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Billet de blog 26 octobre 2023

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Quand les préceptes absurdes du « rien que pour moi » volent en éclats

Nous avons déjà, dans la conscience collective , largement entamé le processus de renoncement à la trajectoire « business is usual ». Pour preuve : la très palpable ambiance de déprime qui règne un peu partout dans notre société. Car, nous savons que l’issue ne viendra pas des « marchands » de faux espoirs.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le fait que nous nous préparons, plus ou moins consciemment, à la perspective des ruptures présentes et  à venir, dément totalement la pertinence à sauver les espoirs de maintien, coûte que coûte, du monde « d’avant », en toujours plus stressant, cru et absurde.

Nous n’allons pas pouvoir feindre encore très longtemps notre foi dans une économie buggée, un système politique digne de l’âge de glace et une vie en société en totale déliquescence.

Quand notre moral fait du yo-yo

Il pèse sur nous tous, dès que le lever du jour, une charge mentale insupportable : celle de se dire qu’il va falloir tenir jusqu’au soir… Et, parfois, même, une grande partie de la nuit, quand on a quitté le lit car le sommeil fait cruellement défaut.

L’agressivité observée dans les rapports sociaux les plus ordinaires, même si elle ne mérite pas vraiment d’excuses, est cependant le plus souvent imputable au manque flagrant de repos des personnes, ce qui implique fatalement la baisse du seuil de tolérance au stress et à la frustration.

Stress et frustration, dont l’évolution va crescendo de jour en jour !

Faute de pouvoir décider de « pouvoir faire transat », comme dit si bien mon meilleur ami, le recours au congés maladie, aux médicaments et psychotropes ou encore à toute sorte d’autres produits ou comportements addictifs, va crescendo.

Lui aussi…

Lâcher-prise pour que la mobilisation se fasse avant qu’il ne soit trop tard

Très bientôt, les conséquences cataclysmiques des impacts des activités économiques débridées du capitalocène[1] ne seront plus gérables, sans interventions massives, nous préviennent les climatologues et les biologistes…

En fait, on le savait déjà pertinemment au début des années soixante-dix ![2]

Les conséquences des évolutions climatiques, déjà très rapides et sévères, sont clairement énoncées :

  • Des canicules entrainant des épisodes, de plus en plus drastiques, de sécheresse et/ou d’inondations parfaitement invivables,
  • Une tension sur l’approvisionnement en eau douce et la pérennité les cultures et des élevages,
  • La montée, inexorable, du niveau des mers qui menace les iles les polders ainsi que les grands deltas fluviaux, dès aujourd’hui, lors de tempêtes toujours plus dévastatrices.

La mobilisation[3] pour gérer les conséquences, que la génération d’avant n’a pas trouvé utile d’anticiper, ne concerne pas uniquement les jeunes.

Ce serait trop simple…

Il y a au moins trois raisons pour lesquelles l’attentisme cynique et les mensonges persistants[4] des dernières décennies ne se prolongera pas indéfiniment :

  • D’abord, parce que les chamboulements sont tellement rapides que « les adultes de demain » n’auront pas le temps d’accéder aux postes décisionnels importants avant que des prises de position massives et urgentes s’imposent.
  • Ensuite, comme le remarque Jean-Marc Jancovici : « Quand on sent le souffle de la bête dans notre cou », des ressources insoupçonnées se réveillent en nous pour agir[5].
  • Enfin, parce que le sort de l’humanité n’est guère une affaire qui puisse être prise à la légère encore bien longtemps aux plus hauts des niveaux décisionnels.

Et, cela malgré toutes les remises en cause des fondamentaux de notre civilisation que cela imposera[6].

Notre sens inné du bon « reprogrammé » culturellement par celui de l’absurde égoïsme

Contrairement aux présupposés désastreux défendant le soi-disant constat que la nature humaine est profondément « mauvaise », les faits montrent, lors des catastrophes notamment, que la solidarité humaine est un comportement spontané.

Les comportements manifestement inadaptés, quand ils ne sont pas carrément abusifs à l’égard des tous petits et des enfants, et qui se trouvent ancrés à l’âge adulte, reprogramment notre égo « à agir davantage avec la tête qu’avec le cœur »[7].

L’expérience aimante d’être mère, père, frère ou sœur, voire grands-parents… offre l’opportunité d’un changement majeur.

Le parcours de l’enfant qui lui permet d’atteindre la pleine autonomie, initié dés le ventre de sa mère qui lui offre la « bulle protectrice », fourni « tout ce don l’ego a besoin pour se créer, programmer notre sens du bon et se tenir alerté en cas de difficultés » précise Valérie Vayer.

L’égoïsme, à tout prix, est résultat d’une éducation patriarcale, inflexiblement récurrente de génération en génération, « qui abime les egos voire les transforment en monstres »[8]  

Elle y inscrit, de force, le précepte absurde du « tout pour moi, rien que pour moi, moi tout seul », qui ne tient pas une seule seconde en cas de crise collective majeure.

Tout ce dont nous avons besoin c’est d’amour[9]

Certes, il est, encore largement, tabou de parler publiquement d’Amour. « Au lieu, de diffuser des stratégies qui nous aideraient à devenir (réellement en actes) plus aimant.es », le positionnement publiquement correct(!) « encourage en fait tout le monde à s’adapter à des circonstances où l’amour fait défaut », constate Bell Hooks[10].

Notre liberté est entière de refuser un héritage aussi néfaste.

« Chaque individu peut retrouver sa propre connexion à son existence sur la Terre, à la vie et à sa magie. Il peut se relier, c'est-à-dire retrouver en lui le chemin de ses innombrables portes qui lui permettent de suivre la voie de la cohérence dans l’amour. L’introspection ramène à l’essentiel, c’est un retour dans cet « utérus » qui nous a créé il y a longtemps mais pas si longtemps car à portée de notre mémoire. »[11]

Avec la fin nécessaire des grandes manœuvres de destruction du collectif, tous les problèmes vont être réellement débattus publiquement et vont devoir prendre les voies de leur résolution[12].

[1] https://fr.wikipedia.org/wiki/Capitaloc%C3%A8ne

[2] https://blogs.mediapart.fr/culturenature71/blog/050723/la-pollution-un-homicide-volontaire-avec-premeditation

[3] https://blogs.mediapart.fr/culturenature71/blog/231023/faut-il-se-laver-les-mains-du-fait-que-pese-sur-nous-un-probleme-planetaire

[4] https://blogs.mediapart.fr/culturenature71/blog/010923/mentir-ou-se-mentir

[5] https://www.youtube.com/watch?v=UZX6KKin6m4

[6] https://blogs.mediapart.fr/culturenature71/blog/211023/apprendre-desapprendre-cest-utile

[7] https://www.psychologue.net/articles/lego-quest-ce-que-cest-exactement

[8] A moi ! Lorsque l’ego parait, Valérie Vayer, Le Hêtre Myriadis, 2018

[9] https://blogs.mediapart.fr/culturenature71/blog/211023/tout-ce-dont-besoin-c-est-d-amour

[10] A propos d’amour, Bell Hooks, éditions Divergences, 2022

[11] Jérôme Rochelle, Meta Conscience Universelle - conscience collective, individuelle, de la Terre & de l'Univers

12] https://www.editions-maia.com/livre/prendre-pleinement-part-a-la-vie/

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