L’exploitation de l’homme par l’homme, des racines sociales et éthiques profondes
Depuis que la société humaine a été divisée en classes, il y a des milliers d’années, l’exploitation sociale de ses semblables s’est mise en place inexorablement. Cette division s’est systématisée à l’époque romaine.
Plus la société romaine s’activait, plus elle contribuait à la souffrance de l’humanité. Toujours plus de population était mise en état d’esclavage pour satisfaire les besoins de la classe dirigeante. Les fruits de ce travail permettaient et même incitait les dominants à continuer à conquérir, dans les larmes et le sang, toujours plus de territoires…
Une telle source de profit n’a pas de limite, sinon humaine… Et maintenant écologique, à l’échelle planétaire.
Les grecs et les romains de bonnes familles méprisaient à juste raison le travail, qui consiste dans l’exploitation d’autres êtres humains. Considérer les esclaves comme étant de condition humaine inférieure, permettait d’entretenir une bonne conscience intacte.
Le travail est encore aujourd’hui un devoir pour celles et ceux qui ne possèdent pas assez pour récolter les fruits du travail des autres.
Comment le travail a toujours été destructif
En fait, le travail a toujours été destructif comme le montre la situation il y a deux milles ans. C’est l’un de nos héritages social et cultuel les plus scabreux… Et pourtant, c’est celui qui est toujours le moins remis en cause !
Il a fallu que la recherche effrénée de profit impacte la survie à l’échelle mondiale, pour que la question se pose avec plus d’acuité.
Pourtant, il est encore habituel que l’on fasse des efforts démesurés pour continuer à associer ces deux termes incompatibles que sont l’écologie et le travail.
Un "travail écologique" est un oxymore, c’est-à-dire la réunion de deux termes contradictoires. En effet, le travail n’est pas écologique. Et, l’écologie ne se décline pas du tout en termes de travail.
Pour donner une première illustration, en permaculture, on ne vénère plus le travail… Ça ne veut pas dire que les permaculteurs "ne foutent rien"… Ça veut juste dire qu’ils ont abandonné, à raison, la notion de travail.
On ne « travaille » plus les sols ; on rétablit des sols vivants. Et on laisse opérer les processus naturels des sols. Ces processus étant parfaitement optimisés.
Le travail n’est aucunement une valeur humaine. Alors que la sécurité physique, affective et psychique, la considération, la bienveillance le sont.
Il faut, bien sûr, redoubler d’efforts pour tenter vainement de prouver le contraire. Certains allant même jusqu’à affirmer que le travail est «l’essence de l’homme». Il s’agit d’une éthique imposée socialement à grand renfort d’éducation punitive, d’intégration d’un sentiment d’indignité, qui conduit effectivement à l’acceptation d’une soumission humaine indigne.
Dans Planète malade, un texte inédit de 1971 publié en 2004 cher Fayard, Guy Débord parle d’une « société toujours plus malade, mais toujours plus puissante à recréer partout concrètement le monde comme environnement et décor de sa maladie. »
Cette maladie a pour cause l’idée perverse selon laquelle les humains ne sont qu’« utiles» et «utilisables». Ils ne sont ensemble que parce cela leur permet de soumettre les autres à leurs besoins ; et non parce qu’ils apprécient d’être en compagnie les uns des autres.
Ré-
Agrandissement : Illustration 1
envisager l’abondance dans l’existence
L’approche économique moderne, qui s’appuie sur l’exploitation par le travail, a substitué au principe d’abondance inscrit dans le vivant (la nature, notamment) une gestion organisée de la pénurie (par l’économie moderne).
Il s’agit d’asservir les autres et la nature. Ceci n’a pas de limite ; et, conduit in fini, à épuiser toutes les ressources et l’entièreté de la vitalité et de la bonté humaine.
La vie sociale ne peut commencer vraiment à s’épanouir que dans la réciprocité, source de surabondance.
On a réussi à décrédibiliser la notion d’abondance, qui est inclue dans la nature, par nature, surabondante et dans l’amour pour nos semblables, qu’une culture obscène a détournée en intérêt personnel, valeur éthique de bas étage.
On est pourtant proche de l’abondance dans l’évolution humaine.
Une part prépondérante de la société humaine mondiale parvient aujourd’hui à l’incarner.
Quand cette part sera suffisamment significative – 10 % de la population suffirait – leur exemplarité aura un effet irrésistible de bascule.