¡Ah Wiracocha, de todo lo existente el poder!*
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I
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“Que éste sea hombre,
que ésta sea mujer” (dijiste)
Sagrado… señor,
de toda luz naciente
el hacedor
¿Quién eres?
¿Dónde estás?
¿No podría verte?
¿En el mundo de arriba
o en el mundo de abajo
o a un lado del mundo
o a un lado del mundo
está tu poderoso trono?
“¡Jay!”, dime solamente
desde el océano celeste
o de los mares terrenos en que habitas.
Pachacamac
creador del hombre.
Señor, tus siervos,
a tí,
con sus ojos manchados
desean verte.
Cuando pueda ver,
cuando pueda saber,
cuando sepa señalar
cuando sepa reflexionar,
me verás
me entenderás.
El sol, la luna,
el día, la noche,
el verano, el invierno
no están libres,
ordenados andan:
están señalados
y llegan
a lo ya medido.
¿Adónde, a quién
el brillante cetro
enviaste?
“¡Jay!”, dime solamente,
escúchame
cuando aún
no esté cansado,
muerto.
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II
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Con regocijada boca,
con regocijada lengua,
de día
y esta noche
llamarás.
Ayunando
cantarás con voz de calandria,
y quizá
en nuestra alegría,
en nuestra dicha,
desde cualquier lugar del mundo,
el creador del hombre,
el Señor Todopoderoso,
te eschuchará.
“¡Jay!”, te dirá,
y tú
donde quiera que estés
y así para la eternidad,
sin otro señor que él
vivirás, serás.
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III
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Del mundo de arriba,
del mundo de abajo,
del océano extendido,
el hacedor.
Del vencedor de todas las cosas,
del que mira espléndidamente,
del que hierve intensamente,
que sea este hombre,
que sea esta mujer,
diciendo, ordenando,
a la mujer verdadera,
te formé.
¿Quién eres?
¿Dónde estás?
¿Qué arguyes?
¡Habla ya!
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IV
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Ven aún,
verdadero de arriba,
verdadero de abajo,
Señor,
del universo
el modelador.
Poder de todo lo existente,
único creador del hombre;
diez veces he de adorarte
con ojos manchados.
¡Qué resplendor!, diciendo
me prosternaré ante ti;
mírame, Señor, adviérteme.
Y vosotros, ríos y cataratas,
y vosotros pájaros,
dadme vuestras fuerzas,
todo lo que podáis darme;
ayudádme a gritar
con vuestras gargantas,
aun con vuestros deseos,
y recordándolo todo
regocijémonos,
tengamos alegría;
y así, de ese modo, henchidos,
yéndonos, nos iremos.
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Ah Viracocha, de tout l’existant le pouvoir!*
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“Que celui-ci soit homme,
que celle-ci soit femme” (tu as dit)
Seigneur… sacré,
de toute lumière naissante
le faiseur.
Qui es-tu?
Où es-tu?
Ne pourrais-je te voir?
Dans le monde d’en haut
dans le monde d’en bas
ou à côté du mond
se trouve ton puissant trône?
“Jay!”, dis-moi seulement
depuis l’océan céleste
ou des mers terrestres en quoi tu habites.
Pachacamac
créateur de l’humain.
Seigneur, tes serviteurs,
toi,
avec leurs yeux souillés
veulent te voir.
Quand je pourrai voir,
quand je pourrai savoir,
quand je saurai montrer,
quand je saurai penser,
tu me verras,
tu m’entendras.
Le soleil, la lune,
le jour, la nuit,
l’été, l’hiver,
ne sont pas libres,
ordonnés vont:
sont énoncés
et arrivent
au moment choisi.
Où, à qui
le sceptre brillant
as-tu envoyé?
“Jay!”, dis-moi seulement
écoute-moi
lorsqu’encore
je ne suis pas fatigué,
mort.
II
Avec joyeuse bouche,
avec joyeuse langue,
de jour
et cette nuit
tu appelleras.
Jeûnant
tu chanteras avec une voix de calandre,
et peut-être
dans notre allégresse,
dans notre joie,
depuis n’importe quel endroit du monde,
le créateur de l’humain,
le Seigneur Tout-puissant
t’écouteras.
“Jay!”, il te dira,
et toi
où que tu sois,
et ainsi pour l’éternité,
sans autre seigneur que lui
tu vivras, tu seras.
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III
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Du monde d’en haut,
du monde d’en bas,
de l’océan étendu,
le faiseur.
Du vainqueur de toutes les choses,
de celui qui regarde magnifiquement,
de celui qui bout intensément,
que celui-ci soit homme,
que celle-ci soit femme,
disant, ordonnant,
à la femme véritable,
je t’ai créée.
Qui es-tu?
Où es-tu?
Qu’argues-tu?
Parle maintenant!
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IV
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Viens toujours,
véritable d’en haut,
véritable d’en bas,
Seigneur,
de l’univers
le fondateur.
Pouvoir de tout l’existant,
unique créateur de l’homme;
dix fois je dois t’adorer
avec mes yeux souillés.
Quelle splendeur!, disant
je me suis prosterné devant toi;
regarde-moi, Seigneur, préviens-moi.
Et vous, fleuves et cascades,
et vous oiseaux,
donnez-moi vos forces,
tout ce que vous pouvez me donner;
aidez-moi à crier
avec vos gorges
aussi avec vos désir,
et se souvenant de tout
exaltons-nous
soyons joyeux;
et ainsi, de cette façon, gorgés,
allant, nous irons.
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* Wiracocha, aujourd’hui plutôt orthographié Viracocha, est un dieu ouranien et créateur énigmatique du panthéon incaïque mais aussi des peuples huari et du tiwanaku, intégré tardivement au panthéon des Incas, il fut supplanté par la suite par Inti comme dieu majeur, il est souvent représenté comme un vieillard à barbe en robe et portant un sac. Il commande aux eaux, aux orages et à la foudre.
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Le fichier pdf:
¡Ah Wiracocha...! (traduction)