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Scénariste, autrice (radio, théâtre), script doctor, amoureuse du Brésil et chroniqueuse pour la São Paulo Review.

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Billet de blog 25 février 2013

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L’appel du 25 février 2013

Malgré la neige et le froid, je bouillonne, j’ébullitionne. J’ai une excellente nouvelle. Pour ma dernière pièce, Une saine inquiétude, qui traite du harcèlement moral et de la souffrance au travail, j’ai trouvé non pas un, mais deux metteurs en scène, qui souhaitent travailler ensemble et mener à bien le projet. Parfaitement, deux, rien que ça. Un homme et une femme, parité respectée, emballés par l’aventure et prêts à se lancer dedans tête baissée, avec toute l’énergie et la folie requises.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Malgré la neige et le froid, je bouillonne, j’ébullitionne. J’ai une excellente nouvelle. Pour ma dernière pièce, Une saine inquiétude, qui traite du harcèlement moral et de la souffrance au travail, j’ai trouvé non pas un, mais deux metteurs en scène, qui souhaitent travailler ensemble et mener à bien le projet. Parfaitement, deux, rien que ça. Un homme et une femme, parité respectée, emballés par l’aventure et prêts à se lancer dedans tête baissée, avec toute l’énergie et la folie requises. Je ne suis pas peu fière d’eux, et de moi. Je ne citerai pas tout de suite leurs noms ici, peut-être par crainte de me porter la poisse, surtout pour éviter qu’ils soient bientôt sollicités par le nombre croissant de lecteurs de ce blog, soudain désireux de voir vivre sur les planches d’un théâtre les textes qu’ils ont griffonnés dans le grenier de la maison de leurs grands-parents entre l’âge de sept et neuf ans, alors qu’ils étaient cloîtrés et punis pour avoir voulu mettre le feu à la queue du chat de la maison, par amour des souris si mimi. Vous n’aurez donc pas les noms, inutile d’insister, de ces metteurs en scène là, mais vous me croirez quand j’écris qu’ils débordent de talent, d’inventivité, d’enthousiasme et de sincérité. Si ça ne suffit pas pour constituer un excellent début, autant arrêter la vie.

Cette étape cruciale étant franchie, il reste à affiner la distribution, à dénicher un théâtre puis à lever… des fonds. Les deux derniers points m’incombent plus particulièrement, ce ne sont pas les plus simples à régler. Trouver un théâtre qui soit d’accord pour accueillir ma pièce dans sa programmation, ça peut se faire assez naturellement, du reste j’ai déjà de très belles pistes. En trouver un qui soit prêt à la programmer ET à la financer, en clair à la produire ou co-produire, c’est une autre paire de manches. L’argent, dans l’art comme ailleurs, reste encore hélas le nerf de la guerre. Je vais donc me jeter, sans peur et sans filet, dans la course folle aux subventions, dons, mécénats, plateformes internet de financement par la foule (le fameux « crowd funding »), aides et apports en tout genre. Je lance ici un premier appel à votre générosité, l’appel du lundi 25 février 2013 qui fera, autant vous prévenir, pas mal de petits dans les mois à venir.

Si vous avez trop d’argent sur vos comptes et craignez de payer un impôt sur le revenu voire la fortune scandaleux, donnez-moi ! Si vous êtes producteur, de théâtre, de cinéma, de lait, de viande (bœuf ou cheval, m’en fous), d’OGM ou de surimi, donnez-moi ! Si vous avez un ami, un cousin, un frangin, un postier producteur ou qui a des démangeaisons de l’être, dites-lui : « Donne-lui ! ». Si vous avez un ou une ex avec lequel vous êtes toujours en bons termes et qui vient de faire un héritage, prenez votre part du gâteau, c’est de bonne guerre, mais ne soyez pas gourmand au point de risquer l’indigestion, et aiguillez cet amour usagé vers moi. Si c’est un ou une ex fortuné(e) mais avec qui vous êtes en froid (entre nous c’est pas malin, par temps de crise), je veux bien jouer l’écrivaine publique et rédiger gracieusement une bafouille de réconciliation, bafouille qui servira peut-être à raviver sa flamme mais surtout à remplir vos poches, puis les miennes. Vous l’aurez compris, je suis une auteure en quête non d’inspiration poétique, mais de contributions pratiques. Au quotidien je peux me nourrir de nouilles à l’eau non filtrée, mais je ne peux imposer ce régime aux comédiens, metteurs en scène, scénographes, techniciens, régisseurs, coiffeurs, maquilleurs, attachés de presse, et tous ceux que j’oublie et qui vont se défoncer pour faire exister Une saine inquiétude sous vos yeux émerveillés.

La route sera longue et difficile, et me conduira peut-être à écrire ma prochaine pièce sous forme de monologue à un seul personnage (moi), mise en scène par un seul metteur en scène (moi) avec un seul technicien pour tous les postes (moi), dans un petit théâtre (ma salle de bains) face à un public restreint mais conquis (mon reflet dans le miroir). Je sens bien aussi qu’à la lecture de ces lignes certains se détournent déjà, le regard gêné, et cliquent discrètement sur le bouton « Retirer de mes contacts » qui leur permettra de me précipiter à jamais dans l’oubli. Qu’ils ne se réjouissent pas trop vite, car tel Terminator, « I’ll be back ». Je reviendrai. C’est l’avantage et l’inconvénient de certains auteurs contemporains. Ils sont vivants.

Dans l’attente de vos nombreux dons et bruyantes manifestations de soutien, je ne résiste pas au plaisir, pour clore cet appel qui restera dans les annales du théâtre, de plonger dans l’intime pour vous délivrer mon message talisman, symbolisé par cette photo envoyée par une amie chère et qui orne le bureau de mon ordinateur, photo qui réjouira de surcroît les amateurs de souris si mimi : « N’abandonne jamais ! » Le point d’exclamation ou d’injonction comme vous préférez a été rajouté par moi-même, emportée par le souffle de la traduction. C’est la touche personnelle de l’auteure. 

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