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Billet de blog 4 avr. 2022

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Projets lithium, Géothermie profonde : les médias au service de l'industrie minière ?

Quel rôle jouent les médias locaux alsaciens, plus particulièrement les DNA et le journal l'Alsace dans le cadre de la géothermie profonde, les projets lithium ? Sont ils de impartiaux ? Réponse dans cet article, qui s'appuie sur 2 études sociologiques réalisées par plusieurs professeurs de l'université de Strasbourg et Grenoble.

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Le Groupe de Resistance Alsace Anti Lithium (Graal) est un mouvement citoyen indépendant pour la protection de l'Alsace face à la menace de l'exploitation minière, en particulier l'extraction de lithium et de minerais "connexes".

1/ Présentation, descriptif.

Nous allons, dans cet article, analyser le rôle de la presse locale alsacienne dans les projets de géothermie profonde, en donc, par extension, de l'extraction de lithium et de minerais connexes. 

Pour cela nous allons nous appuyer sur 2 études sociologique, publiées en novembre 2018 et novembre 2020, par les professeurs Yeny Serrano (LISEC, Université de Strasbourg), Philippe Chavot (LISEC, Université de Strasbourg), Elsa Franco (IEP, Université de Grenoble), Anne Masseran (CREM, Université de Strasbourg), Jean Zoungrana (SAGE, Université de Strasbourg, France).

Dans le cadre du projet DESTRESS, cette étude s'intéresse à la formation ainsi qu'à la circulation des points de vue, informations sur la géothermie profonde dans différents groupes sociaux, le rôle de la presse locale, plus particulièrement les Dernières Nouvelles d'Alsace (DNA), ainsi que l'Alsace, qui sont les 2 journaux "historiques" de presse écrite alsacienne. 

Illustration 1

Il est intéressant de noter que les 2 journaux ont, le même propriétaire.

Officiellement encore "concurrents", les DNA et le journal l'Alsace ont pourtant plus d'un point commun : leur propriétaire, le groupe EBRA, qui est une filière du Crédit Mutuel Alliance Fédérale. Ils ont aussi en commun leurs ... articles, identique dans les 2 journaux. Cette étape, franchie en 2017, marquait un pas de plus vers la fusion très controversée des 2 quotidiens, ainsi qu'une concentration des titres de la presse régionale. 

2/ Etude de novembre 2020 : "Encadrement par les journaux locaux des projets de géothermie profonde en Alsace, France (2002-2020) : Des récits d'actualité au service des promoteurs ? "

L'analyse se base sur le projet d'Illkirch, le seul parmi les 4 projets de géothermie profonde alsacien à avoir fait l'objet d'une consultation, les 3 autres projets étant "non liés". 

Les "pics" liés à la diffusion d'informations concernant l'énergie géothermique semblent être liés à deux types d'événements : des séismes de type induit (2006 et 2019), ainsi que les élections présidentielles de 2007 et l'organisation d'un débat national sur les énergies renouvelable (le Grenelle de l'environnement).

Hormis ces évènement "spéciaux", le sujet "géothermie profonde" est très peu abordé. S'il l'est, c'est de manière très positive. Cela peut être lié au fait que les acteurs ayant des intérêts, qu'ils soient économique ou politique, sont les principales sources utilisées par les journalistes. 

Remarque : L'extraction de lithium, quant à elle, n'a fait part que d'un article en 2019, 4 en 2021, 3 en 2022. L'extraction de minerais connexes ... 0 !! 

Dans l'article paru en 2019, intitulé "du lithium dans le sous sol alsacien", on apprend que du lithium en grande quantité à été découvert par ES (électricité de Strasbourg) dans les eaux géothermale alsacienne.

Or, si le lithium a bien été découvert par ES, sa présence a été détectée au début des années 90. Il y'a 30 ans !!!

Géothermie profonde et extraction de lithium et de minerais connexes sont étroitement liés. Sans lithium, il n'y aurait pas de géothermie profonde, car trop couteuse, donc pas assez rentable. 

Listing des autres articles qui sont, quant à eux, dédiés aux nouvelles sociétés qui exploiterons le lithium. Les fameux intérêts économique et politique.

- En Nord-Alsace, le groupe Arverne (Bischwiller), qui projette de réaliser des centrales de géothermie, s'intéresse aussi au lithium.

- Le 17 octobre 2021 fut une journée très "prolifique", avec pas moins de 3 articles concernant le lithium.

- Extraction de lithium en Alsace : Eramet passe à la vitesse supérieure. (ça va se faire, vous n'avez pas le choix)

- Geolith innove à Haguenau pour produire du lithium propre. (lithium propre, c'est bon, il n'y a aucun risque)

- Extraction de lithium : de l’autre côté de la frontière aussi (si les allemands le font aussi, c'est bien

 - Le ministère recueille des avis sur les projets géothermiques (lithium de France)

- La start-up Geolith cherche à industrialiser son procédé d’extraction du lithium.

- Tronox va produire à Thann le composé chimique nécessaire à l'extraction de lithium issu des eaux géothermiques.

Revenons en à l'étude.

D'autres sources, qui pourraient être considérées comme des experts, les scientifiques ou les associations environnementales, sont rarement prises en compte.

En outre, les citoyens qui s'inquiètent quant aux risques liés aux projets géothermiques sont souvent dépeints dans la presse comme des opposants aux projets de géothermie profonde. 

Cette narrative biaisée fournie par la presse locale véhicule implicitement le message que les citoyens doivent accepter les projets. 

En effet, elle scénarise les opérateurs et les institutions investis dans la gestion des risques et dans l'intégration des projets dans leur environnement.

Et ça continue, encore et encore ...

Nous pouvons retrouver cette "narration", ce "scénario" vendu par la presse locale dans les projets lithium depuis 2019, et surtout, depuis fin 2021. Sont en effet mis en avant les principaux acteurs, les nouvelles starts up et groupes miniers qui exploiteront le lithium alsacien, les avantages économique, ainsi que l'avancement des projets. 

Le rôle des citoyens en tant qu'acteurs légitimes du processus décisionnel n'est pas reconnu. 

"L'opposition locale est souvent rejetée comme étant informée par des réactions émotionnelles alimentées par l'ignorance. Et pourtant, il semble que les opposants soient rapidement informés des aspects techniques d'un projet controversé. Par conséquent, il est nécessaire de dépasser les interprétations qui stigmatisent l'opposition pour comprendre les dimensions de la réponse publique. En particulier, on peut se demander si la perception du risque, qui peut susciter l'incertitude et la peur, est centrale dans les controverses géothermiques et évaluer la hiérarchisation d'autres préoccupations dans les débats."

Quel bilan pouvons nous en tirer ?

Le constat est sans appel pour les DNA et le journal l'Alsace. Que ce soit la ligne éditoriale, le choix des acteurs mis en avant dans les différents articles, ou encore le choix des informations fournies, les 2 quotidiens adoptent incontestablement un regard très positif vis à vis des projets de géothermie profonde.

Le constat est encore pire concernant les projets lithium. Hormis un premier article en 2019, les quotidiens n'ont jamais abordé le sujet avant fin 2021. Curieux, lorsque la demande d'extraction de permis minier de Fonroche, mise en cause pour les séismes, date de 2018, et concernait l'extraction de ... lithium et minerais connexes, via la géothermie profonde.

Les informations publiques à ce sujet peuvent être rares et les populations résidentes n'ont souvent pas d'opinion sur la question.

Profonde méconnaissance du sujet, donc incompétence journalistique ou volonté de dissimuler certaines informations afin de faire accepter par la population locale les projets lithium en parlant de géothermie profonde ? 

Pas un mot dans la presse sur les risques de séismes induit avant qu'il y'ait des séismes.

Pas un mot concernant les craintes liées à la contamination par l'arsenic des eaux souterraines et le manque de confiance dans le gouvernement local et national.

Pas un mot sur la déforestation de la forêt de Haguenau et les possible impacts sur l'environnement, la faune et la flore dans le département à venir. En effet, pour une extraction de rentable sur le point économique, il faut construire beaucoup de centrales de géothermie ainsi que de puits.

"Face à ces risques, un changement d'attitude est perceptible chez la plupart des gens, notamment face aux risques de pollution des nappes phréatiques ou de sismicité induite (...) La question de l'emplacement des centrales reste un obstacle : même les participants plutôt positif vis à vis de la géothermie préféreraient que les sites de forage soient à plus de 100 km de leur domicile."

Vous trouverez ici la première étude, sortie en 2018, sur laquelle se sont appuyés les auteurs.

Présentation de Lithium de France (ex Arverne Géothermie)

Lithium en Alsace, Eramet, projet Eugeli

Se'Th

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