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Billet de blog 5 juillet 2023

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La pollution : un homicide volontaire avec préméditation

Très bientôt, les conséquences cataclysmiques des impacts des activités économiques débridées du capitalocène ne seront plus gérables, nous préviennent les climatologues et les biologistes… En fait, on le savait déjà pertinemment au début des années soixante-dix !

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On le savait pertinemment

« Dans leur ouvrage intitulé " The limits to growth ", ces scientifiques affirmaient, en 1972, que si l’humanité continuait à poursuivre sa croissance économique sans tenir compte des coûts environnementaux, elle allait droit dans le mur. 

Dans une Amérique à peine sortie des Golden Sixties et pas encore tout à fait dans la première crise pétrolière, ce livre, également connu sous le nom de "Rapport Meadows", fut d’abord taxé de catastrophiste et fit l’objet de nombreuses controverses (ce qui ne l’empêcha pas de devenir un best-seller)

À partir de données statistiques recueillies depuis le début du 20e siècle et relatives à cinq facteurs (population, ressources, production industrielle, pollution et nourriture), les chercheurs ont donc généré différents scénarios de développement à l’aide de World3 en faisant varier les hypothèses sur notamment l’innovation, les ressources non renouvelables ou les priorités sociétales. »[1].

Illustration 1

Cette simulation d’une incroyable précision, connue de beaucoup de personnes et forcément des décideurs, montrait que le facteur « pollution », s’il continuait à être superbement ignoré -comme cela a été le cas le début de l’industrialisation, - allait dessiner un horizon apocalyptique pour l’humanité.

Cela n’a pas empêché de persister

Dix ans avant la publication du rapport "Rapport Meadows", en 1962, la biologiste Rachel Carson publie, toujours aux Etats-Unis, Printemps Silencieux, où elle traite des effets négatifs  des pesticides sur l'environnement, et plus particulièrement sur les oiseaux.

Ce livre créa un véritable tollé. Il est connu pour avoir contribué à lancer le mouvement écologiste dans le monde occidental.

Après l’usage du DDT, que le livre de Carson a rendu inacceptable aux yeux de l’opinion public, des générations pesticides destructeurs se sont succédés, déployant une armada de guerre toujours plus sophistiquée, redoutable et pernicieuse dans leurs effets sur le vivant : les organochlorés, les pyréthrinoïdes, les néonicotinoïdes… Il y a, actuellement, dans les cartons des centres de recherche de cette industrie de la mort : les pesticides ARN[2] et le « silençage génétique »[3].

Toujours concernant, le génie génétique, les « vaccins auto disséminents » et le « forçage génétique » sont opérationnels au stade expérimental.

Ni les scandales sanitaires, ni les scandales de conflits d’intérêts, ni ceux du lobbying industriel auprès des instances (gouvernements, agences gouvernementales, média…) n’ont eu raison de cette démarche délibérée et criminelles des milieux des affaires.

Ceux-ci ont investi des milliards dans des stratégies d’intox, notamment pour jeter le doute, sinon l’anathème sur les lanceurs d’alerte, souvent des scientifiques, comme ceux du MIT, les biologistes comme Rachel Carson ou les climatologues du GIEC…

Brouiller sciemment les pistes : l’intox sociale

Pierre-Henri Gouyon professeur au Museum National d’Histoire Naturelle montre que l’argument selon lequel l’usage des pesticides est indispensable à la production alimentaire mondiale est purement et simplement un slogan, confectionné de toute pièce pour manipuler l’opinion public[4]. Et, donc, n’ayant, bien sûr, aucun fondement scientifique.

L’exemple le plus significatif d’intox sociale a consisté dans l’alimentation d’une fausse polémique sur le réchauffement climatique. Même si celle-ci est apparue originellement au sein même de la communauté scientifique, les mesures effectués sur l’ensemble de la surface du globe ont vite mis tout le monde d’accord : la tendance au réchauffement est un fait incontestable.

Avec son documentaire sorti en 2006, Une vérité qui dérange, l'ancien vice-président américain Al Gore a attiré l'attention du public sur la menace que représente le changement climatique.

Malgré la pertinence de sa mobilisation, vingt ans se sont écoulés sur fond de déni climatique. Le « déni du réchauffement climatique » est une attitude de dénégation face au consensus scientifique sur le réchauffement climatique. Il a servi longtemps de paravent pour le refus de remettre quoique ce soit en cause en vue prendre en compte les causes du réchauffement climatique.

Même, s’il n’est plus guère évoqué explicitement, ce déni persiste sous d’autres formes…

Laurence Tubiana, l’une des chevilles ouvrières de l’accord de Paris de 2015 déplore : « Le “greenwashing” est aujourd’hui le nouveau déni climatique ».

L’inaction climatique : un mal profond

Dans Planète malade, un texte inédit de 1971 publié en 2004 cher Fayard, Guy Débord[5] parle d’une « société toujours plus malade, mais toujours plus puissante à recréer partout concrètement le monde comme environnement et décor de sa maladie. »

Certains décideurs préfèrent même envisager la fin du monde (scénario à + 4°C) plutôt que la fin du capitalisme !

« Alors que le sixième rapport du Giec appelle à une action immédiate et malgré l'existence de solutions concrètes au changement climatique, les réactions efficaces se font attendre. "La solution au changement climatique ne va pas dépendre uniquement de réponses technologiques, mais aussi de modifications profondes de nos sociétés et de nos comportements", affirme Aurore Grandin, chercheuse en sciences cognitives à l'Ecole Normale Supérieure (ENS-PSL). Car si les conséquences du changement climatique sont externes, les raisons pour lesquelles il nous est si difficile d'agir efficacement sont en partie inscrites dans le fonctionnement de notre psychologie et de nos cerveaux. »

« Pour faire émerger la coopération et écarter la "tragédie des communs", il faut donc avoir le sentiment de ne pas être seuls à contribuer et que les efforts sont équitablement distribués, précise la chercheuse. Pour cela, il faut de la transparence. »

Passer à l’action

« Si nous agissons maintenant, nous pouvons encore assurer un avenir durable et vivable pour tous ». Les mots sont simples et clairs. Ce sont ceux d’Hoesung Lee, le président du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).

Ces paroles résonnent étonnamment avec les perspectives d’un scénario optimiste du MIT.

A l’échéance toute proche de 2030-2040, ce scénario des scientifiques du MIT bifurque in extrémiste du scénario d’effondrement, en jugulant l’évolution exponentielle du facteur « pollution », par fléchissant drastiquement de l’évolution de l’usage des ressources.

Illustration 2

Nous savons tous, très bien ce que cela veut dire : la fin de l’usage immodéré du pétrole mais aussi la fin des productions délirantes de l’industrie pétrochimique : plastiques jetables, pesticides dévastateurs… et même médicaments de synthèse toxiques !

Autant dire, que l’économie, telle qu’elle est bâtie aujourd’hui, avec ses mensonges grossiers, ses compromissions honteuses et ses tours de Babel de produits financiers toxiques, ne peut aucunement survivre à un tel scénario.

Un peu de brainstorming

Si les scientifiques du MIT évoquent un « changements de valeurs » dans le scénario permettant de bifurquer in extrémiste, ils ne donnent, cependant, pas plus de précisions...

Ce n’est peut-être, d’ailleurs, pas seulement le rôle des scientifiques de s’atteler à une telle tâche ?

Alors, je vous propose d’y participer, sous ma modeste impulsion…

Pour commencer, récapitulons les éléments composant cette étude :

  • L’économie capitaliste porte en son sein un méga bug : le déni inébranlable des coûts environnementaux et sans doute aussi des « coûts » sociaux et humains
  • La correction de ce bug, nécessitant l’opération du « malade » entrainerait sa mort
  • Autant passer directement au deuil d’une chimère économique, mort-née !

Il est assez aisé d’énumérer ce dont il convient de faire le deuil dans la foulée :

  • Le matérialisme obtus (qui oblige à consommer, travailler et amasser indéfiniment)
  • La dévotion à l’égard de la technologie (qui retient notre admiration au détriment du génie du vivant qui dépasse de très loin celui des créations technologiques humaines)
  • La soumission à des institutions sociales, éducatives et politiques d’un autre âge…

Mais, à ne considérer que l’aspect renoncement, nous risquons de glisser inexorablement dans la passivité, voire la dépression, alors qu’il s’agit justement d’agir rapidement et efficacement, pour conserver toutes nos chances de bifurquer à temps !

Ce qu’on gagne à bifurquer

On gagne la survie de l’ensemble des êtres, actuellement, encore vivants sur cette belle planète bleue…

En esquivant, avec audace et courage, l’effondrement tant annoncé.

Ce n’est pas rien…

Mais, ce n’est évidemment pas tout.

Ce n’est pas uniquement par manque d’imagination, mais aussi par lassitude de voir les valeurs humaines fondamentales ignorées ou bafouées que nous n’osons même plus nous projeter dans un « autre monde possible »[7].

Il va nous falloir aussi renoncer à l’héritage maudit de la pensée et des émotions négatives.

Dans ce but, je vous donne à méditer des citations suivantes, certes brèves et disparates, mais que je souhaite évocatrices pour vous.

Elles sont extraites de La machine existentielle, L’homme qui rêvait de Paix, paru en 2021 aux éditions Pernitax :

  • Notre mental fait preuve d’étroitesse d’esprit (p449)
  • L’esprit n’invente absolument rien, il capte à son profit des idées (p467)
  • L’ivresse du pouvoir maintient l’esprit des dirigeants en état de servitude (p553)
  • La poignée des élites tombera de son édifice dans l’indifférence générale (p 459)
  • Il est grand temps de changer les automatismes négatifs de l’esprit (p421)
  • Une étonnante clairvoyance ancrée dans une conscience positive (p 457)
  • Notre potentiel créatif contribue grandement à notre évolution personnelle et il prend part activement à la transformation graduelle et continue de l’humanité (p468)

Yves Robert, écologue et auteur

https://www.editions-maia.com/livre/prendre-pleinement-part-a-la-vie/

[1] https://www.rtbf.be/article/en-1972-un-modele-du-mit-a-predit-leffondrement-de-notre-civilisation-pour-2040-et-jusquici-il-ne-sest-presque-pas-trompe-10814350e soixante

[2] https://action.pollinis.org/mailings/view/21019#.ZDu7MrSiMUc.link

[3] https://www.youtube.com/watch?v=xYLAyJB5cNo

[4] https://www.youtube.com/watch?v=6FQT7b2ExP4

 [5] Guy Debord est un écrivain, théoricien, cinéaste, poète et révolutionnaire français, auteur notamment de La société du spectacle (1967)

[7] « Un autre monde est possible » est le slogan des altermondialistes

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