Comment refermer au kérosène la blessure
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I
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Comment refermer
au kérosène la blessure
d’une écriture cherchant
ses mots dans la bière
qu’une main tremblante
sa dernière cigarette
caressant des fissures et poursuivie
par des ombres inhospitalières
vieilles et recroquevillées
comme une usine offerte
à la rouille chantant
des complaintes reprises
par le vent déçu des siècles à n’arpenter
que des ruines en gestation
dans l’hiver-monde de cet
aujourd’hui si vieux
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II
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Me tient compagnie
sur le ciel gris magnifiquement cauchemardesque
cette pénombre
ou l’ancienne perpétuité de la lumière
un imperturbable rituel infini et froid
à la surface de nos peaux abolies
sous les déterminités du papier
dans la bourrasque lointaine
son brun immense
leur rêve fiévreux
qu’une époque d’enfants paumés
dans la violence
ses basses oeuvres précises
et l’écheveau des fantaisies macabres
se tisse d’outils assez complexifiés
de la poudre à canon
un parapluie pare-balles
un laser intelligent
des techniques intraduisibles
des foutaises
et le dernier ciel gris aura
quelque chose de celui-là
que j’essaie sans dialogue d’acclimater
à ma petitesse d’homme mort encor vivant
à l’ère cryptique des mathématiques folles
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III
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Il n’existe aucune nature accessible directement
en dehors du dieu humanité il n’y a
pas de mépris
il s’en est fallu de peu
tant de fois
il s’en est fallu de si peu
et pourtant revoilà
Misère
ses haillons de vieille camarade
“Qu’une haine augmentée
par une autre haine
ne peut être éteinte qu’à l’orée
de l’amour”
écrivait Spinoza dans sa servitude humaine
quand le monde déjà vieux l’exorcisait
de ses quatre horizons ou
d’une même prison
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