Foudre
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Pas d’nuit à l’hôpital mais dans un labyrinthe
Crypte - VII
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1.
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C’est la pluie qui s’échoue où un millier de gares
enfante une rivière en ce miroir éclos
le soupirail des nuits d’un crachat nous égare
à l’heure du retour sonnant comme un enclos,
nos pieds et poings liés à la glaise et aux pierres
parcourent l’étendue d’un béton déjà rance,
la ville s’insinue de sa fin dans l’arrière-
boutique des égards maquillant nos errances,
C’est le sourire en plaie de notre aurore éteinte,
le pas léger d’un fluide ombragé ancillaire,
ces tristes raturés bricolant des étreintes
dans un bouquet de clous riche d’aucun salaire,
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Et puis…
(et puis…)
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C’est le mensonge d’un pendu,
un loup déguisé en clébard,
l’âme grisée d’indéfendus
au seuil du nuage d’un bar,
C’est la chute dans la nuit-fange
et le nigredo qui affleure
au détour d’un mélange étrange,
un All Apologies sans fleur,
le feu-ombre d’une bougie
calme qui sait quand tu l’effleures,
l’erreur finissant sans logis,
C’est la dernière fois toujours,
les pions ne voient jamais leurs dés
ni les orages les beaux jours,
un simple coup ne peut aider
qu’à abolir un vieux diable,
j’ai marié les enfers à l’eau
trop chaude pour être agréable,
pour vous j’agite mes grelots,
d’inconsumérables sigils,
des chantiers intérieurs sans clé
et des charades dans l’argile,
goût d’évangile recyclé,
C’est l’oiseau de malheur muet
qui dicte pourtant la main gauche,
ce beau démon en moi muait
quand nos yeux viraient à l'ébauche,
quelques débauches sans le sou,
le valium des nuits Pizarnik,
ces fantômes qui dansent saouls
Tyrone, Layne et puis la nique
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2.
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Il paraîtrait qu’un fou existe encor dans l’oeil
de l’allumette ici, dans cette humble caverne
menant une bataille à des ombres de feuilles,
d’étranges mouvements devant ces balivernes,
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J’enterre à même l’étoile,
mon morceau de ce pain
les rimes d’un sapin
qu’un cercueil ou simple toile,
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Des lettres dans la prison des rois,
ma pièce rattrapée
et le Bolivar qu’on a bradé,
Ta main sur la paroi.
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3.
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J’irai chez celui né des larmes,
où mes trois mille soeurs en choeur
riront de mes trop pauvres armes,
J’irai où je verrai ma rancoeur,
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Le passé est âgé
il est celui qui dit la fin
l’ange de la nuit, fée
d’un futur incertain où faim
et pénitence se rencontreront.
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Il y aura elle.
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Et les nuits se tairont.
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Vous savez de mes bagatelles,
le chien et son collier
la toile et l’araignée
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4.
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J’emprunte seul le chemin d’or de quelques bêtes.
L’ensauvagement s’impose,
l’ensauvagement est la règle.
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L’ami disait
On arrache pas sa tache au jaguar ainsi,
ce Grand Animal qu’ils disaient les Guayaki.
Je sais le double-canon et ta forge en moi,
ton regard qui brûlait leur foi, leur loi, leur roi.
Je sais ta cage et ton regard qui te consume,
l’absence d’un dieu et l’épée que tu assumes.
Je sais tout ça. Si tu dois frapper le premier…
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Que de mots sur le papier.
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5.
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Une arnaque on m’a dit,
continuons nus,
Tu sais des maudits
comme eux de l'ingénu.
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On refera pas,
les paranoïas
du roi mat Rousseau,
d’Hölderlin en haut
de ce doux logis,
nommé bourgeoisement
du beau nom de folie,
Je vous dis que je mens.
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Tu leur diras que je rentrerai tard,
l’odeur ne m’inspire que mépris du hasard.
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L’éclair, sa photo, braquer l’horizon
avec un couteau, style polisson,
vos scolarités comme une effraction,
Nous dégueulerions, vos écrits rités
d’université, si nous n’étions pas
à deux pas du trépas.
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On dira les manières,
ma main en rigole parfois.
Qu’une vil fourmilière
n’offrant que des lambeaux de foi.
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Il faudrait défendre ces ruines…
Ces ruines qui parlent la bruine.
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6.
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Divin inengendré,
n’offrant que des nausées.
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Je parle pour dans quelques fins,
les années qui virent au feu,
les barricades des défunts
et le chagrin du boutefeu.
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Je parle à mes sœurs.
Je parle à mes frères.
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Pour vous je fais des braises la douceur,
ne sais qu’en rêve cet itinéraire.
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J’attends des chiens guerriers,
je n’ai que ce terrier
le rire de Kafka
mon sang comme un fracas.
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Tous ces peuples en nous discutent
des sept nations et du sable des morts,
de fantômeries qui percutent,
les vieilleries d’une simple Gomorrhe.
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Je suis las.
Des signes, des mots, des images.
Qu’un présage,
d’autres diront l’apostolat.
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7.
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Quel est cet enfant vu,
en remontant le fleuve?
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Je t’ai parlée de pirogues inaperçues
du soleil vert auquel, dérouté, je m’abreuve.
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Moi j’ai, la Bible au chevet.
L’ennemi dans mon lit,
cauchemar inachevé
de nos songes avilis.
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J’ai, tes clartés en armure,
Ton courage et la chanson.
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Les peines d’Arauco se murmurent
de tristesse en tristesse à l’unisson.
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8.
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Entrez donc en Caïnie,
Tonnerre est un bon apôtre.
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Je vous ferai des pharmacies,
de l’enfer, la cause nôtre,
tu sais du déicide,
de ces humanités,
je sais des parricides
comme des mendiants célestés.
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Il va falloir finir le travail.
Je veux dire.
Pendre maîtres et dieux aux tripes du bétail.
La maudire.
Elle, la bourgeoisie.
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9.
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J’enfile pas des ailes,
par plaisir.
Ou fuir leurs sentinelles.
Rien à dire.
Monsieur l’agent.
J’ai pas d’argent.
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Qui aura le pouvoir?
Qui fera illusion?
Quand viendra l’effusion?
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Je n’en sais rien, je suis là pour voir
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Que feront-ils des cages
laissées là en naufrage?
Nous mettront-t-ils dedans?
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J’ai mis ma main sans dent,
au feu pour brûler l’or
ou sa chaîne trop vieille.
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Je hais le matador,
pourtant je le surveille.
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10.
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Qu’on ne vienne pas nous parler de coq
rouge ou noir, Parti du Venezuela, la coque
a ses trous, et l’auteur bois comme un trou.
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Vous avez ce besoin de lecture?
Permettez-moi cette moquerie.
Je lis peu. Préfère la fracture
à mes ratures, sans duperie.
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On parle du reste?
La cyamémazine pour dormir
et le reste n’est pas en reste.
S’il faut dire.
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Si l’Homme n’est que chimie,
j’ignore la chimie.
L’humain m’est étranger.
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L’affaire n’est-elle pas réglée?
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11.
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Deux tickets s’il vous plaît!
Elle n’a été dehors que neuf mois.
Ô Très Haute Ténèbre appelée,
veille sur la pétroleuse en moi.
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Que dirait le Saint Père?
L’oncle Satan?
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Que sont ces prières
si c’est la Terre qui attend?
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Ô mère…
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Vois comment ils tuent l’innocence,
du Jourdain à la mer.
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La porte d’or, son obsolescence.
Que d’antiquités vaines!
Tes textes, leur essence,
ont le poison en moi, ces veines…
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Les coquelicots ont germé
au milieu des nations armées
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12.
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Hôtel pris pour la perpétuité.
Les touristes, ma Barcelone morte,
bientôt cent ans que mon pays s’est fait buté.
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Les révolutions ça s’avorte.
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L’architecture globale de la guerre et du contrôle….
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La plume n’est pas tombée très loin
du cadavre d’un ange.
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Tu as dans tes mésanges,
les cheveux du milouin.
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J’ai la pierre et l’oubli,
du père l’établi.
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Nous continuons à être dangereux.
Nous qui muons.
Nous qui savons de ces feux malheureux.
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Et les vents de ces peuples,
Ne bruniront pas.
J’ai l’immeuble et le pas.
Plomb qui repeuple.
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L’athanor et le cran d’arrêt.
Vous saurez des nuits des voleurs,
il paraît.
Nous anticiper.
On verra nos cartes et on verra les leurs.
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13.
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On m’dit souvent,
tellement tu vis dans le turfu
que tu préshotes celui qui ment.
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Amour, toi qui fut,
le sel de mes cantiques.
Aujourd’hui je te renie.
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Trente-et-une manière ou le pari quantique.
Mourir n’est pas encor ce qui, fou, me manie.
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J’ai des possessions
de possessions en poche.
Des professions.
Qu’ils disent les fantoches.
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J’ai la panoplie et le grand laboratoire.
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Viens me voir au prétoire,
t’y veras aucun chef.
Et je sais Joseph, Joseph.
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14.
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On m’dit souvent,
tu es si idiot que tu ne laisses jamais,
personne venir en ton prétentieux couvent.
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C’est vrai.
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J’ai du ninjutsu,
le verbe accroché à ma pénombre.
Je lis pas Sun Tzu,
J’observe les facéties de mon ombre.
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Il fait chaud ces temps-ci non?
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15.
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On m’dit souvent,
c’est Goethe ou Méphistophélès?
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Libre dans l’air comme ton vent,
on me tient néanmoins en laisse.
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J’ai vu vos représentations factices seules
et désarmées devant un simple éclat.
L’Error 404 devant mon linceul.
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Il est proche le glas.
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Mes phases en flyers tractées
par des molosses mal lunés.
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On sait, la nuit qui arrive et
nos yeux, sur l’autre terre sont rivés.
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16.
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Pour celles et ceux qui naissent pauvres,
aller de rien en rien
c’est le quotidien qui se vautre,
c’est le sourire vaurien.
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Et l’amertume en fer
de la foudre,
se méfie de la poudre,
d’une odeur qui veut en découdre.
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Mon briquet me dit que je suis un grand désert.
Mon ombre se moque un peu quand cela dessert
et la cause et ma ronde et le Grand Carnaval.
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17.
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Toi la flamme que tu allumes
au creux d’un lit pauvre ou rupin,
Pour tes péchés que tu n'assumes
que sur la toile avec satin
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Frérot tu m’as pris pour qui?
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Ici on cuisin’ la quali.
Pour la rhétorique
il faudra r’passer.
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Tu sais l’cynique,
à l’ancienne, qui sait où pisser.
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18.
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Offrir son âme, c’est la belle affaire!
à qui et pour quoi faire?
à l’orée de mes trois furies
je sais d’un drame farfelu,
de celui qui rit sans bien lire,
et des pharisiens qui ont toujours mots pour nous dire.
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J’ai, le passe-droit des grands cerbères
et je suis un partageur,
entrez donc, en nos tanières,
Ne vous laissent-t-ell’ pas songeurs?
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C’est au tour des limbes,
de Simon le magicien,
d’une Mary Read,
la fin de la rime
le squelette et la carlingue
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19.
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La mère de toutes les sciences c’était elle.
Qui me précédait.
Je l’ai apprise sans mensonge.
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J’ai choisi de m’agenouiller.
Ô Pandore ou Lilith,
Chiara ou Marguerite,
Je n’ai que pierres pour les fleurs.
Et les dieux et les rois.
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Il me faut un visage féminin pour renaître.
Le seul serpent dans l’histoire.
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J’en reviens à mes calculs,
Aux “Quand est-ce que t’articules?”
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Je ne regarde plus le soleil dans les yeux,
sans l’insulter et me répandre en poudre aux yeux.
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Je sais que je ne sais pas,
ce que vous voulez savoir.
Mais je sais d’autres pouvoirs,
de sorcelleries au cas
par cas, d’arcanes qui n’existent pas.
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20.
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Les animaux se passent un rire.
L’écoute, nous l’avons apprise.
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Des nerfs l’emprise, nous l’avons juste prise
pour en faire des barbelés dans leur empire,
un enfouissement terminal feint.
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Ce bel ange né de la nuit qui dit la fin
n’est jamais vraiment ni mort ni vivant.
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Il sait faire semblant. Jouer du châtiment.
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Et toi tu m’as dit ne dis rien.
Et tu avais raison.
Le chien a ses raisons
que le collier ignore.
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De rien.
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21.
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Ô monde faux des puissants.
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Je vais dire,
l’ouragan ce sont les masses.
Moi j’avance à la ramasse,
qu’une mouche m’a piqué,
j’ai le film d’Avempace.
La cité pue l’Homme.
La cité pue la merde.
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La stratégie pour l’isolé. Je l’ai.
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22.
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Qu’une pénitence de quinze ans.
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Pour forger cette Arcane nouvelle
j’enterre l’Amour de faux-semblants.
Mer de vos trop vieilles caravelles.
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Tu disais,
j’aurais juste aimé te parler.
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Et la peur,
belle et triste, ma sœur.
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Ces mots te léguant:
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Les meilleurs boxeurs meurent,
sans avoir jamais mis les gants.
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Un coup d'œil dans la panse.
L’enfer suivra en existence,
cette humanité. Je le sais.
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J’ai trépassé en avance,
changé mes yeux passés.
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Vanitas. vanitas.
Mais.
T’as le full et les as.
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Mon édifice entre tes mains.
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Qu’il reviendra bien assez tôt,
ce demain.
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Déteste-moi plutôt.
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23.
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Je dis Chiara ou Marguerite
comme on dit un Héphaïstos,
un Luzbel. Les mots sont des rites.
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Ici, c’est un cas soc’
qui poétise.
Les frasques,
la tise,
les flasques,
les milligrammes…
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D’Ulysse la rame.
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24.
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L’histoire est le domaine du risque et de la tragédie.
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Disait l’ange de l’Apocalypse à cet enfant assis
là où les plaines de Pluton
offrent un peu de paix.
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J’ai le magma facile
l’appétence à tes cils.
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Qu’on me foute la paix.
J’en ferai la tombée
des anges du commun.
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Prends ma main.
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Camarade il reste à faire.
Et défaire, et défaire toujours.
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On commence avec quelques pierres,
et on finit par la charpente.
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Pas l’inverse.
Mon ami qui sait des nuits et des jours.
Surtout des nuits d’averses.
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25.
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L’exosquelette sur la table,
oreillettes dans le cartable,
entre DGSE, Mossad,
ça fait longtemps que l’on me prête un air maussade.
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Désormais j’vise la forteresse,
trois bastos comme un certain vengeur.
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Je vous laisse à vos paresses.
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Je connais le jeu,
Moloch ou le mangeur,
l’État et ce je.
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26.
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Le roi des poètes écrivit un jour:
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L’imagination humaine peut concevoir, sans trop de peine, des républiques ou autres états communautaires, digne de quelque gloire, s’ils sont dirigés par des hommes sacrés, par certains aristocrates.
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Je n’ai jamais croisé
de ces gens-là.
Ni sacrés ni aristocrates.
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Nous qui appartenons seuls à la nuit obscure
le savons.
La brûlée nous l’a dit.
L’âme libre par ses quatre quartiers,
ne craint plus aucun châtiment.
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Plus simplement.
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Ne faisons plus aucun quartier.
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27.
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Jim,
on peut parler du roi-lézard.
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Mais pas aujourd’hui.
Laisse le Whisky bar
où il est, tu m’suis?
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Je sais qu’elle était bonne
l’ami.
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Connard.
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On est loin du phare.
Tes ailes à terre
ont la fame des cimetières.
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T’as posé les yeux sur Belzébuth, c’est trop tard.
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Fantômes, taisez-vous.
Folie, tu m’avoues.
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28.
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Les simples n’ont pas l’prix
des je t’aime en retard.
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L'orée de la forêt, le fard
des pénitenciers appris,
c’est un bon endroit pour mourir.
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Ces pages, le lieu majestueux pour y pourrir.
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29.
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J’sers à rien.
Pire.
Pour qui sait lire et réfléchir,
je suis littéralement inutile.
Pardon.
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30.
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Il y a des dieux aussi
dans les mauvais temps
les mauvais tirages
les mauvaises mains
les mauvaises guerres
bien sûr
ils ont brûlé
tous nos vaisseaux
offert l’avenir à cet ange
contrefait
que reste-t-il d’un destin
tenant
des dernières pulsations du plastique
dans nos poches
de l’efficace parfum des feuilles mortes
dans la forêt de signaux qui nous anéantit
quand l’Éternité d’un joueur de cordes
vient visiter Newton
dans la tête de Stig Dagerman
où l’amirauté n’est plus
qu’un chapeau vide
qu’une perruque sous la photocopieuse
il nous reste sûrement
ce presque rien
ce rêve d’une canaille
sous le fer des hivers
de voir périr des géants
par la main des mille mains
et l’océan ne porter
que des songes vivants
à hauteur peut-être
d’une épaule
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31.
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Sur ce chemin j’étais l’absence,
pourtant j’roule avec toi
dans la poussière ma présence
se rêve encor en cette humble foi.
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Mets le feu au monde.
Si tu veux.
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Le fichier pdf:
Foudre - poème complet