La guerre est déclarée, l'impréparation est totale
Ils agitent leurs mains sur les quais d'où partent, courageux mais résignés, ceux, maris, fils ou frères, qui vont se battre pour leur pays. L’impréparation est totale. Certains ne reçoivent pas de chaussures, d'autres pas de chaussettes. Il manque des bretelles pour les fusils. Les stocks de fusils sont insuffisants. Les gouvernants qui déclarent la guerre n'ont pas écouté les conseils de quelques officiers supérieurs qui insistaient pour moderniser l'armée et demandaient la fabrication d'armes nouvelles ou une meilleure répartition des moyens. Bien à l'abri, avec sur leur visage le masque d'un triomphe annoncé, nos dirigeants saluent ceux qui vont risquer leur vie, et rentrent vite se planquer. On était à l'aube de 1940.
Ils applaudissent de leur balcon celles et ceux qui vont, courageux mais résignés, se battre pour leur pays. L'impréparation est totale. Certains ne reçoivent pas de gants, d'autres pas de masques. Il manque du gel hydroalcoolique. Les stocks de masques sont insuffisants. Les gouvernants, qui appellent ça la guerre, n'ont pas écouté les conseils des médecins et scientifiques qui insistaient pour renforcer les stocks, demandaient l'embauche de personnel hospitalier ou une meilleure répartition des moyens. Bien à l'abri, avec sur les visages les masques qui manquent tant aux combattants, nos dirigeants saluent ceux qui vont risquer leur vie. On est en 2020. C'est reparti comme en 40.
L'union nationale pour museler la France
Daladier , derrière un discours de "gauche" très anti-finance, a vendu le pays au grand capital ; il a quasi fait la peau de la Chambre des députés grâce à un régime de décrets-loi. Il a ainsi mains-libres pour faire reculer le droit du travail et les revenus des salariés, et liquider rapidement les leaders et militants syndicaux. Le 22 mars, un cabinet d'union nationale est mis en place pour gouverner le pays. Plus de place pour le débat, plus d'opposition. Trois mois après, la guerre est perdue. On était en 1940.
Macron, après d'autres ennemis de la finance, derrière sa façade de progrès social, a vendu le pays au grand capital en détruisant notre sécurité sociale : hôpital à genoux, contre-réforme des retraites ; il muselle l'Assemblée nationale à l'aide d'une loi sur l’État d'urgence sanitaire dont les constitutionnalistes doutent de la régularité. Il a ainsi mains-libres pour revenir sur les droits essentiels des salariés (congés, durée légale du travail, travail non rémunéré), et attaquer les dirigeants et militants syndicaux qui osent revendiquer. Le 16 mars, Macron appelle tous les Français à s’inscrire dans une union nationale. Toute contestation est vivement attaquée. La guerre est loin d'être gagnée. On est en 2020. C'est reparti comme en 40 ?
La délation, ce délicieux sentiment de fierté nationale
Des milliers de lettres anonymes de délation parviennent chaque jour à la police ou la Gestapo. Les temps difficiles révèlent la noirceur d'âme de nos compatriotes. On dénonce les juifs réfugiés dans l'étage du dessus : qu'ils partent ! On se méfie des corbeaux derrière leurs rideaux, des frustrés de tout poil qui par leur lettre anonyme auront goûté à ce délicieux sentiment de fierté nationale. On était en 1940.
Des personnels d'hôpital qui s'occupent de malades du COVID-19 reçoivent des lettres anonymes leur demandant de déménager vite fait, car elles mettaient en danger le voisinage. Les temps difficiles révèlent la noirceur d'âme de nos compatriotes. Les forces de l'ordre reçoivent des appels de dénonciation "Mon voisin ne respecte pas le confinement", "il y a trop de monde chez mon voisin". On se méfie des corbeaux derrière leur balcon, des frustrés de tout poil qui par leur appel anonyme savoureront ce délicieux sentiment de fierté nationale. On est en 2020. C'est reparti comme en 40.
Tant de victimes, et des gouvernants qui s'en lavent les mains
Avec la complicité des autorités françaises, on commence à décorer les pyjamas rayés des "socialement inadaptés" avec un triangle noir (ou brun). Le tri de ceux qui vont mourir s'organise, les gouvernants s'en lavent les mains. Des dizaines de milliers de malades mentaux, des centaines de milliers de tziganes, de nombreux vagabonds, marginaux meurent en marge de la guerre. On ne savait pas, on était en 1940.
Aujourd'hui, on est plus subtil : l'exécutif va laisser au corps médical le soin douloureux de trier entre ceux qu'on va essayer de sauver, et ceux qu'on va laisser de côté. Nos gouvernants, qui ont détruit notre système de santé s'en lavent les mains. Les nouveaux triangles noirs sont les personnes âgées dépendantes, les handicapés mentaux, les sans-abri (qu'on verbalisera de ci, de là, pour non respect du confinement), les migrants, les gens du voyage ... Au vu du nombre de morts qui s'annonce, ça va être terrible. Mais là, on sait ; on est en 2020. C'est reparti comme en 40 ?
Fin de la guerre, grandes conquêtes sociales
Le cabinet d'union nationale a été l'avant-dernier de la IIIe République. Dès la fin de la guerre le Conseil National de la Résistance jetait les bases des grandes réformes qui conduisirent aux plus grandes conquêtes sociales du XXè siècle. Qui aurait cru ça possible, en 1940 ?
Le gouvernement Macron-Philippe est l'avant dernier de la Ve République. Dès la fin de la guerre un nouveau Conseil National de la Résistance jette les bases des grandes réformes qui conduiront aux plus grandes conquêtes sociales et environnementales du XXIè siècle. On est en 2020. Tant qu'à être reparti comme en 40, autant qu'on en prenne de la graine.