Qu’une lettre déchirée
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en souvenir de mon père
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Je n’ai jamais prié que mes démons communs,
n’ai fait que piétiner cette aurore à ta main,
j’ai vu les fleurs du mal dans ce miroir enfant,
le triste carnaval qu’on me disait si grand,
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Le fragile en tes yeux, l’ai nagé mer entière,
j’ai bâti tous mes vœux comme on fait meurtrière,
couru après silence où l’amour est naufrage,
terminé dans la danse où coulent les mirages,
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Tu étais la parole et moi le cri du fou,
un peu Savonarole, puis un peu merde à tout,
ce monde sur mon dos me dessinait colère
quand j’étais qu’un marmot recouvert de misère,
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Toi l’humble carrossier, tu peignais l'idiotie,
de leur luxe grossier tu faisais ton souci,
et moi qui n’acceptais que mes vaines complaintes,
je n’ai su t’écouter que bien après l’étreinte,
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Que ces pauvres chagrins où tu n’es que mémoire,
m’enseignent un matin où j'acquiesce à l’espoir,
mais dis-moi de là-haut, entends-tu le vacarme,
entends-tu le chaos, et puis couler ces larmes?
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D’ici je ne sais rien, que la loi du plus fort,
et si moi je crois bien, c’est la loi de la mort,
demain et ces soldats frapperont à nos portes,
demain je pense à toi, ce que le vent emporte.
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Qu'une lettre déchirée