Le Medef propose de supprimer le régime des intermittents.
Car les intermittents consomment trop de sucres lents.
Des pâtes, du riz, des chips, des sandwiches, des panini.
Beaucoup de glucides, peu de protéines.
Sans compter les sodas toxiques, les bières frelatées,
Le vin en cubi tiré de vignobles fatigués.
Le Medef est soucieux.
De la santé des artistes.
Il tient à la culture, et au bon cholestérol.
Il croit aux principes simples : manger mieux pour vivre mieux,
Cinq fruits et légumes par jour et l'art sera bien gardé.
Le Medef est gentil.
Il oublie une chose :
Les intermittents ont déjà un papa et une maman,
Ou deux papas, ou deux mamans, plus dans certains cas.
(Un vrai bazar chez ces gens-là.)
Ils ont passé l'âge qu'on leur dise quoi faire, quoi manger.
Qu'on les montre du doigt comme un rejeton indigne.
Ils savent qu'en matière de régime, les excès se font ailleurs.
Dans d'autres familles, qui se goinfrent sans retenue,
Voire sans appétit,
Qui s'en mettent plein la bouche, plein les poches,
Qui stockent leurs réserves dans des pays amis,
Et n'ont jamais d'indigestion.
Question de constitution.
Les intermittents sont touchés de l'attention du Medef.
Touchés, mais pas coulés.
Ils ont l'estomac solide et le coeur bien accroché.
Ils ont, chevillée aux tripes, la faim du public.
La seule qu'aucun régime ne saurait rassasier.