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Billet de blog 19 février 2021

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Invention de la Quena (traduction d'un poème de Manuel Gonzalez Prada)

Invención de la Quena est un poème de Manuel González Prada (1844 - 1918), auteur péruvien, extrait de son oeuvre de jeunesse Baladas Peruanas.

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Invención de la Quena*

En una noche de espanto,

Entre el fragor de los truenos,

A la tumba de su Amada

Llega el Inca en paso lento.

-“Para mi amor y mis penas,

No hay suspiros ni lamentos

En los ayes de los vivos

Ni en la voz del cementerio.

Quiero llorar con un llanto

Que venza rocas y hielos;

Quiero mover con mis quejas

A los vivos y a los muertos...”

Escarba el Inca la tumba;

Y, del fúnebre esqueleto,

A la incierta luz del rayo

Labra músico instrumento.

El Inca vierte su llanto;

Y, a las lágrimas de fuego,

Las duras rocas se ablandan

Y se derriten los hielos.

El Inca toca la Quena;

Y, a los lúgubres acentos,

Lloran lágrimas los vivos

Y se estremecen los muertos.

Invention de la Quena

Lors d'une nuit épouvantable,

A travers le tonnerre effroyable,

L'Inca s'en vient comme d'un pas lesté,

Sur la tombe de sa Bien-aimée.

- « Pour mon amour et ma misère,

Je n'entends nul regret ni soupir

En les complaintes de ceux qui respirent

Ni en la voix du cimetière.

Je veux dans une plainte verser des larmes

Qui puissent défaire la glace et la pierre ;

Je veux toucher de mon triste vacarme

Les dessus et dessous de terre... »

L'Inca creuse ensuite la sépulture ;

Et, usant du squelette horrifique,

Sous la lueur d'éclairs faméliques

Il façonne l'instrument de musique.

L'Inca dans sa plainte verse des larmes ;

Et, par ces gouttes incandescentes,

Perdent les roches leur consistance

Et les grands glaciers fondent.

L'Inca joue enfin de la Quena ;

Et, par les sons lugubres qu'on entend,

Ruissellent les larmes des vivants

Et frissonnent les morts dans leur trépas.

*Quena: Flûte andine.

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