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Billet de blog 6 juillet 2023

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Ah Viracocha...! (traduction d'un hymne religieux Incaïque)

¡Ah Wiracocha, de todo lo existente el poder! est un hymne religieux recueilli par le chroniqueur indien Santa Cruz Pachacuti et traduit et adapté par J. M. Arguedas pour les ed. Peisa. Ma traduction prend pour base celle de Arguedas. Elle accompagne le texte traduit ici Sobre la poesía quechua et peut être utile aux lectrices et lecteurs comme immersion dans la poésie précolombienne...

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       ¡Ah Wiracocha, de todo lo existente el poder!*

.
.

I

.

“Que éste sea hombre,

que ésta sea mujer” (dijiste)

Sagrado… señor,

de toda luz naciente

el hacedor

¿Quién eres?

¿Dónde estás?

¿No podría verte?

¿En el mundo de arriba

o en el mundo de abajo

o a un lado del mundo

o a un lado del mundo

está tu poderoso trono?

“¡Jay!”, dime solamente

desde el océano celeste

o de los mares terrenos en que habitas.

Pachacamac

creador del hombre.

Señor, tus siervos,

a tí,

con sus ojos manchados

desean verte.

Cuando pueda ver,

cuando pueda saber,

cuando sepa señalar

cuando sepa reflexionar,

me verás

me entenderás.

El sol, la luna,

el día, la noche,

el verano, el invierno

no están libres,

ordenados andan:

están señalados

y llegan

a lo ya medido.

¿Adónde, a quién

el brillante cetro

enviaste?

“¡Jay!”, dime solamente,

escúchame

cuando aún

no esté cansado,

muerto.

.

II

.

Con regocijada boca,

con regocijada lengua,

de día

y esta noche

llamarás.

Ayunando

cantarás con voz de calandria,

y quizá

en nuestra alegría,

en nuestra dicha,

desde cualquier lugar del mundo,

el creador del hombre,

el Señor Todopoderoso,

te eschuchará.

“¡Jay!”, te dirá,

y tú

donde quiera que estés

y así para la eternidad,

sin otro señor que él

vivirás, serás.

.

III

.

Del mundo de arriba,

del mundo de abajo,

del océano extendido,

el hacedor.

Del vencedor de todas las cosas,

del que mira espléndidamente,

del que hierve intensamente,

que sea este hombre,

que sea esta mujer,

diciendo, ordenando,

a la mujer verdadera,

te formé.

¿Quién eres?

¿Dónde estás?

¿Qué arguyes?

¡Habla ya!

.

IV

.

Ven aún,

verdadero de arriba,

verdadero de abajo,

Señor,

del universo

el modelador.

Poder de todo lo existente,

único creador del hombre;

diez veces he de adorarte

con ojos manchados.

¡Qué resplendor!, diciendo

me prosternaré ante ti;

mírame, Señor, adviérteme.

Y vosotros, ríos y cataratas,

y vosotros pájaros,

dadme vuestras fuerzas,

todo lo que podáis darme;

ayudádme a gritar

con vuestras gargantas,

aun con vuestros deseos,

y recordándolo todo

regocijémonos,

tengamos alegría;

y así, de ese modo, henchidos,

yéndonos, nos iremos.

.
.

       Ah Viracocha, de tout l’existant le pouvoir!*

.
.

“Que celui-ci soit homme,

que celle-ci soit femme” (tu as dit)

Seigneur… sacré,

de toute lumière naissante

le faiseur.

Qui es-tu?

Où es-tu?

Ne pourrais-je te voir?

Dans le monde d’en haut

dans le monde d’en bas

ou à côté du mond

se trouve ton puissant trône?

“Jay!”, dis-moi seulement

depuis l’océan céleste

ou des mers terrestres en quoi tu habites.

Pachacamac

créateur de l’humain.

Seigneur, tes serviteurs,

toi,

avec leurs yeux souillés

veulent te voir.

Quand je pourrai voir,

quand je pourrai savoir,

quand je saurai montrer,

quand je saurai penser,

tu me verras,

tu m’entendras.

Le soleil, la lune,

le jour, la nuit,

l’été, l’hiver,

ne sont pas libres,

ordonnés vont:

sont énoncés

et arrivent

au moment choisi.

Où, à qui

le sceptre brillant

as-tu envoyé?

“Jay!”, dis-moi seulement

écoute-moi

lorsqu’encore

je ne suis pas fatigué,

mort.

II

Avec joyeuse bouche,

avec joyeuse langue,

de jour

et cette nuit

tu appelleras.

Jeûnant

tu chanteras avec une voix de calandre,

et peut-être

dans notre allégresse,

dans notre joie,

depuis n’importe quel endroit du monde,

le créateur de l’humain,

le Seigneur Tout-puissant

t’écouteras.

“Jay!”, il te dira,

et toi

où que tu sois,

et ainsi pour l’éternité,

sans autre seigneur que lui

tu vivras, tu seras.

.

III

.

Du monde d’en haut,

du monde d’en bas,

de l’océan étendu,

le faiseur.

Du vainqueur de toutes les choses,

de celui qui regarde magnifiquement,

de celui qui bout intensément,

que celui-ci soit homme,

que celle-ci soit femme,

disant, ordonnant,

à la femme véritable,

je t’ai créée.

Qui es-tu?

Où es-tu?

Qu’argues-tu?

Parle maintenant!

.

IV

.

Viens toujours,

véritable d’en haut,

véritable d’en bas,

Seigneur,

de l’univers

le fondateur.

Pouvoir de tout l’existant,

unique créateur de l’homme;

dix fois je dois t’adorer

avec mes yeux souillés.

Quelle splendeur!, disant

je me suis prosterné devant toi;

regarde-moi, Seigneur, préviens-moi.

Et vous, fleuves et cascades,

et vous oiseaux,

donnez-moi vos forces,

tout ce que vous pouvez me donner;

aidez-moi à crier

avec vos gorges

aussi avec vos désir,

et se souvenant de tout

exaltons-nous

soyons joyeux;

et ainsi, de cette façon, gorgés,

allant, nous irons.

.

.

.

.

.

.

* Wiracocha, aujourd’hui plutôt orthographié Viracocha, est un dieu ouranien et créateur énigmatique du panthéon incaïque mais aussi des peuples huari et du tiwanaku, intégré tardivement au panthéon des Incas, il fut supplanté par la suite par Inti comme dieu majeur, il est souvent représenté comme un vieillard à barbe en robe et portant un sac. Il commande aux eaux, aux orages et à la foudre.

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Le fichier pdf:

¡Ah Wiracocha...! (traduction) © Cristobal Flores Cienfuegos (pdf, 44.3 kB)

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