Cuentos y otros sueños
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¿Qué cuento ajado rueda
de siglo en siglo hasta nosotros
hasta ser el ombligo que tememos
el hoyo lamentable de lo insípido?
¿Qué cuento chino alimenta nuestras abolladuras
cuando ya la vergüenza no nos ladra
y el pobre pantalón no cabe entre sus dedos
y la otra víctima reclama en la historia el poco
de miseria que le toca?
¿Qué cuento francés es ese
de caballerías y patés con ínfulas
y panes largos como trenes
que galopan las calles de los barrios latinos
en medio de turistas con chicle y vanidades
y también por qué no sus pantorrillas?
¿Qué cuento azul palpita
en tus ojos de borracha a contraluz
y en tu cabecita estival en cuyos excesos me ahogo
hasta la última
marejada
de tu vientre níveo?
¿Qué historia española es esa árabe
que me mira desde su turbante prometedor
y me invita a su media mezquita entre el vapor
de un baño turco del Este y una alcoba vacía?
¿Qué cuento de patria es ése
Caupolicán Rondón
que no has peleado todavía doce rounds con Ruperta en esa
Plaza López
porque la última vaselina estalló en el cielo
desesperado del mundo que no valía la pena?
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¿Eres tú Scherezade
que vuelves con tu gran estandarte
y tus jabalíes convertidos en profetas ardientes?
¿Eres tú quien renaces en el látigo del pájaro extraviado
y sales de tu blanca prisión
para endulzarnos el sueño?
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Contes et autres songes
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Quel conte fané roule
de siècle en siècle jusqu’à nous
jusqu’à être l’ombilic que nous craignons
le trou lamentable de l’insipide?
Quel conte chinois alimente nos bosses
quand déjà la honte ne nous aboie plus dessus
et le pauvre pantalon ne tient plus entre ses doigts
et l’autre victime réclame dans l’histoire le peu
de misère qui lui revient?
Quel conte français est celui-là
de cavaleries et pâtés avec prétention
et des pains longs comme des trains
qui galopent les rues des quartiers latins
au milieu des touristes et leur chewing-gum et leurs vanités
et aussi pourquoi pas leurs mollets?
Quel conte bleu palpite
dans tes yeux d’ivrogne à contrejour
et dans ta petite tête estivale et ses excès où je me noie
jusqu’à l’ultime
raz-de-marée
de ton ventre neigeux?
Quelle histoire espagnole est cette arabe
qui me regarde depuis son turban encourageant
et m’invite à sa moitié de mosquée entre la vapeur
d’un bain turc de l’Est et une alcôve vide?
Quel conte de la patrie est ce
Caupolicán Rondón
car tu n’as pas encore combattu les douze rounds avec Ruperta sur cette
Place Lopez
parce que la dernière vaseline a explosé dans le ciel
désespéré du monde qui n’en valait pas la peine?
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Est-ce toi Shérazade
qui revient avec ton grand étendard
et tes sangliers changés en prophètes ardents?
Est-ce toi qui renais dans l’envol blessé de l’oiseau égaré
et qui sors de sa blanche prison
pour nous rendre plus doux le songe?
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