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Billet de blog 3 juillet 2024

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C'est parce que l'extrême droite est une escroquerie qu'il ne faut pas "l'essayer"

C'est parce que l'extrême droite, partout, s'attaque à l'idée même de fait, qu'on se retrouve sans plus aucun argument, ni donnée à lui opposer pour contrer son maintien et son expansion.

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On dit que les premiers courriels d’escroquerie envoyés pour harponner les gens, ceux qui demandaient une assistance financière ou promettaient la fortune, étaient, à dessein, grossièrement faits, sans soin aucun, multipliant les erreurs d’orthographes, les invraisemblances du propos, ou toutes sortes de signes qui auraient alerté une personne à la méfiance moyenne, et ce afin de faire le tri et d’attirer les plus crédules.

On peut voir à l’œuvre dans l’entreprise d’extrême droite la même malfaçon arnaqueuse, les mêmes ressorts, les mêmes dispositifs et la même crédulité faits pour concourir et s’alimenter.

Il faut voir que les xénophobes, et ces derniers temps nous convainquent que l’extrême droite, quand elle a renoncé à tous les habits de ses promesses, que ses fondamentaux sont à nus, n’est jamais que xénophobie, posent comme postulats, comme points de départ de leurs raisonnements, des données erronées, qui ségréguent, sans aucun fondement, en se basant sur les couleurs, les goûts ou les façons. Il est facilement démontrable que les racismes, les phobies diverses, ne reposent sur aucune donnée vérifiable et pourtant voilà à partir de quoi l’extrême droite pense et parle.

Ca veut dire quelque chose. Ca veut dire que chacun, chacune, séduite par des opinions ou des théories de haine, n’a pas soigné un dispositif ou une méthode qui discrimine les informations qu’elle, il reçoit en fonction de leur validité, de leur vérifiabilité. Ca veut dire qu’elle, il est crédule, perméable à toutes sortes d’idées loufoques qui ne tiendraient pas le test de la preuve.

Qu’on ne s’y trompe pas, celle, celui qui tombe dans le gouffre de l’extrême droite n’a pas l’apanage ni de la crédulité, ni du manque de rigueur dans la discrimination des informations qu’elle, il utilise pour se faire une idée, ni même des phobies qui traversent tout le corps social. Mon propos n’est pas de les pointer du doigt, ni de les accabler. Mon propos n’est pas, non plus, de réduire toutes les passions d’extrême droite à cette seule défaillance méthodologique, elle est ressort parmi d’autres, l’appartenance au groupe qui s’éprouve contre un autre groupe imaginaire, la revanche, etc. (Revanche, par exemple, sur les élites dont les méthodes, parmi lesquelles celles qui discriminent et vérifient les données et les informations, ou leur maîtrise, dont elles prétendent avoir le monopole, servent précisément à les exclure en leur refusant un diplôme ou un concours)… Simplement, j’essaie de décrire, à gros traits, des mécanismes qui me semblent expliquer comment l’entreprise d’extrême droite finit par prendre et de quoi elle est faite.

Il y a, donc, une crédulité fondamentale, une perméabilité aux idées les moins avérées, les plus loufoques, qu’on peut constater quand tel leader, Trump par exemple, va, contre tous témoins, toutes preuves photographiques consultables partout, affirmer qu’on n’aura jamais vu autant de monde à Washington que lors du cérémonial inaugural de sa présidence, ou encore qu’il a gagné les élections suivantes, sans pour autant juger utile de se barricader dans la Maison blanche pour refuser un transfert de pouvoir qu’il semblait pourtant juger illégitime. C’est bien le fait que tant de gens le croient, ou si elles, ils ne le croient pas, du moins s’amusent et se réjouissent de son rapport lâche avec les faits, qui questionne.

Là, vient se refermer le piège de toute l’escroquerie. Parce que, au fait, que font ces affabulateurs une fois ces personnes crédules attirées et conquises… Que fait un Alex Jones, à la tête d’une petite entreprise médiatique, colporteur de théories paranoïaques infondées et dangereuses ? Il vend, pour des millions de dollars, ses poudres et huiles de guérisseur, qui promettent une virilité plus vigoureuse, ou préparent à l’apocalypse qui vient, qui ne peut pas ne pas venir, puisqu’il l’annonce. Que fait un Steve Bannon, soit disant théoricien des extrêmes droites d’Amérique du Nord et d’Europe ? Il escroque, d’après les procureurs fédéraux de New York, ce public, soutien de Trump, impatient de voir se construire un mur entre le Mexique et les Etats-Unis, dont il promet d’assurer l’exécution, levant des fonds, de petites donations en petites donations, à hauteur de quelques 3 millions de dollars sans que personne ne voit jamais le début des travaux. Quid de ses théories, de ses valeurs dont il était présenté comme un farouche défenseur, celles qui devaient « sauver la civilisation occidentale » ? Il faut croire que l’occident attendra ou que la menace n’était pas si vive finalement…

Là, se joue tout le ressort, toute la boucle, entre personnes de plus en plus crédules, de plus en plus confuses, de moins en moins à même de discriminer dans ce qu’on leur raconte, et des escrocs prêts à rafler la mise. Car c’est bien le dénominateur commun de tous les leaders d’extrême droite du monde, de Poutine à Orban, ils sont tous au cœur d’une machine qui les enrichit.

Et voici ces régimes, d’autant plus corrompus que plus aucun contre pouvoir ne peut venir les faire achopper, mettre une limite à leur cupidité ; d’autant plus corrompus que la vigilance, la méfiance du public est trompée depuis longtemps ; qui se condamnent à se maintenir coûte que coûte, et de plus en plus autoritairement, pour échapper à la Justice, emportant leurs pays dans leur forfaiture et leur débâcle.

Ce n’est pas le seul ressort qui travaille l’entreprise d’extrême droite, mais, quand même, qu’on songe à ce dénominateur commun, cette escroquerie fondamentale, quand on se dit que, peut-être, on pourrait laisser l’extrême droite se discréditer à l’épreuve du gouvernement, comme se sont discrédités, les uns après les autres, les partis qui se seront succédés à la tête du pays, parce qu’à la différence des autres partis, courants, mouvements, se sont bien tous les mécanismes de vigilance qui seront attaqués par une autorité qui nous montrera une chaussette en nous disant que c’est un avion, sans que personne ne trouve à redire. Contre cette entreprise, aucun argument, aucune donnée démontrable, rien de ce qui participe à la délibération, garantie des procédures démocratiques, n’y pourra rien.

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