dans un bar morose pour célébrer l’heure joyeuse (‘happy hour’, c’est le terme exact, bien moins charmant) après une journée de labeur. Enfin quand j’écris que je vous convie tous, j’exagère. Ce message s’adresse surtout aux lecteurs de Mediapart qui ont l’excellente idée d’être producteurs et/ou directeurs de théâtre, aux journalistes en quête de bons papiers, ainsi qu’aux mécènes ou héritiers désireux de soutenir les auteurs contemporains et notamment… moi.
Pour alléchante que soit ma proposition (j’ai omis de préciser que l’entrée de la lecture est gratuite et qu’il y a un bar dans le théâtre où vous pourrez rencontrer ensuite les comédiens et l’auteure, ‘what else’ ?), elle se doit d’être étoffée. Que raconte ma pièce, par exemple ? En voici l’argument : « La directrice commerciale d’un grand quotidien met fin à ses jours, sur son lieu de travail. L’action remonte le temps pour comprendre pourquoi elle a commis l’irréparable. En marge de la chronologie, des monologues ponctuent le récit et éclairent les différents protagonistes, qui se ressemblent sans parvenir à s’entendre, occupés qu’ils sont à résister en solitaire ou à bafouer le capital humain. »
Je laisse une ou deux lignes en blanc, histoire de vous permettre d’encaisser le choc. Ceux qui s’attendaient à un remake de Monte là dessus tu verras Montmartre ! sont déçus, j’en conviens. Si j’adore rire et faire rire, j’écris avant tout sur ce qui me touche, m’énerve et me révolte. Je suis une auteure remuée, remuante, vivante. Le monde de l’entreprise, je le connais bien. Avant de me consacrer à l’écriture de fictions, j’ai travaillé au sein d’un quotidien économique, à un poste similaire à celui qu’occupe l’héroïne de ma pièce. Si je n’ai pas subi de harcèlement, j’ai constaté nombre de dérives qui m’ont marquée. Avec Une saine inquiétude, je dénonce la déshumanisation, la course à la rentabilité et la perte du sens collectif. Au-delà de la colère, je distille aussi une note d’espoir, car l’entreprise n’est pas selon moi fatalement condamnée à être un lieu de souffrance.
Si vous voulez en savoir plus… rendez-vous à la lecture du 24 janvier. Si vous en savez déjà trop, je vous en reparlerai quand même. Je suis une auteure engagée, enragée. Et réciproquement.
En attendant, « demain, pas trop tôt, à l’heure où fume le café » (pardon Victor), je répèterai. Entourée des comédiens qui m’offrent leur talent, leur confiance, et me font l’honneur de renoncer à quelques heures de sommeil ou de détente par amour du théâtre. Retenez leur nom, ils sont tous formidables : Gaëlle Billaut Danno, Sophie Parel, Philippe Cariou, Lionel Pascal et Marie Pagès. Il me tarde de la commencer, cette répétition.