Cuento I
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Ella tenía cara de pájaro.
Él tenía cara de pájaro.
Ella estaba sentada en un banco de una plaza. Tejía un pulóver.
Él se sentó a su lado a leer un diario.
Era otoño. Caían las hojas de los árboles. El viento… Un niño que hacía los deberes preguntó a la madre:
- Mamá, viento, ¿con qué se escribe, con V de vaca o con B de burro?
- Con V de vaca - respondió la madre.
El niño escribió en el cuaderno viento con V de vaca.
Ella y Él
los dos con cara de pájaro
se miraron.
En la esquina un vigilante con guantes blancos dirigía el tráfico.
El vigilante era un hombre alto y serio, de grandes espaldas y bigotes.
Todos los años, en otoño, pintaba su casa. Cuando estaba arriba de la escalera parecía más bajo. Era otro hombre.
Silbaba y cantaba.
El cerró el diario y le dijo a Ella:
- Quiero leerle a las rayas de las plumas - y preguntó:
- ¿Cree en el amor a primera vista?
Ella le dio un ala y respondió:
- Sí, creo. Pero no leo los diarios porque todos los días traen las mismas noticias, siempre los mismos crímenes, siempre se alquilan o se venden casas. Soy profesora de Corte y Confección y tejo.
- Soy panadero - dijo Él.
Y se besaron pico con pico
y volaron.
Estaban en el aire besándose y el diario dando vueltas las hojas en el suelo junto con unas agujas de tejer y un ovillo.
¡Pin! ¡Pun! ¡Pan!
Eran los asaltantes de un Banco que huían.
Un tiro le pegó en la frente al vigilante de guantes blancos que dirigía el tráfico. Al morir se acordó de que no había terminado de pintar el techo de su casa.
Ella y Él volaban.
Los asaltantes iban en un automóvil.
Ella y Él se posaron en la copa de un árbol. Hicieron un nido.
Él la abrazaba con las alas.
Ella empolló seis huevos
Ella y Él
fueron más felices que las perdices y las codornices y los tapices y los alcoholices y los matices y los utilices y los teorices y los vaporices volatices.
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Conte I
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Elle, elle avait une tête d’oiseau.
Lui, il avait une tête d’oiseau.
Elle, elle était assise sur un banc d’une place. Elle tricotait un pullover.
Lui s’est assis à ses côtés pour lire un journal.
C’était l’automne. Tombaient les feuilles des arbres. Le vent… Un enfant qui faisait les devoirs lui demanda à la mère:
- Maman, vent, comment ça s’écrit, avec un V de vache ou avec un B de bourrique?
- Avec un V de vache - répondit la mère.
L’enfant écrivit dans le cahier vent avec un V de vache.
Elle et Lui
les deux avec une tête d’oiseau
se regardèrent.
Au coin de la rue un garde avec des gants blancs dirigeait la circulation.
Le garde était un homme haut et sérieux, de grandes épaules et moustaches.
Tous les ans, en automne, il peignait sa maison. Quand il se trouvait en haut de l’escalier il paraissait plus petit. C’était un autre homme.
Il sifflait et chantait.
Lui, il ferma son journal et lui dit à Elle:
- Je veux vous lire les lignes des plumes - et il demanda:
- Croyez-vous en l’amour au premier coup d’oeil?
Elle, lui donna une aile et répondit:
- Oui, j’y crois. Mais je ne lis pas les journaux parce que tous les jours ils apportent les mêmes nouvelles, toujours les mêmes crimes, toujours se louent ou se vendent des maisons. Je suis professeure de Couture et de Confection et je tricote.
- Je suis boulanger - Lui, répondit.
Et il s’embrassèrent bec à bec
et ils s’envolèrent.
Ils étaient dans les airs s’embrassant et le journal tournoyant les feuilles au sol aux côtés d’une aiguille à coudre et d’une pelote.
Ping! Pung! Pang!
C’étaient les assaillants d’une Banque qui fuyaient.
Un coup de feu arriva dans le front du garde aux gants blancs qui dirigeait la circulation. À l’instant de mourir il se souvint qu’il n’avait pas fini de peindre le toit de sa maison.
Elle et Lui volaient.
Les assaillants allaient dans une automobile.
Elle et Lui se posèrent sur la cime d’un arbre. Firent un nid.
Lui, il l’embrassait avec les ailes.
Elle, elle pondit six oeufs.
Elle et Lui
furent plus heureux que les perdrix et les cailleries et les tapicies et les alcoholies et les nuancies et les utilisies et les théorisies et les vapeuries volancies.*
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* Passage difficilement traduisible, nous suivons la rime pour restituer le mieux que nous pouvons la volonté de l’auteur.
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Le fichier pdf:
Cuento I (traduction)