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Billet de blog 25 mai 2021

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Commune : 25 Mai 1871

Les voilà, ces belles personnes de la bourgeoisie qui d’habitude se jouent de leur mises coquettes pour intimider celles et ceux dont le travail salit les mains, montrant ce visage sans figure, crispé par la soif de sang. Il n’y a jamais qu’une seule violence qui leur est insupportable, la violence des pauvres, la violence de celles et ceux qui ne se laissent pas faire.

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Illustration 1

25 Mai 1871

Le journal réactionnaire Le Gaulois vomit une haine dont on peine à comprendre comment elle peut ne pas les étouffer contre « les étrangers et les bandits qui avaient terrorisé Paris », ces « immondes communeux », ces « criminels », « scélérats », « assassins ».

Le quotidien décrit dans le détail l’avancée des troupes versaillistes dans Paris, qui ont repris le Trocadéro, la Concorde, la place Vendôme et le pont des Arts. Et accuse les « insurgés » de mettre « le feu aux palais et aux hôtels des ministères » dans leur retraite, dès sa titraille qui annonce : « La journée du 24 mai. L’histoire l’appellera : la journée des incendiaires ! » et précise : « Ils ont mis le feu aux Tuileries ».

Une dépêche du chef du gouvernement, bientôt reprise dans tous les journaux, déclare : « Nous sommes maîtres de Paris, sauf une très-petite partie qui sera occupée ce matin. Les Tuileries sont en cendres…Le palais du quai d’Orsay […] a été incendié également ; tel es l’état dans lequel Paris nous est livré par les scélérats qui l’opprimaient et le déshonoraient ». La gangrène assassine semble avoir dévorer jusqu’à la tête de l’État qui prononce ces mots qui le déshonorent forcément pour l’Histoire : « Le sol de Paris est jonché de leurs cadavres. Ce spectacle affreux servira de leçon, il faut l’espérer, aux insensés qui osaient se déclarer partisans de la Commune ».

La rage meurtrière qui semble engloutir les esprits conservateurs et réactionnaires sidère et épouvante. Rien ne paraît pouvoir les retenir, ni le scrupule, ni la honte, ni même leur goût compulsif pour l’ordre, de se livrer à ce qu’il faut appeler un massacre. Les voilà, ces belles personnes de la bourgeoisie qui d’habitude se jouent de leur mises coquettes pour intimider celles et ceux dont le travail salit les mains, montrant ce visage sans figure, crispé par la soif de sang. Elles reprochaient hier encore aux communeux la menace d’une violence dont elles se saoulent aujourd’hui. Les principes qu’elles prétendaient défendre tombent comme des exuvies pour révéler de quoi ce pouvoir est fait : une brutalité inouïe et froide qui ne manque jamais de s’abattre sur qui vient le contester. Leur ordre, leur morale, leur nation, tout ce qui vient déguiser la sauvagerie de leur pouvoir, n’importe plus tout à coup quand elles sèment le chaos dans Paris, tuent leurs frères et sœurs et achèvent les blessés. Il n’y a jamais qu’une seule violence qui est insupportable pour les belles personnes, la violence des pauvres, la violence de celles et ceux qui ne se laissent pas faire. Que l’Histoire retienne la figure monstrueuse de ce pouvoir mis à jour, son déshonneur, son discrédit. L’intensité de sa brutalité atteint forcément un seuil de rémanence qui marque, hante la rétine et veut qu’on voie encore toute sa laideur même quand on ferme les yeux. Ces belles personnes, les bourreaux de Versailles, ont maudit leurs noms, ont maudit leurs enfants, ont maudit leurs principes, dont l’évocation ne pourra jamais que faire vomir.

Voir le film : https://vimeo.com/ondemand/lacommunedeparis

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