Cimetière de nous
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à la mémoire des victimes du massacre
d’Ayacucho, le 15 décembre 2022
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Ils s’appelaient Clemer, ils s’appelaient Raúl,
ils s’appelaient colère, ils s’appelaient la houle,
ils s’appelaient Edgar, ils s’appelaient Luis,
ils s’appelaient regard, ils s’appelaient solstice
ils s’appelaient Miguel, ils s’appelaient José,
ils s’appelaient le ciel, ils s’appelaient tu sais
tous les noms de la Terre, Abraham ou bien Léo
Maria ou la misère, ils étaient le huayno,
ils étaient la tristesse, ils étaient la tempête,
ils étaient joie en liesse, ils étaient pour la fête,
ils avaient des enfants, ils avaient des jeunesses,
ils étaient de ces chants se passant de la messe,
ils étaient la victoire, ils étaient trouble-fête,
ils étaient leur histoire où régnait la défaite,
ils étaient poing levé, ils étaient mille mains,
ils s’étaient soulevés, pour rêver à demain.
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Soleil tu étais là, immobile, impuissant,
quand nos cœurs étaient las devant ces flots de sang,
nous n’avions plus le temps, ni d’aimer, ni de vivre,
nos larmes dans le vent nous disaient de survivre,
sommeil tu nous quittais, nous offrant à la peine,
ces mères habitées par des torrents de haine,
c’est la nuit des veillées et puis des casseroles,
cauchemar éveillé nous privant de paroles.
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Nous étions le pays, nous étions paysans,
nous étions l'inouï aux yeux des méprisants,
nous étions la province et la ville et le port,
nous étions sans le prince, armés de nos efforts,
nous étions le courage, un peuple face aux lois,
nous étions cet outrage au nez de ces bourgeois,
nous étions une épaule à côté de nos soeurs,
nous étions tel un saule à l’orée des douceurs,
nous étions pour le frère un morceau de ce pain,
un peu l’itinéraire à nos yeux ce levain.
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Cementerios de nosotros…
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Pregunto si acaso no escucháis llorar la piedra,
del ángel de la Historia la Hija,
del ángel de la Melancolía la Hermana.
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Cimetière de nous