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Billet de blog 21 octobre 2022

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Arnaud Montebourg : Lithium de France Made in France ?

Nous allons nous pencher sur les actionnaires de la toute jeune société lithium de France, suite à la levée de fonds effectuée et l'augmentation du capital social du 11 mai 2021. Certains de ces actionnaires sont très "prestigieux", connus, controversés. Un plus particulièrement, il s'agit d'Arnaud Montebourg, l'homme girouette.

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Nous allons nous pencher sur les actionnaires de la toute jeune société lithium de France, suite à la levée de fonds effectuée et l'augmentation du capital social du 11 mai 2021. Certains de ces actionnaires sont très "prestigieux", connus, controversés. Un plus particulièrement, il s'agit d'Arnaud Montebourg.

Pour ceux qui ne connaissent pas la société lithium de France, petite présentation ici.

En effet, figurent, dans cette liste, la Pacifico Holding, dont le président n'est autre que Jean François Hénin, qui est à la tête d'une des plus grandes fortunes de France. 

On retrouve aussi un certain Olivier Hautin, un homme au parcours très atypique.

Il a commencé sa carrière dans la Marine nationale, a ensuite travaillé chez IBM, puis comme consultant chez Mars au début des années 90. Il va ensuite évoluer dans le secteur de l’industrie minière, durant 24 ans, au sein de la multinationale française Imerys, spécialisée dans l’extraction et la transformation de minéraux. 

Olivier Hautin a été récemment nommé pdg de Malteurop, l'un des 3 leaders mondiaux dans la production de Malt pour les industries des boissons et de l'alimentation. 

Il est aussi membre du conseil d'administration de First Bauxite Corporation, qui est une société de ressources naturelles basée au Canada. La société est engagée dans l'exploration et le développement de gisements de bauxite en Guyane, en Amérique du Sud. La société exerce ses activités dans le secteur de l'acquisition, de l'exploration et de la mise en valeur de propriétés minières. 

La bauxite constitue le principal minerai permettant la production d'aluminium et de gallium.

Arnaud Montebourg, l'homme girouette.

Dans la liste des actionnaires, nous retrouvons aussi la société Made in France, société appartenant à ... Arnaud Montebourg, l'ancien ministre de l'économie, du redressement productif en 2014. Son successeur est un certain ... Emmanuel Macron. 

Sait-on vraiment qui est Arnaud Montebourg ? « Non, répond honnêtement Frédéric Charpier. Mais, au moins, on sait ce qu'il n'est pas. »

Dans son ouvrage intitulé "Arnaud Montebourg, l'homme girouette", paru en 2016, Frédéric Charpier, journaliste écrivain spécialisé dans le renseignement, dresse le portrait de l'ancien ministre, en le mettant face à ses contradictions, ses zones d'ombres.

Dès l’introduction, l’auteur donne le ton. « Personnage autocentré »« obnubilé par sa propre destinée », surfant au gré des vagues en quête d’une consécration, « d’un égocentrisme obstiné et, pour certains, maladif », « à la voix un peu précieuse, aux airs quelquefois distants si ce n’est méprisants »« Arnaud Montebourg est-il un homme de convictions ou un opportuniste plus doué pour le faire savoir que le savoir-faire ? », demande le journaliste. 

« Arnaud Montebourg est tellement polymorphe, dans ses formulations, ses solutions comme dans les figures auxquelles il se réfère, qu'on a du mal à le saisir », sa « marque politique tient de la mosaïque, d'un assemblage d'images et de slogans aux convictions déclinantes ».

Mais, surtout, l'ouvrage de Frédéric Charpier montre qu'Arnaud Montebourg a enchaîné les chevaux de bataille idéologique, les grandes causes à défendre ou les grands monstres à combattre, sans réellement donner l'exemple à titre personnel. Un genre de « faites ce que je dis, pas ce que je fais ». Le point.

En 2014, Arnaud Montebourg a lancé le projet de création d'une compagnie des mines nationale de France (CMF). Le projet a été abandonné en 2016 par ... Emmanuel Macron. 

Il est intéressant de noter certains éléments avancé à l'époque, et de les comparer avec ce qu'il se passe aujourd'hui. Exemple "bonus" Eramet. 

Quel était l'objectif de la CMF ?

Sécuriser l’approvisionnement de la France dans le domaine des métaux et des terres rares. Il s’agit de « réengager la France dans la bataille mondiale, qui est aujourd’hui menée par les Etats, pour accéder aux ressources naturelles », a expliqué, à l'époque, le ministre du Redressement productif.

«Nous recherchons du lithium par exemple, un métal fondamental pour les batteries des véhicules électriques.» 

«La France a déserté les mines. Or, tous les Etats se poussent du coude pour disposer des métaux et notamment des terres rares. Un Etat qui ne maîtrise pas son approvisionnement est soumis aux décisions des autres : aux prix et aux quantités fixées par les autres.» 

Telle était la situation décrite en 2014. Aujourd'hui, nous sommes en 2022, nous faisons comme par hasard face à une "crise énergétique", une pénurie d'énergie, des prix qui flambent. Nos dirigeant prônent l'indépendance et la sécurisation de l'énergie. Comme par hasard du lithium a été trouvé en grande quantité en France, notamment en Alsace, Bretagne, Auvergne. Comme par hasard, des sociétés telles lithium de France voient le jour et prétendent être LES solutions pour faire face à cette crise énergétique.  

En 2014, la question de savoir pourquoi l'Etat ne faisait pas confiance aux grands groupes miniers privés français comme Eramet ou Areva s'était bien entendu posée ... 

"Nous soutenons les activités minières de ces entreprises. Ce sont deux industriels qui sont des acteurs spécialisés dans quelques métaux. Areva s'occupe d'uranium et Eramet est aujourd'hui concentré sur le nickel et le manganèse. La France n'a pas d'acteur minier diversifié." 

En mai 2021, Eramet et son partenaire Electricité de Strasbourg ont annoncé le succès du premier pilote mené à la centrale géothermique de Rittershoffen (Nord Alsace). Plusieurs Kg de lithium ont été récoltés. Il s’agissait d’une première mondiale. 7 ans seulement après la déclaration précédente.

La société Alliance Minière Responsable (AMR), une épine dans le pied d'Arnaud Montebourg. 

Le 17 mai 2016, les échos titraient, à propos d'AMR : « la start-up minière qui fait chavirer le Tout-Paris ». AMR, c'est l'histoire d'une succès story de courte durée, de 2 jeunes entrepreneurs qui veulent exploiter des mines de bauxite en Guinée. Pour cela, ils ont contacté au "culot" Arnaud Montebourg, qui a accepté de les aider bénévolement, en leur ouvrant notamment son carnet d'adresses. Il n'a pas mis la main à la poche, n'entrant pas dans le capital de la start up. En revanche, il embarque son ami banquier d'affaires Arié Flack. De quoi rassurer de grands noms du capitalisme tricolore comme Louis Dreyfus Armateurs, qui souhaite se charger de la logistique, ou encore Anne Lauvergeon (ancienne patronne d'Areva). Au culot, les entrepreneurs sollicitent aussi le fondateur de Free, Xavier Niel, qui met 250.000 euros.

Le 19 mai 2016, Médiapart titrait déjà : « Pour une start-up minière, Montebourg s'engage en périlleuse compagnie. »

Le 10 aout 2016, nouvelle une de Médiapart : « Guinée: les zones d’ombre de la start-up protégée par Arnaud Montebourg. » Extraits.

« Mais qu’est donc allé faire Arnaud Montebourg dans cette affaire ? » s'interroge Médiapart. « Beaucoup, y compris parmi ses proches, se demandent encore les raisons qui ont incité l’ancien ministre de l’économie et du redressement productif à tant s’impliquer dans le lancement d’une petite société minière.» 

2022, la question se pose à nouveau : Mais qu'est donc allé faire Arnaud Montebourg dans cette affaire, en entrant dans le capital d'une jeune et petite société minière, telle que lithium de France ?

Le parquet national financier a ouvert une enquête sur des soupçons de corruption et de fraude fiscale. 

En effet, « fin juillet (2016), le principal dirigeant d’une société minière, soutenue par l'ancien ministre de l'économie et du redressement productif, a été mis en examen pour « abus de biens sociaux et de crédit, de faux et usage de faux et de blanchiment d’argent » en Guinée. Mais ce n’est qu’une des nombreuses ombres de cette affaire. Arnaud Montebourg aide-t-il à monter un projet industriel ? Ou s’est-il fourvoyé, à son corps défendant, à soutenir un coup financier ? » 

« Sur le papier, tout paraît nickel. La start-up affiche ses ambitions de devenir une nouvelle société minière, exploitant la bauxite. Mais elle entend mener ses activités de façon responsable, en association avec les populations locales, dans le respect des normes environnementales et éthiques.» Challenge précisait même, que « sur les conseils d'Arnaud Montebourg, la société qui avait pour nom Bauxite Investment Sarl, a été rebaptisée en juillet 2015: Alliance minière responsable. L'ex ministre s'était notamment fait le chantre lors de son passage à Bercy du concept de la "mine responsable" censée promouvoir des techniques plus respectueuses de l'environnement.» 

Bis répétita ? 2021, la toute jeune société Arverne Géothermal, qui venait de fêter sa première année d'existence, se voyait rebaptiser lithium de France. Quelques mois plus tard, suite à une levée de fonds, Arnaud Montebourg entre dans le capital de l'entreprise. Simple coincidence ou bis répétita ? Lithium de France Made in France ? Avec ce slogan, Montebourg fait d'une pierre 2 coups.

«Mais avoir un permis d’exploration ne fait pas d’un coup un groupe minier. Il faut des moyens financiers énormes. (...) Il faut être introduit dans ce secteur très à part, avoir des associés, des partenaires. (...) Pour l’instant, Alliance Minière Responsable n’appartient pas à ce monde industriel-là. La société n’est tout simplement pas taillée pour être présente dans un secteur à très haute intensité capitalistique, exposé à des variations de marché dignes des montagnes russes. Elle n’a réuni que quelque 3,5 millions d’euros de capital, et dans des conditions qui font plus penser à des jeux financiers qu’à des projets industriels.» 

«Des augmentations de capital avec des primes toujours plus élevées, alors qu’il n’y a aucun résultat tangible, des actionnaires prestigieux dont on fait largement la publicité, des déclarations de plus en plus enthousiastes sur la qualité du gisement… Comment ne pas penser au schéma décrit dans le livre A Team Enriched, où les protagonistes d’Uramin expliquaient longuement leur spectaculaire coup financier, qui allait être une des plus grandes arnaques du siècle dans le secteur minier ? » 

Avec 2 augmentations de capital en moins de 2 ans, sans résultat tangible, une troisième bien plus importante est prévu. Nous avons des actionnaires aussi "prestigieux" qu'enlacés par de grosses zones d'ombres, des schémas qui se répètent, ne sommes nous pas entrain d'assister, avec la société lithium de France, à un grand jeu spéculatif ? Les enjeux mis en avant ne sont ils pas uniquement des enjeux financier, politiques sous couvert d'une pseudo transition énergétique, qui se prépare, en dépit de la vie, qu'elle soit humaine, animale ou végétale ? 

Se'Th

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