L’eau de l’Érèbe
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L’Être donne des possibilités,
c’est par le Non-Être qu’on les utilise.
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Tao-tö king, Lao-tseu
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Nous ne sommes pas innocents
des fantômes nous ridiculisent
dans une déchirure dévorante
puisque l’univers est cet inhumain
au commencement d’un nouvel
infernal
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Et tu te levais la journée fuyante
la chaleur au fond des yeux
qui ne nous appartiennent pas
en ce lieu où plus n’est à personne
ni ce que j’écris ni ce que tu dis
la nuit seule
cette nuit sans définition établie
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Et tu mettais à l’eau de l’Érèbe
ta septième barque sans conquérant
où la joie d’actrice que
tu m’enseignais sorcière
à demi-nue - pour vaincre
le guérir ou la maladie -
n’était ni belle ni laide mais
juste femme
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Et moi je t’écoutais monologuer
sur mes anciens monologues
et ma puissance déchue inutilement
devant tes instructions spectrales
magiques et révolutionnaires
me laissant noir brûlé comme
chien de paille au soleil
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Et tu rigolais de moi te moquant
du savoir au masculin sans l’amitié
des trop vieilles sagesses trop humaines
et je t’écoutais me moquant de moi
triste tigre trois fois fou
ne sachant que dire devant ta
ta beauté marginale innocence
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Et notre jeunesse battue demeure
mouvante quoiqu’inchangeable
devant ce présent impassiblement présent
autour de ce monde intraduisiblement
tourné vers ce néant qui n’existera
qu’au temps déjà absous bien que
mille fois coupable de son époque
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