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Billet de blog 8 septembre 2023

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Fable de l'amour (traduction d'un poème de Javier Villafañe)

Fábula del amor est un poème de Javier Villafañe (1909 - 1996), poète, conteur et marionnettiste argentin. Il est extrait de son recueil El gran paraguas [Le grand parapluie] publié en 1965.

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       Fábula del amor

.
.

- Qué ojos tan grandes tenés.

- Para mirarte mejor.

- Qué orejas tan grandes tenés.

- Para oírte mejor.

- Qué nariz tan grande tenés.

- Para olerte mejor.

- Qué brazos tan grandes tenés.

- Para abrazarte mejor.

- Qué boca tan grande tenés.

- Para comerte mejor.

Y lo comió.

Lo comía lamiéndolo, oliéndolo, masticándolo,

lavando ropa.

Lo comía tendiendo sus camisas al sol, sus

calzoncillos.

Lo comía en la cocina cortando la cebolla, el perejil,

moliendo ajo.

Lo comía con la aguja y el dedal y el hilo.

Lo comía con el balde y la escoba.

Lo comía refugiándose en brazos de su pecho.

Lo comía dormido.

Cuando decía macho lo comía.

Cuando decía hombre lo comía.

Cuando creció su vientre lo comía.

Cuando el hijo buscaba sus pezones lo comía.

en pañales

bañandolo

gateando

menstruada lo comía

Lo comía ciego

paralítico

sin pies sentado

muerto

lo comía

hasta el última diente

desfilando sus nietos

masticaba.

.
.

       Fable de l’amour

.
.

- Quels grands yeux tu as.

- Pour mieux te regarder.

- Quelles grandes oreilles tu as.

- Pour mieux t’entendre.

- Quel grand nez tu as.

- Pour mieux te sentir.

- Quels grands bras tu as.

- Pour mieux t’embrasser.

- Quelle grande bouche tu as.

- Pour mieux te manger.

Et elle l’a mangé.

Elle le mangeait en le léchant, en le sentant, en le mâchant,

en nettoyant le linge.

Elle le mangeait en tendant ses chemises au soleil, ses

caleçons.

Elle le mangeait dans la cuisine coupant l’oignon, le persil,

broyant l’ail.

Elle le mangeait avec l’aiguille et le dé à coudre et le fil.

Elle le mangeait avec le seau et le balai.

Elle le mangeait en se réfugiant dans les bras de sa poitrine.

Elle le mangeait endormi.

Quand il disait mâle elle le mangeait.

Quand il disait homme elle le mangeait.

Quand son ventre a grandi elle le mangeait.

Quand le fils cherchait ses mamelons elle le mangeait.

en couche

en le baignant

rampant

lors de ses règles elle le mangeait

Elle le mangeait aveugle

paralytique

sans pieds assis

mort

elle le mangeait

jusqu’à la dernière dent

défilant ses petits-enfants

elle mâchait.

.

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* * *

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Le fichier pdf:

Fábula del amor (traduction) © Javier Villafañe (trad. C.F.C) (pdf, 47.7 kB)

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