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Billet de blog 4 juin 2021

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Commune : La France doit se repentir et réparer

On peut imaginer que le déclin de la France qui inquiète tant la droite vient de là, du fait d’avoir achever des milliers de républicains pour ne pas se poser la question de la République. Un pays ne peut pas se relever d’une telle honte sans un examen radical de sa conscience et de ses fautes.

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La Commune pose, continue de poser des questions qui ne savent pas trouver leurs réponses. La première est fondamentale, elle regarde la question de faire société.

La Commune aurait dû être un moment de démocratie et de délibérations, quelques mois après la proclamation d’une République par accident. Et elle l’a été, un temps, où on a vu les réflexions se délibérer de clubs en journaux. On a vu jusqu’au centre du spectre politique s’interroger sur la meilleure façon de faire république, proposer et contre proposer. Quel mandat ? Quelle représentation ? Quelle assemblée ? Composée de quels membres ? Avec quels pouvoirs ? Et avec quelles limites ? Quelle participation des citoyens ? Jusqu’à quel point ? Quel rôle de l’État ? Quelles formes de l’État ? Quelles limites à l’État ?

Si la France avait eu la possibilité de poser ses réponses à ces questions, elle aurait eu sa République à elle, sa proposition de République qui n’aurait ressemblé à aucune autre, qui aurait pu servir de modèle ou de contre exemple au monde et de cohésion à ses habitants. Mais ces questions nécessaires ont été fracassées par le massacre des bourreaux de Versailles pour ne plus jamais revenir se poser. La France n’a pas connu dans son Histoire l’intensité de réflexions et de délibérations qu’ont pu nourrir par exemple les fondateurs de la république états-unienne qui scrutaient avec une minutie têtue chacun des rouages des mécanismes de leur organisation politique, envisageaient les travers, tentaient de prévenir les abus. Il y aura des gens pour proposer encore, bien sûr, mais il n’y aura plus de délibérations qui s’emparent du pays.

Alors qu’outre atlantique, les notions qui ont fondé la république, pourtant loin d’être démocratique, the « rule of law » ; the « system of checks and balances » ; ou la « tyrannie de la majorité »… continuent d’être mobilisées quand un juge annule un décret présidentiel ou une sénatrice auditionne un ministre, la France, elle, reste confuse, si peu claire sur les principes qui la fondent, privée d’une culture républicaine qui devrait rendre inconcevable qu’un ancien premier ministre soit accusé de tenter d’influer sur les procédures judiciaires qui inquiètent son rival ou que des policiers manifestent non pas pour améliorer leurs conditions de travail, mais pour peser sur l’écriture des lois.

On peut imaginer que le déclin de la France qui inquiète tant la droite vient de là, du fait d’avoir achever des milliers de républicains pour ne pas se poser la question de la République. Un pays ne peut pas se relever d’une telle honte sans un examen radical de sa conscience et de ses fautes. Plutôt que le déni et le silence dans lesquels elle s’obstine aujourd’hui, la France, l’État français, doit se repentir et réparer, reconnaître l’ampleur de ses responsabilités, demander pardon et rendre au peuple ce qui lui a été confisqué : les délibérations d’un moment constituant, l’établissement commun d’une République et de ses valeurs fondatrices.

Le temps a fini par donner raison à la Commune, tant de ses mesures ont été adoptées par le pays 5 ans, 15 ans, 70 ans plus tard, l’enseignement laïc et gratuit ; la séparation des églises et de l’État ; les assurances chômage et maladie… mais les questions fondamentales qu’elle posait, la question du pouvoir, ses modalités, ses limites, c’est-à-dire la question de la démocratie, restent tues.

Et puis, il est une autre question que l’expérience communeuse vient nourrir. Une question simple, celle de savoir comment des démocrates peuvent parvenir à « s’emparer » d’un pouvoir qui n’est pas démocratique tout en maintenant cette exigence de démocratie, attaqués par des opposants qui non seulement ne le sont pas, démocrates donc, mais à qui on ne le reprochera pas, ni non plus la violence, la brutalité, auxquelles ils ne manqueront pas d’avoir recours.

En rassemblant ces extraits de journaux venus de tout le champ politique, monarchistes, républicains, réactionnaires, socialistes… j’ai cherché à collecter les éléments pour alimenter ces questions.

Je propose de regarder le film Le Journal de la Commune gratuitement cette semaine ici https://vimeo.com/r/3fGK/SlBzaVF1dH

Bon visionnage. Bonnes réflexions.

Le Journal de la Commune de Paris © Claude Pérès

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