Al rojo vivo
Porque jamás fuimos alegres
ningún amor
pudo hacernos bondadosos
pero dónde está la causa
Sean los vientos alisios del sureste
que barren la extendida piel de tierra firme
me niego a creerlo
Sean bastardos los tres árboles de la sangre
escupo y niego semejante acusación
Es el hambre sistemática la ultrajante pobreza
la camada de perros que nos patean el corazón
empujándonos hacia la miseria más espantosa
Si ayer éramos pequeños y confundidos
si fuimos violentados
si cuatro años de fuego bastan para hacernos hombres
entonces somos justos
y es una locura decir adiós a las armas
cuando podemos levantarnos más alto
que la corona de los déspotas
por voluntad de esas mismas armas
En septiembre de 1964
Venezuela crepita al rojo vivo
y el poeta saluda a sus camaradas combatientes
Au rouge vif
Parce que jamais nous n'avons été heureux
aucun amour
n'a pu nous emplir de bonté
mais où est la cause
Que les vents alizés du sud-est soient ceux
que balaient la grande peau de terre ferme
je refuse d'y croire
Que les trois arbres du sang soient des bâtards
je vomis et rejette une telle accusation
C'est la faim systématique l’outrageante pauvreté
la portée de chiens qui nous piétine le cœur
et nous pousse vers la misère la plus dégoûtante
Si hier nous étions petits et confus
qu'on s'est fait violenter
et si quatre ans passés dans le feu nous suffisent pour devenir des hommes
alors nous sommes justes
c'est folie d'abandonner les armes
nous pouvons nous soulever bien plus haut
que les couronnes des despotes
par la volonté de ces armes
En septembre de 1964
Le Venezuela crépite d'un rouge vif
et le poète salue ses camarades combattants
 
                 
             
            