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Ces vingt jours ont donc fait plus pour son édification que ses sept ans passés à la tête du ministère de l’Intérieur puis de la République. Et encore, compte tenu des mesures protégeant les anciens présidents, Sarkozy a bénéficié de conditions moins pires que celles auxquels les autres détenus sont astreints: cellule individuelle et protection rapprochée de deux policiers.
En tant que patron de la police puis de l’Elysée, il a dû pourtant en recevoir par liasses, des rapports sur les conditions scandaleuses des prisons françaises! Car cela fait des lustres que la France est condamnée par la Cour européenne des droits de l’homme pour ses conditions carcérales indignes d’un pays européen.
En 25 ans, la situation a empiré
Nicolas Sarkozy a certainement au moins feuilleté d’un air las ce rapport de la Commission d’enquête du Sénat intitulé « Prisons: une humiliation pour la République ». Les sénateurs dressaient ce constat infamant:
Au total, la commission d'enquête a pu constater que les conditions de détention dans les maisons d'arrêt étaient souvent indignes d'un pays qui se targue de donner des leçons à l'extérieur dans le domaine des droits de l'homme et qui a été condamné à plusieurs reprises par les instances européennes justement sourcilleuses en ce domaine.
Ce rapport fut déposé le 29 juin 2000. Vingt-cinq plus tard, la situation, non seulement ne s’est pas améliorée, mais elle a empiré. « L’état de nos prisons est honteux, c’est immonde », s’est exclamée le 5 juin dernier à Public Sénat Dominique Simmonot, Contrôleuse générale des lieux de privation de liberté.
Entretemps, Nicolas Sarkozy est parvenu au pouvoir sans rien changer à ce sinistre état de fait. Au contraire, par sa politique pénale, il a fortement contribué à la surpopulation pénale qui met en échec toute politique de réintégration sociale des prisonniers.
Les autres présidents, Hollande et Macron, n’ont pas fait grand-chose non plus. Ce qui n’excuse en rien l’ancien pensionnaire de La Santé.
« On s’en fout, jusqu’au jour où… »
A la décharge des gens du pouvoir, il faut souligner que les Français se montrent très majoritairement insensibles à la question carcérale. Sauf, bien sûr, lorsqu’ils deviennent concernés. Dès lors, aucun politicien ne fait campagne sur ce thème.
Il a fallu l’incarcération d’hommes politiques issus de la Résistance pour que les plus importantes réformes carcérales – celles des années 1945-1946 – soient mises en œuvre.
Les vingt jours à La Santé du ci-devant président suffiront-ils à persuader la caste politicienne de se pencher enfin sur cette douloureuse question? Pour ce faire, Il faudrait sans doute que davantage de politiciens passent par la case prison!
Jean-Noël Cuénod