Le travail capitaliste
Le contrat de travail nous met à la solde des décideurs. Il n’est plus question alors de leur demander des comptes, puisque dès le départ, dans ce contrat, nous avons renoncé à notre pouvoir de décision…
L’adhésion à l’inégalité des statuts est quelque chose de décisif dans le capitalisme, comme il l’était dans le régime monarchique. C’est une organisation sociale qui institue la domination de classe.
« Au lieu que la production repose sur ses pieds : les producteurs, elle est dictée par une classe qui instrumentalise les producteurs », explique Bernard Friot dans un entretien avec Salomé Saqué sur Blast :
Nous n’avons pas été « éduqués » – et c’est là un euphémisme – dans l’idée que nous sommes toutes et tous aptes à prendre des décisions collectivement.
Notamment, il n’y a pas d’habitudes collectives de décider sur le lieu de travail.
Pour maintenir ce statut quo, la politique met en spectacle la légitimité d’une version de la vie sociale totalement erronée. Cette mise en scène contribuent à auto-persuader la classe dominante d’un pouvoir qu’elle usurpe en permanence.
Car seules les personnes qui œuvrent ont réellement et très concrètement ce pouvoir.
Lancer un débat populaire sur le travail
« La politique s’arrête à la porte des entreprises, à la porte des services publics » nous rappelle Bernard Friot. Il s’agit de déplacer le conflit sur son réel lieu d’exercice qu’est le "travail", et non d’abord la politique.
Le débat sur le contenu du travail est comme tabou. C’est un verrou devenu totalement insupportable à l’heure de la destruction planétaire par le système d'esclavage moderne, que constitue le travail salarié !
« La Gauche est inaudible parce qu’elle ne politise pas le travail » analyse Bernard Friot.
La raison est sans doute que les professionnels de la politique ne voient pas d’un très bon œil le « dépérissement de l’État » nécessaire pour faire place à l’auto-organisation.
Il s’agit de ne plus dépendre de l’acte de travail pour avoir des ressources. Car aujourd’hui sans salaire, nous sommes privés de notre dignité, physiquement et moralement.
Les mauvaises habitudes, l’emprisonnement dans lequel elles maintiennent nos corps, nos cœurs et nos esprits relaient l’emprise totalement néfaste de l’idéologie dominante. Celle encore trop largement partagée de la vision capitaliste du travail, qui instrumentalise l’humain.
Les jeunes générations, marginalisées par le monde du travail et donc exonérées d’héritage de cette vision capitaliste du travail ont eu l’occasion de s’interroger sur le sujet et s’autorisent à ne pas « faire de la merde au service du capital ».
C’est une base solide de la détermination à œuvrer selon notre propre déontologie.

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Renoncer in fine au travail, en lui-même
Le travail salarié, qui réduit l’être humain à un rôle de petit soldat, va manifestement à l’encontre d’une éthique humaine de base.
Non seulement, en arrivant sur Terre nous ne devons rien à personne, mais notre subsistance doit être garantie par la collectivité, qui se manifesterait alors comme une société humaine digne de ce nom.
D’ailleurs, la première raison pour laquelle nous devrions exiger de nous libérer de l’esclavage du travail salarié devrait être de refuser de souffrir totalement inutilement. Et de sacrifier nos relations avec les autres : nos enfants, nos conjoints, etc… Et, in fine, tous nos semblables sur la totalité de la surface du globe terrestre !
Derrière l’idéologie intéressée de la production de masse et de la consommation de masse, il y a une idéologie matérialiste très frustre.
Cela s’appuie sur une vision très faussée de l’existence humaine où le matérialisme seul contribue au bonheur. Où il faut tout lui sacrifier, y compris sa propre conscience… Alors qu’il a été prouvé que c’est la qualité des relations humaines qui, de loin, contribue le plus au bonheur d’être vivant sur terre.
Une vision instrumentalisée des relations humaines ne peut d’ailleurs qu’avoir été promue et maintenue de force par des personnes « tarées », dont les déficits émotionnelles et cognitifs les privent de l’accès à la joie d’être dans le lien reconnu et établi avec les autres.
Yves Robert, écologue et auteur
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