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Billet de blog 30 avril 2019

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Les abeilles et les hommes

Après avoir connu une longue période de coévolution avec son environnement, l'espèce humaine - pour sa plus grande part - s'en est éloignée radicalement. Croyant le dominer et n'hésitant pas à le détruire, elle en reste totalement dépendant. Examinons cette situation de paradoxe à travers notre relation avec les abeilles.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

L’abeille européenne (Apis mellifera mellifera) venue d’Asie à la faveur du réchauffement postglaciaire a progressivement conquis l’aire occupée par les forêts de feuillus (tilleul, hêtre, chêne, merisier, noisetier…) en s’adaptant de manière exceptionnelle au froid hivernal.

Elle est la plus répandue et la plus connue des milliers d’espèces d’abeilles existant dans le monde et présentant des variations nombreuses de morphologie et de comportement. Leur point commun est leur régime exclusivement végétarien et leur symbiose avec les plantes à fleurs dont leur assurent la reproduction et la diversification depuis des millions d’année.

 De la cueillette à l’élevage

Les hommes ont commencé à « voler » le miel dans les colonies d’abeilles établis dans la nature, imitant d’autres mammifères prédateurs naturels des abeilles (ours, blaireaux…)

Cette « cueillette » pouvait être destructive pour la colonie, car il n’était guère aisé de prélever le miel sans détruire les abeilles défendant leurs provisions. Les hommes ont progressivement  envisagé de favoriser l’implantation de colonies dans les arbres dont ils avaient, sinon la propriété, au moins la gestion ; d’abord dans des cavités creusées à cet effet dans des troncs d’arbres vivants ou morts puis progressivement dans des contenants en bois, en paille ou en poterie, disposés à l’abris des prédateurs.

La récupération d’essaims naturels et leur installation dans des ruches plus ou moins rudimentaires a longtemps constitué le seul geste d’élevage. L’apiculture s’est largement développée dans l’Antiquité sur tous les continents dans un creuset de culture regroupant mythes, poésie et observations.

Au Moyen-Age, miel et cire constituent des ressources de grandes valeurs. Les monastères et les ecclésiastiques  vont contribuer au développement de l’apiculture moderne. Elle est issue de progrès et découvertes remontant à l’Antiquité, développées et  exploitées à la faveur de l’énorme essor économique de l’Occident moderne.

L’abeille européenne, la plus mellifère au monde, a été exportée sur les autres continents, supplantant au moins partiellement les espèces indigènes.

Des bienfaits appréciés depuis des millénaires

Le miel fait partie de la pharmacopée millénaire des grandes civilisations du monde entier : de la Chine à l’Amérique. En Egypte vers -1600 av JC, Il était utilisé comme baume antiseptique pour soigner les plaies. La propolis entrait dans  la composition des produits d’embaumement des défunts.

Les Romains consommaient une eau miellée, nommée oxymel. Différentes recettes d’hydromel sont encore en usage sur tous les continents.

Les exceptionnelles propriétés de la gelée royale ont été redécouvertes. A la faveur des procédés modernes de congélation, le pollen frais connait un regain de consommation.

Abeilles en péril

Comment ce peut-il qu’une espèce à la capacité d’adaptation et à la longévité exceptionnelle - et qui est source d’autant de bienfaits pour la nature et l’homme et indispensable à sa production alimentaire,- puisse être aujourd’hui en péril ? (Voir: Une agriculture bien pensée )

Les effets sur l’environnement des activités humaines ont atteint une capacité de destruction atterrante. Les espèces végétales et animales disparaissent à un rythme accéléré particulièrement depuis ces cinquante dernières années. Il appartient donc à l’homme de travailler à rétablir un équilibre naturel aujourd’hui rompu par une emprise écologique totalement non maitrisée.

Bibliographie:

"Les routes du miel", Eric Tourneret et Sylla de Saint Pierre, Hozoni Edition 356 pages 45 €

"L'Abeille (et le) Philosophe - Étonnant voyage dans la ruche des sages", Pierre-Henri Tavoillot et François Tavoillot, éditions Odile Jacob 2017 23,90 €

"Petit manuel d’apiculture douce en ruche Warré » ,Yves Robert et Aurélie Jeannette (photographie), éditions Terre Vivante dans la collection: Facile et Bio  2019 120 pages 14 €

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