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Billet de blog 3 février 2021

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Les quatre horizons du ciel - Extraits traduits (Poésies de Gustavo Pereira)

Poèmes extraits du recueil Los cuatros horizontes del cielo de Gustavo Pereira, auteur vénézuélien.

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Los cuatro horizontes del cielo - Les quatre horizons du ciel (1973) :

III

El pan partido sobre la mesa de mi casa

Los restos de comida en el mantel las ollas y todo aquello

Y mis hermanos reunidos y la tropa entera masticando

Y el sonido de la lluvia en las tejas y después las largas noches

    con la lámpara Coleman colgando de la viga

Y las salamanquejas que aterraban a mi madre y el paso secreto en el patio

Y los pequeños lagos en el barro donde echaba mis naves

    blancas y largas de papel de cuaderno

III

Le pain rompu sur la table de ma maison

Les restes de nourriture gardés dans la nappe les casseroles et tout ça

Et mes frères réunis et la troupe entière qui mâchouille

Et le son de la pluie sur les tuiles et ensuite les longues nuits

     avec la lampe Coleman suspendue à la poutre

Et les salamandres qui terrorisaient tant ma mère et le passage secret dans le jardin

Et les petits lacs sur la boue où je mettais à l'eau mes navires

     blancs et longs du papier de mes cahiers

IV

Otra vez los pómulos del abuelo salían a buscarme

    cuando sólo me reconfortaban sus cuentos de mar

y sus manos inacabables sobre el tejido del chinchorro y aquel sombrero

    que no largaba

Y otra vez la travesía a la minúscula estrella caída

a mis pies de tarde en tarde cuando como un hachazo todo volvía

    a ser real.

IV

Une autre fois les pommettes du grand-père venaient me chercher

     quand  seuls ses contes de la mer pouvaient me réconforter

Et ses mains infatigables sur le filet de pêche ou les cordages et puis ce chapeau

     qu'il ne larguait jamais

Et de nouveau la traversée sous l'étoile déchue minuscule

à mes pieds de soir en soir quand pareil à un coup de hache tout redevenait

     réel.

IX

Tú poderoso espíritu entre mí rojo pájaro en el plexo

A quien abrí y vi su corazón

Tú entrado en años como el mar

qué haces en mi esqueleto

Qué mueves en mis glándulas que me veo tan triste

No más trenes vacíos a mi estacion cubierta por la niebla

No más barcos rotos a estos muelles doblados por las brisas

No más murallas alrededor de las formas que sangran

                                                                                         Muertos sobre estas calles

No más el sonido del viento entre la noche baldía de mi casa en escombros

    sin una voz que apague los quejidos

No más hilos de un hueso a otro no más gargantas rojas

Basta de preguntar cada mañana si antaño te amaba

Basta de caer empezando a subir

No más leprosos labios ante las guitarras

¡No más treces lentísimos lóbregos tumefactos moribundos llorándose!

IX

Toi puissant esprit logé dans l'oiseau rouge de ma poitrine

A qui j'ai ouvert le ventre et vu le cœur

Toi vieillissant avec la mer

que fais-tu de mon squelette

À quoi touches-tu dans mes glandes pour que je me sente si triste

Ça suffit des trains sans passager dans ma gare recouverte par la brume

Ça suffit des navires brisés à ces quais dépassés par la brise

Ça suffit des murailles tout autour des formes qui saignent

                                                                                               Des morts dans cette rue

Ça suffit le bruit du vent dans la nuit stérile de ma maison en ruine

    sans une voix pour éteindre les plaintes

Ça suffit des fils allant d'un os à l'autre ça suffit des gorges rouges

S'en est assez de demander chaque matin si jadis t'aimait

S'en est assez de chuter l'ascension à peine entamée

Ça suffit des lèvres de lépreux devant les guitares

Ça suffit des sombres trop lentes tuméfactions moribondes pleurantes au nombre de treize

XVI

En el cielo blanco la lámpara alumbra

sin importarle un bledo qué

A mis pieds las envolturas de los cigarros dicen Eh tú tonto

    aplastadas por la mano amarilla de nicotina

Si el alma tiene garganta

debería emplearla para gritar a estos perros

¡Perros!

XVI

Dans le ciel blanc la lampe illumine

sans se soucier le moins du monde

Qu'à mes pieds les mégots de cigarette me disent Hé toi du con

    écrabouillés par la main jaune de nicotine

Si l'âme possède une gorge

    qu'encore devrait-elle l'employer pour crier à ces chiens

Chiens!

XXII

Yo narro la historia de las pequeñas implicaciones humanas de los pasos

   apenas sentidos yo narro las cronicas terrestres de gansos perros y bueyes

y también de hombres y mujeres

y de piedras nubes pájaros peces y naves

Yo cuento apenas una parte de las insignificantes aventuras del ojo

   por países de adentro por grietas humedas atravesadas de venas inacabables

Yo narro el balanceo de las conciencias ante los billetes de banco

Yo narro el aullido de los poetas ante la miseria humana

Tengo en mi bolsillo la pluma con la que escarbaré lo hondo del papel

   hasta hacerlo reventar de cansancio

Estos torbellinos que me asaltan son también los pelos de mi cabeza

Estos panfletos son mis cantos de amor...

XXII

Moi je narre l'histoire des petites implications humaines des pas

   à peine perceptibles moi je narre les chroniques terrestres des chiens, des oies et des bœufs

et aussi des hommes et des femmes

et des pierres nuages oiseaux poissons et navires

Moi je raconte à peine une partie des aventures insignifiantes de l’œil

   en des contrées du dedans par des grottes humides traversées par des veines interminables

Moi je narre le chavirement des consciences face aux billets de banque

Moi je narre le hurlement des poètes face à la misère humaine

J'ai dans ma poche la plume avec laquelle je creuserai le fond du papier

   jusqu'à le déchirer de fatigue

Ces tourbillons qui m'assaillent sont aussi les cheveux de ma tête

Ces pamphlets sont mes lettres d'amour...

XXVIII

Mis incendios se originaron en las bodegas de mi pecho

Todo yo ardí y no hubo agua para mis llamas

Conocí la miseria interior que otros dejaron en mi puerta

Saludé las prohibiciones que me imponían y las costumbres que me instalaron

Pregunté a todos y no obtuve respuesta Me dieron un palo

    para marcar los trozos de calle

Di las amarguras de mi corazón y quedé liberado

Y después bajé por un pozo y fui sólo reflejo de agua.

XXVIII

Mes incendies ont débuté dans les caves de mon ventre

De partout je me suis mis à brûler et aucune eau n’est venue éteindre mes flammes

J'ai connu la misère intérieure que d'autres ont laissé devant ma porte

J'ai salué les interdits qu'on m'imposait et les coutumes auxquelles on m'habituait

J'ai demandé à tous et n'ai obtenu aucune réponse On me donna une planche

   pour marquer le coin des rues

J'ai offert les aigreurs de mon cœur et je me suis vu libéré

Et enfin je suis descendu dans un puits et je n'ai été qu'un reflet sur l'eau.

XXXI

He despertado en las piedras y me he visto soñando he masticado hierba

   como vaca me he vuelto sereno He besado las puntas del monte he bebido

rocío

He enloquecido entre antigüedades entre maquinaciones a mi espalda

Estoy clavado como una espada en medio de mis vísceras no tengo salidas

He contradicho mis palabras Todo yo soy una contradicción de carne

He vencidos los monstruos de mis fábulas estuve en mis castillos

Las grandes puertas bajan para recibirme con más esplendor que a un rey

Las banderas se agitan como demonios

rojas y puntiagudas

  sobre las torres resplandecientes

Me acosté en el lecho de las escogidas me oriné en sus faldas

hice pucheros en sus ojos delicados y grandes

He sido jet invisible por los espacios de mi cuerpo acostumbrado a los vuelos

Manejé injertos de serpientes y de hombres atravesé cuartos de hora

He sido árbol tajado y pájaro herido he sido máquina negra y polvo blanco

Mi mano derecha ha ajustado los movimientos de la izquierda

y me ha permitido ser lo contrario mi acento aldeano me ha deparado burlas

    inmisericordes

He salido desnudo a combatir los hielos y me he quedado petrificado

Me bañe en kerosene y me metí entre llamas

y he sido trozo de carbón al que el viento de vez en cuando inflama.

XXXI

Je me suis réveillé parmi les pierres et je me suis pris à rêver j'ai mastiqué de l'herbe

    comme une vache je me suis fait serein J'ai embrassé la pointe de la montagne j'ai bu

la rosée

Je suis devenu fou parmi ces antiquités parmi ces machinations dans mon dos

Je suis planté comme une épée dans mes viscères je n'ai aucune sortie

J'ai contredit mes paroles Je suis tout entier une contradiction de chair

J'ai vaincu les monstres de mes fables j'ai été dans mes châteaux

Les ponts-levis descendent pour m'accueillir avec une gloire supérieure à celle d'un roi

Les bannières s'agitent comme des démons

    rouges et pointues

    en haut des tours resplendissantes

Je me suis couché dans les lits des promises j'ai pissé sur leurs robes

J'ai préparé ma soupe dans leurs yeux délicats et grands ouverts

Je me suis fait jet invisible dans le vide de mon corps

J'ai conduit des essaims d'hommes et de serpents j'ai traversé des quarts d'heure

J'ai été l'arbre coupé et l'oiseau blessé la machine noire et la poussière blanche

Ma main droite lui a réglé ses mouvements à la gauche

et m'a permis d'être le contraire mon accent paysan m'a valu des moqueries

    nullement miséricordieuses

Je suis sorti tout seul combattre les glaces et je suis resté pétrifié

Je me suis douché au kérosène et je me suis mis dans les flammes

et j'ai été ces bouts de charbon que le vent parfois enflamme.

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