Cristobal Flores Cienfuegos (avatar)

Cristobal Flores Cienfuegos

Rêveur

Abonné·e de Mediapart

610 Billets

0 Édition

Billet de blog 17 février 2021

Cristobal Flores Cienfuegos (avatar)

Cristobal Flores Cienfuegos

Rêveur

Abonné·e de Mediapart

Le dîner d'Atahualpa (traduction d'un poème de Manuel González Prada)

La cena de Atahualpa est un poème de Manuel González Prada (1844 - 1918), auteur péruvien, extrait de son oeuvre de jeunesse Baladas Peruanas.

Cristobal Flores Cienfuegos (avatar)

Cristobal Flores Cienfuegos

Rêveur

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La cena de Atahualpa

I

Es la noche pavorosa

Que ve al imperio de Manco

Desplomarse en la celada

Del astuto Castellano.

Suena el ronco clamoreo

De enfurecidos soldados,

Y restallan arcabuces,

Y retumban fieros tajos.

Bajo el filo de la espada,

A los pies de los caballos,

Agonizan y sucumben

Niños, mujeres y ancianos.

No hay compasión en las almas,

En el herir no hay descanso;

Es el eco un ay de muerte,

Cajamarca un rojo lago.

II

Cual amigo con amigo

Atahualpa con Pizarro,

Departen, cenan y beben,

Sorbo a sorbo, lado a lado.

« Gusta el vino de Castilla,

Noble Monarca peruano;

Bebe un licor más sabroso

Que tu néctar celebrado ».

Refrena el Inca la rabia,

Y devora el hondo vaso,

Y, murmura en sí, volviendo

Afable rostro a Pizarro:

« Licor más puro y sabroso

Beberé muy pronto acaso:

La sangre vil de extranjeros

En la copa de tu cráneo ».

Le dîner d’Atahualpa

I

C'est l'effroyable nuit

Qui voit l'empire de Manco

S'effondrer par la tromperie

Du Castillan maraud.

Résonne la clameur gutturale

Des soldats que la rage incombe,

Et elles claquent les arquebuses,

Et d'affreux gravats retombent.

Sous le tranchant des lames,

Aux pieds des chevaux,

Femmes, enfants et vieillards

Succombent au fléau.

Les âmes sont vides de compassion,

La violence ne se repose pas ;

Un cri de la mort est l’écho,

Et un lac rouge Cajamarca.

II

Mais c'est comme de vieux camarades

Qu'Atahualpa et Pizarro,

Discutent, se restaurent et qu'ils boivent ,

Lampée après lampée,  liquide du même goulot.

« Aimez- vous le vin de Castille,

Mon noble Monarque du Pérou ;

Car il surpasse de loin en tout,

Ton nectar vanté partout ».

L'Inca retient toute sa fureur,

Pour absorber le verre immense,

Puis, en gardant les apparences

Devant Pizarro tout seul pense :

« Une liqueur plus exquise encore,

Peut-être boirai-je avant l'aurore :

Le sang souillé des étrangers

Dans la coupe de ton crâne ».

*Atahualpa: dernier empereur du Tawantinsuyu, l'empire inca indépendant.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.