Mercredi 9 octobre, 55 000 billets ont été vendus en 9 minutes pour rencontrer la star du prochain festival des Vieilles Charrues cet été. Un record obtenu par Céline Dion à qui les organisateurs bretons ont versé le plus gros cachet depuis le début du festival.
Ces places vendues en 9 minutes, ça semble invraisemblable. Tout comme le désir des programmateurs de casser leur tirelire pour la Québécoise. Et si les algues vertes des plages bretonnes commençaient à perturber le cerveau des habitants de la côte comme ceux des terres en Bretagne ? Ces 9 minutes de folie sont peut-être le résultat d’une intoxication aux algues vertes par les airs ?
Le festival des Vieilles Charrues à Carhaix, l’un des plus gros festivals de musique au monde, a été créé en 1992. Si les premières éditions contenaient une programmation avant tout rock, l’organisation s’est vite ouverte à d’autres styles musicaux. Ce n’est pas un hasard si le sulfureux rappeur Booba a été programmé en 2019 : rapper dans les festivals lui change de l’ambiance des bagarres d’aéroport avec un final en garde à vue. La marque de fabrique des Vieilles Charrues est plus proche de la contestation et des frasques que du manuel de la bonne conduite en société. C’est un peu notre Woodstock français.
Iggy Pop, Lou Red, Bob Dylan ou Noir Désir figurent parmi les grands noms des invités du festival. Assurer le relais de ces « mauvais garçons » avec Céline Dion n’a rien d’une simple pirouette. C’est plutôt le grand écart suivi d’une série de saltos arrière jusqu’à épuisement. Passer de la révolte vocale guidée par les guitares électriques à la voix surpuissante de la chanteuse québécoise louant l’amour chaque minute (à se demander si son parolier n’a pas plagié certains écrits des témoins de Jéhovah) est le genre d’idée pouvant faire surgir une atmosphère d’apocalypse à Carhaix. Si on ajoute l’apparition du fantôme de René au show, c’est la panique générale garantie !
Mais jouer avec les nerfs d’un public en plein concert est risqué. Il faut se méfier de l’écart du fossé d’incompréhension entre la scène et les spectateurs. La brutalité de la transition vers l’appel à l’amour à toutes les sauces canadiennes peut pousser le public à saccager la verdure et les scènes pour tenter de maintenir un équilibre au niveau émotionnel. Carhaix pourrait devenir la première ville martyre du cyclone Céline. Tous les terrains ne se prêtent pas aux vocalises de la Québécoise. Même les animaux et les végétaux peuvent réagir violemment à ses envolées lyriques. Nous ne sommes pas à l’abri d’une attaque de sangliers à partir de cent décibels et aucun habitant de la commune ne répond au nom d’Obélix.
Puis souvenez-vous du Titanic. La traversée se déroulait parfaitement avant que la chanteuse ne défie l’océan telle une sirène avec ses cordes vocales. À l’intérieur, on dansait, buvait, plaisantait. C’était un peu « La croisière s’amuse ». L’homme à la barre, hypnotisé par un chant marin jamais entendu, a dévié la trajectoire du paquebot. La suite, on la connaît… Bang ! « Saloperie d’iceberg ! La fonte des glaces, mon cul ! » ronchonna le capitaine en sortant de sa cabine.
Le Titanic se termine sur une fausse note lourde de conséquences et indigne d’une chanteuse professionnelle. Souhaitons à Céline Dion et à son public d’éviter le naufrage le 16 juillet. Sur le plancher des vaches, la chanteuse sera moins tentée de jouer les sirènes…
Petite recommandation : pensez à vous équiper d’une bonne paire de bottes car la boue pourrait remplacer l’eau de l’océan en terme de décor.