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Fondée en Charente-Maritime, cette compagnie cherche à sortir des clichés qui réduisent le hip-hop en simple composante chorégraphique de la culture rap.
Les puristes de la culture de rue hurleront à la trahison, démontrant ainsi que les plus rebelles d’apparence n’échappent pas toujours aux pesanteurs du conservatisme. Eh oui, on peut être enfermé dans la rue ! Et parfois, il faut chercher à en sortir.
Tout mouvement artistique d’importance connaît cette évolution : transgression, extension de la transgression et classicisme, lorsque les normes sont fixées. On peut protester contre cette «récupération» par le système culturel majoritaire. C’est aussi attendrissant qu’inutile, comme la nostalgie des lampes à huile et de la marine à voile, pour reprendre l’expression du général de Gaulle.
Il est préférable de choisir un autre pari qui est celui de conserver les éléments de transgression dans une œuvre devenue un classique. Molière a été «récupéré» depuis belles lurettes mais, mises en scène correctement, ses œuvres demeurent subversives. C’est donc ce défi, celui de conserver au Hip-Hop son cœur subversif sous un corps classique, que la Compagnie Pyramid a relevé.
Avec « Index », Pyramid a poussé la provocation fort loin, puisqu’il s’agit de jouer avec des livres et des bibliothèques, symboles de cette culture élitaire honnie par la culture rap. Ils vont se faire encore des amis chez les « rapeurs », les gars de Pyramid ! Provocation aussi vis-à-vis des tenants de la culture dominante pour lesquels les bouquins sont objets de vénération. Pensez donc, des livres qui explosent, qui brûlent, qui se lancent, qui se mangent, qui se lèchent, des livres-jeux, des livres-danse, des livres-passions… Mais quelle horreur, quelle indécence !
Pourtant, avec « Index », la Compagnie Pyramid a rendu à l’écrit le plus beaux des hommages en mouvement. Le public de l’Odyssée – salle comble – l’a bien compris en offrant aux danseurs une ovation debout fort méritée.
Danseurs : Youssef bel Baraka, Mustapha Ridaoui, Rudy Torres, Tony Baron.
Chorégraphie de Youssef bel Baraka, Mustapha Ridaoui, Jamel Feraouch.
Le coup de cœur du Plouc : histoires courtes et histoire de couples
Deux couples formant compagnies ont été réunis par les organisateurs de Mimos, Yma (Chloé Hernandez et Orin Camus) et Mangano-Massip (Sara Mangano et Pierre-Yves Massip) pour créer sept «Histoires courtes», dansées sous les frondaisons du parc Gamenson à Périgueux. Instants de tendresse et de tumulte. En un mot, l’Amour, avec un A majestueusement majuscule. Voici les vidéos saisies par Le Plouc.
Jean-Noël Cuénod