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Billet de blog 11 février 2021

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La Terre Carrée (traduction de poèmes de Waldo Bastías)

La Tierra Cuadrada est un recueil de Waldo Bastías, auteur natif de San Carlos au Chili, extrait de son livre Estación de tránsito (Poesía reunida).

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La Tierra Cuadrada - La Terre Carrée.

Première partie:

El cuadrado de la noche – Le carreau de la nuit

Dios murió hace dos minutos

traigan diarios para taparlo y un café

Gregorio Paredes

Dieu est mort il y a deux minutes

Amenez des journaux pour le recouvrir et un café

Gregorio Paredes

¡Hey! noche de mendigos

¿Has visto alguna vez

el fantasma de Dios

caminar por tus costillas?

Hey! nuit des clochards

As-tu vu une fois

le fantôme de Dieu

marcher sur tes côtes?

I

A veces

me despierto

tiritando como un condenado

No sé quién soy

Entonces

frenéticamente me desnudo

y me lamo de pies a cabeza

Busco el recuerdo de la tierra

Des fois

je me réveille

grelottant comme un condamné

Je ne sais plus qui je suis

Alors

frénétiquement je me déshabille

et me lèche des pieds à la tête

je cherche le souvenir de la terre

II

Perdido en mi propia muchedumbre

me busco incansable

Estos rostros burlones

son el mío - pienso

Extiendo los brazos

pero no me encuentro

Perdu dans ma propre foule

je me cherche inlassablement

Ces visages moqueurs

sont-ils le mien - je pense

Je tends les mains

mais je ne me trouve pas

III

Amo los perros

Lobos que aúllan

en la oquedad de mi cráneo

Como si una carcajada

plana y arenosa

batiera grises paredes

entre las que me deslizo

hacia algún lugar

que no me espera

J'aime les chiens

Loups qui hurlent

dans la cavité de mon crâne

Comme si un éclat de rire

plein et poussiéreux

battait contre ces murs gris

parmi lesquels je me faufile

vers un lieu

qui ne m'attend pas

IV

El viento saltó a las cuatro

T. S. Eliot

Le vent sauta à quatre heures

T. S. Eliot

Atado desatado

Naufrago de patria voy

hacia ninguna parte

Y el reloj dice: las cuatro

y me retuerzo

como si un demonio

acuchillara ardientes

heridas que nos cesan de sangrar

Enchaîné détaché

Naufragé d'une patrie j'avance

vers nulle part

Et la montre indique: quatre heures

et je me tortille

comme si un démon

poignardait d'ardentes

blessures qui ne cessent de saigner

V

Desiertos oscuros

      recuerdos

por donde el alma

no deja de caminar

D'obscurs déserts

    des souvenirs

par où l'âme

ne cesse de marcher

VI

Alma de soledad

sueño de la soledad

Aciaga sombra

de la piedra negra

sobre la piedra blanca

Alma de las oscuras calles

por las que camino

recordando pasos

                          que no escucho

Âme de solitude

rêve de solitude

Ombre funeste

de la pierre noire

sur la pierre blanche

Âme des sombres rues

que j'arpente

vous me rappelez des pas

                                     que je n'entends pas

VII

¡Perro!

me grita el Ángel

de ojos llameantes

¿Hasta cuándo

de devoras a ti mismo?

Chien!

Me gueule l'Ange

aux yeux enflammés

Jusque quand

te dévoreras-tu toi-même?

VIII

Ni en el más oscuro diente del infierno

pudo Dante imaginar

un sótano de tristeza mayor

que lo de aquellos hombres solos

extendidos bajo un puente

contemplando las estrellas

en un cielo de cemento

Ni dans le plus obscurs recoins de l'enfer

Dante n'a pu imaginer

une cave avec plus de tristesse

que celle des hommes seuls

étendus sous les ponts

pour y contempler des étoiles

sur un ciel de béton

Deuxième partie:

El cuadrado de los sueños – Le carreau des rêves

Sueños...

Orejas para escuchar

el canto del cielo

Songes...

Oreilles pour écouter

le chant du ciel

I

Negra casa de los sueños

mesa de brumas

tajo por donde el sol se derrama

Me galopo por dentro

Me conquisto

Bebo mi sangre con sed inextinguible

Cabalgo mi potro blanco

mi esqueleto sin bridas

Maison noire des rêves

Table de brume

Tranchées où le soleil s'écoule

Je galope à l'intérieur de moi-même

Je pars à ma conquête

Avec une soif jamais assouvie je bois mon sang

Je chevauche mon poulain blanc

mon squelette sans la bride

II

Los sueños son de piedras

que caen del espacio

Días que no existen

                                Sueños...

Una monja con su vestido negro

                                                   inmóvil

esperando el beso de Dios

Les rêves sont faits des pierres

qui tombent de l'espace

Jours qui n'existent pas

                                      Des rêves

Une nonne dans son habit noir

                                                immobile

attendant le baiser de Dieu

III

A veces me sueño convertido en genio

Y espero milenios a que alguien

retire el tapón de la botella

para salir disparado hacia los cielos

y estallar en miles de estrellas

y satisfacer los sueños de todos los hombres

Des fois je me rêve transformé en génie

Et j'attends des millénaires que quelqu'un

vienne retirer le bouchon de la bouteille

pour en sortir propulsé vers les cieux

et éclater en millier d'étoiles

et combler les rêves de toute l'humanité

IV 

Yo soy la sombra de un sueño

Yo soy la milésima parte de un sueño

que se escapa por debajo de la puerta

Y se expande hasta cubrir la ciudad

yo soy un sueño que crece indefinidamente

Un sueño que se cree real

Pero que sólo es la sombra de un sueño

Moi je suis l'ombre d'un rêve

Moi je suis la millième partie d'un rêve

qui s'échappe dessous la porte

Et s'étend jusqu'à couvrir la ville

moi je suis un rêve que grandit indéfiniment 

Un rêve qui se croit réel

Mais qui n'est que l'ombre d'un rêve

Troisième partie:

La tierra cuadrada – La terre carrée

Las almas son incomunicables

deja que tu cuerpo se entienda con otro cuerpo

porque los cuerpos se entienden

pero las almas no.

Manuel Bandeira

Les âmes sont incommunicables

laisse que ton corps s'entende avec un autre corps

car les corps s'entendent

mais pas les âmes.

Manuel Bandeira

I

Uno se despierta

en medio de la noche

envuelto en pesadillas y piensa

Así que esto es el mundo

y no hay qué comer

ni qué beber

No queda más que contemplar las sombras

y desear que no se acaben

Y esto es la vida

por la que habría que agradecer a alguien

Hay que levantarse cantando

tropezando con los tachos de basura

con mierdas por todos lados y decir:

¡Qué hermosa es la vida!

Y aquí estamos

Con nuestra orejas

que ya no saben escuchar

Con el ojo-espejo

y este dolor en los huesos

viejos ya para el peso del mundo

Uno piensa...

A Cristo lo crucificaron

y agonizó tres horas

¿Qué decir entonces

de este clavo humano interminable?

Y aquí estamos

Con un cigarillo

en esta pieza oscura

pensando en la chica

más linda de la ciudad

En estos cuartos miserables

Soñamos con la chica

más linda de la ciudad

On se réveille

au milieu de la nuit

enveloppé dans un cauchemar et on pense:

Alors c'est ça le monde

et il n'y a rien à manger

rien à boire

Il ne reste plus qu'à contempler les ombres

et espérer qu'elles ne s'estompent pas

Et c'est ça la vie

pour laquelle on devrait remercier quelqu'un

On devrait se lever en chantant

trébucher sur des tas d'ordures

et avec de la merde de partout dire:

Qu'elle est belle la vie!

Et nous en sommes là

Avec nos oreilles

qui ne savent plus écouter

Avec l’œil-miroir

et cette douleur dans les os

trop vieux pour le poids du monde

On pense...

Le Christ ils l'ont crucifié

et il a agonisé trois heures

Que dire dans ce cas

du pieu interminable de l'humanité?

Et nous en sommes là

Avec une cigarette

dans cette pièce obscure

à penser à la fille

la plus jolie en ville

Dans ces chambres misérables

nous rêvons à la fille

la plus jolie en ville

La mujer más hermosa del mundo - La femme la plus belle du monde

Hay una luz. Ciertamente hay una luz

que nunca, nunca brilló sobre mí.

Janis Joplin

Il y a une lumière. Assurément il y a une lumière

qui jamais, jamais n'a brillé sur moi.

Janis Joplin

II

Tenía veintisiete

cuando se mató

la mujer más hermosa del mundo

¡Qué cosa!

Yo andaba con mis veinticinco

pensando en la vida

Y Manis va y se muere

(¿Escucharon alguna vez su voz

rasgar el cielo?)

Ese pequeño cuerpo quebrado por la muerte

Yo pienso con mis veinticinco

que el mundo es un perro loco

Esa mujer era mi ángel personal

Mi ventana-relámpago

Con una botella de vino triste

contemplo su retrato

y bebo lento

por los años

                        fuego

Elle avait vingt-sept ans

quand elle s'est tuée

la plus belle femme du monde

Quelle histoire!

Moi j'allais avec mes vingt-cinq années

pensant à la vie 

et Janis s'en va et meurt

(Avez-vous déjà entendu une fois sa voix

gratter le ciel?)

Ce petit corps tordu par la mort

Moi je pense avec mes vingt-cinq berges

que le monde est un chien fou

Cette femme était mon ange personnel

Ma fenêtre-foudre

Avec un bouteille de vin triste

je contemple son portrait

et je bois lentement

aux années

                    feu

III

Un poco de música ayuda

para atravesar el día

con el alma convertida en vidrio

esperamos por un sonido grato

Una melodía

un canto humano

¡Ah perra ilusión que no me dejas!

Un peu de musique peut aider

à traverser la journée

avec l'âme convertie en verre

nous attendons un son gracieux

Une mélodie

un chant humain

Ah chienne d'illusion qui ne me lâche pas!

IV

Caminar

bajo esta luz mortecina

Sin nada sin una mujer

en esta soledad

en esta mierda solitaria

(despoblada de amor)

Andar por las calles

arrastrando este carro de fantasmas

sin nadie que te diga

yo soy la vida

Marcher

sous cette lumière mourante

Sans rien sans une femme

dans cette solitude

dans cette merde solitaire

(vidée de l'amour)

Aller dans les rues

traînant cette voiture de fantômes

sans que personne ne te dise

c'est moi la vie

V

Acariciar una hermosa mujer

Besar su sexoparaíso

Acallar el reloj del mundo

con sus piernas

¿En qué otra parte está el sol?

Caresser une jolie femme

Embrasser son sexeparadis

Faire taire l'horloge du monde

avec ses jambes

Dans quel autre lieu chercher le soleil?

VI

No seas loco - me dijo -

no soy Dios

(sus piernas parecían templos)

No soy Dios - me dijo -

pero yo recuerdo aún

su culo cósmico

Ne sois pas fou - qu'elle m'a dit -

je ne suis pas Dieu

(ses jambes ressemblaient à des temples)

Je ne suis pas Dieu - qu'elle m'a dit -

mais je me rappelle encore

son cul cosmique

VII

Primero la llamaron

abejita de miel

Luego fue

la paloma zurita

del jardín

Hoy es 

la garza puta

del Rey Sol

D'abord elle fut nommée

petite abeille de miel

Ensuite ce fut

la colombe

du jardin

Aujourd'hui c'est

la corneille salope

du Roi Soleil

VII

Nada tan solo

como una botella vacía

en un portal oscuro

en una noche oscura

Rien seulement juste

comme une bouteille vide

au portail obscur

d'une nuit obscure

IX

Me voy a veces por las calles

y escucho a la gente gritar

y no sé de qué mierda hablan

Y yo también grito

y no sé de qué mierda hablo

Y así vamos por el mundo

                                       entendiéndonos

Je descends quelques fois dans la rue

et j'écoute les gens crier

et je ne sais pas de quelle connerie ils parlent

Et moi aussi je me mets à crier

et je ne sais pas de quelle connerie je parle

Et on fait comme-ça dans ce monde

                                                    pour se comprendre

X

Me levanto

demasiado enfermo por el trago

Pienso en la ciudad humeante

En el trabajo

Pienso en una corrida de toros

pienso en el toro - el toro olé -

Un cuerno definitivo

atravesando mi corazón

Je me lève

trop malade à cause de la boisson

Je pense à la ville odorante

Au travail

Je pense à une corrida de taureaux

Je pense au taureau - le taureau olé -

Une corne fatale

traversant mon cœur

XI

Yo soy la imagen de Dios

Me lanzó aquí

en medio del camino

y me entregó una escobilla y un trapo

Desde entonces doy tumbos

por un mundo incomprensible

Pero aunque no lo quiera soy su imagen

El recuerdo de este limpiabotas

no lo deja dormir

Moi je suis l'image de Dieu

il m'a jeté ici

au milieu du chemin

et m'a donné une brosse et un chiffon

Depuis ce jour que j'avance par étape

dans un monde incompréhensible

Mais même si lui ne veut plus je suis son image

Le souvenir du cireur de chaussures

lui ôte le sommeil

XII

El día amanece patas arriba

recuerdos cosas viejas

vienen a caminar por mis paredes

Medio litro de ginebra

apenas hace un minuto de sol

abro la puerta

La calle bostezando

afila su cuchillo

Andemos

Le jour se lève les pattes en l'air

souvenirs vielles choses

s'en viennent marcher sur mes murs

Un demi-litre de gin

il n'y a pas une minute de soleil

j'ouvre la porte

La rue qui baille

aiguise son couteau

Marchons

XIII

Devorado por mis propios dientes

alzo mis huesos blancos

Yo soy el mundo - digo -

Entre las calles malolientes

voy y vengo

Recibo un tiro

                       muerto

pero renazco

                       eterno

Dévoré par mes propres dents

je soulève mes os blancs

Je suis le monde - je dis -

Parmi les rues malodorantes

je passe et repasse

Je reçois une balle

                                 mort

mais je renais

                                 éternel

Epílogo

Viejo hotel

de los amores perdidos

Espíritu de las calles

Espíritu de los bares solitarios

Ya no me hables del dolor

Abre las puertas

Abre las tapiadas ventanas

Deja que la vida viajera

desempolve su maleta

Derriba el muro

de los lamentos inútiles

Dile a la hermosa mujer:

MUJER PASA ADELANTE

Épilogue

Vieil hôtel

des amours perdus

Esprit des rues

Esprits des bars solitaires

Ne me parle plus de la douleur

Ouvre tes portes

Ouvre tes fenêtres condamnées

Laisse que la vie voyageuse

dépoussière sa valise

Fais tomber ton mur

des lamentations inutiles

Dis-lui à la jolie femme

FEMME APRÈS-VOUS

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