Cristobal Flores Cienfuegos (avatar)

Cristobal Flores Cienfuegos

Rêveur

Abonné·e de Mediapart

605 Billets

0 Édition

Billet de blog 17 octobre 2022

Cristobal Flores Cienfuegos (avatar)

Cristobal Flores Cienfuegos

Rêveur

Abonné·e de Mediapart

Nous sommes cinq-mille (traduction d'un poème de Victor Jara)

Somos cinco mil ou Estadio Chile est le dernier poème écrit par Victor Jara entre le 12 et le 15 septembre 1973 alors qu'il était retenu au Stade Chile puis au Stade national. Voici une version chantée par Angel Parra et Isabel Parra. Ce texte a été caché et a longtemps voyagé clandestinement...

Cristobal Flores Cienfuegos (avatar)

Cristobal Flores Cienfuegos

Rêveur

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

            Somos cinco mil

.

.

Somos cinco mil aquí.

.

En esta pequeña parte de la ciudad.

.

Somos cinco mil.

.

¿Cuántos somos en total

en las ciudades y en todo el país?

.

Solo aquí diez mil manos

que siembran y hacen andar las fábricas.

.

¡Cuánta humanidad

con hambre, frío, pánico, dolor,

presión moral, terror y locura!

.

Seis de los nuestros se perdieron

en el espacio de las estrellas.

.

Un muerto, un golpeado como jamás creí

se podría golpear a un ser humano.

.

Los otros cuatro quisieron quitarse todos los temores,

uno saltando al vacío,

otro golpeándose la cabeza contra el muro,

pero todos con la mirada fija en la muerte.

.

¡Qué espanto causa el rostro del fascismo!

.

Llevan a cabo sus planes con precisión artera sin importarles nada.

La sangre para ellos son medallas.

La matanza es un acto de heroísmo.

.

¿Es éste el mundo que creaste, Dios mío?

¿Para esto tus siete días de asombro y trabajo?

.

En estas cuatro murallas sólo existe un número que no progresa.

Que lentamente querrá más muerte.

.

Pero de pronto me golpea la consciencia

y veo esta marea sin latido

y veo el pulso de las máquinas

y los militares mostrando su rostro de matrona lleno de dulzura.

.

¿Y Méjico, Cuba, y el mundo?

¡Que griten esta ignominia!

.

Somos diez mil manos menos que no producen.

¿Cuántos somos en toda la patria?

.

La sangre del Compañero Presidente

golpea más fuerte que bombas y metrallas.

.

Así golpeará nuestro puño nuevamente.

Ay Canto, que mal me sales

cuando tengo que cantar espanto.

.

Espanto como el que vivo, como que muero de espanto.

.

Del verme entre tantos y tantos momentos del infinito

en que el silencio y el grito son las metas de este canto.

.

Lo que veo nunca vi, lo que he sentido y lo que siento

hará brotar el momento…

.

            Nous sommes cinq-mille

.

.

Nous sommes cinq-mille ici.

.

Dans cette petite partie de la ville.

.

Nous sommes cinq-mille.

.

Combien sommes-nous en tout

dans les villes et dans tout le pays?

.

Juste ici nous sommes dix-mille mains

qui sèment et font marcher les usines.

.

Quelle humanité

en proie à la faim, le froid, la panique, la douleur,

la pression morale, la terreur et la folie!

.

Six des nôtres se sont perdus

dans l’immense étendue des étoiles.

.

Un mort, un frappé comme jamais j’aurais cru

qu’on puisse frapper un être humain.

.

Les quatre autres ont voulu se débarrasser de toutes les craintes,

un en sautant dans le vide,

un autre en se frappant la tête contre le mur,

mais tous avec le regard impassible pour la mort.

.

Quel effroi provoque le visage du fascisme!

.

Ils appliquent leurs plans avec une précision sournoise sans se soucier de rien.

Le sang pour eux vaut des médailles.

Le massacre est un acte d’héroïsme.

.

Est-ce là le monde que tu as crée, mon Dieu?

Pour cela tes sept jours d’étonnement et travail?

.

Entre ces quatre murailles il existe uniquement un numéro qui ne bouge pas.

Qui lentement appelle à plus de mort.

.

Mais tout d’un coup me vient à l’esprit

et je vois cette marée sans pouls

et je vois battre le coeur des machines

et les militaires montrant leur face de matrone pleine de douceur.

.

Et le Mexique, Cuba, et le monde?

Qu’ils crient cette ignominie!

.

Nous sommes dix-mille mains en moins qui ne produisent plus.

Combien sommes-nous dans toute la patrie?

.

Le sang du Camarade Président

retentit plus fort que les bombes et la mitraille.

.

Ainsi retentira notre poings levé de nouveau.

Ay Chant, tu ne me réussis pas

quand je dois chanter l’effroi.

.

Effroi comme celui que je vis, comme je meurs d’effroi.

.

De me voir entre tant et tant de moments de l’infini

parmi le silence et le cri qui sont l’horizon de ce chant.

.

Ce que je vois je ne l’ai jamais vu, ce que j’ai senti et ce que je sens

fera germer cet instant…

.

.

*

* * *

*

Le fichier pdf:

somos-cinco-mil-traduction-1 (pdf, 66.1 kB)

.


Somos cinco mil - Victor Jara © Angel Para

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.