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Billet de blog 17 février 2021

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Le voyageur (traduction d'un poème de Manuel González Prada)

El caminante est un poème de Manuel González Prada (1844 - 1918), auteur péruvien, extrait de son oeuvre de jeunesse Baladas Peruanas.

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El caminante

I

  Brota en Oriente la Luna

Y su blanca luz esparce,

Como Sol encanecido

Como Sol agonizante.

  Los altos médanos brillan

Como hilera de titanes

Con escamadas corazas

Y blanquecinos plumajes.

  No hay rumores en la Tierra

Ni susurros en el aire,

Que el desierto se adormece

Con mutismo de cadáver.

  Sólo resuena a lo lejos

La resaca de los mares,

Como la rítmica y ronca

Respiración de un gigante.

  A galope del caballo,

Un nocturno caminante

Recorre solo y sin guía

Los dormidos arenales.

II

  Resuena lejos, muy lejos,

Una voz tan inefable,

Que suspiran las arenas

Y se estremecen los mares.

  A su caballo detiene

El nocturno caminante:

Queda inmóvil, embebido

En la voz de los cantares.

  El no ve que sopla el viento,

El no ve que los titanes

Agitan ya sus corazas

Y sacuden sus plumajes...

  El no ve que las arenas

Ascienden, giran y caen,

Resplandeciendo a la Luna

Como polvo de brillantes.

  La Luna vela su disco,

Se desatan huracanes,

Y queda en tumba de arena

Sepultado el caminante.

Le voyageur

I

  La Lune en Orient vient éclore

Et sa lumière blanche s'étale,

Comme un Soleil trop vieux

Comme un Soleil qui agonise.

  Les grandes dunes de sables scintillent

Comme une longue file de titans

Arborant leurs cuirasses défaites

Et leurs plumages blanchâtres.

  Aucune rumeur ne sort de la Terre

Ni murmure ne trouble l'air,

C'est le désert qui s'assoupit

Dans le silence d'un cadavre.

  Résonne seulement au loin

Le remous agité des eaux,

Comme la respiration

Rauque et rythmée d'un géant.

  Au galop de son cheval,

Dans la nuit un voyageur

Parcours seul et aveugle

Le désert endormi.

II

  Résonne au loin, très loin,

Une voix si ineffable,

Que les sables en soupirent

Et les mers en frémissent.

  Il arrête brusquement son cheval

Le voyageur dans la nuit :

Reste immobile, comme enivré

Par la mélodie de ce chant.

  Lui ne voit pas que le vent s'éveille,

Lui ne voit pas que les titans

Agitent dorénavant leurs cuirasses

Secouant ainsi tout leur plumage…

  Lui ne voit pas comment les sables

S'élèvent, tourbillonnent et retombent,

Resplendissants face à la Lune

Telle une brillante poussière d'étoile.

  Alors la Lune cache son disque,

Un ouragan se déchaîne,

Et dans un tombeau de sable finit

Enseveli le voyageur.

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