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Billet de blog 5 février 2022

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Le Lion et le Rat-à-cinq-têtes, (de La Fontaine, dit-on...)

Un ami, féru de La Fontaine, m'a envoyé cette fable qui serait parmi les inédits du poète. Il sait mon intérêt pour la campagne électorale de 2022. Et, de fait, on se demande si La Fontaine n'aurait pas eu quelque ascendance avec Nostradamus...

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Le Lion et le Rat-à-cinq-têtes

D'une République ancienne et fatiguée,

À un jeune lion on offrit le palais.

Désigné, l'animal fut alors couronné.

Ce jouvenceau trônait ; une cour l'entourait

Flatteuse, comme il sied à une Majesté.

Les courtisans ployaient de louanges lestés.

Enjôleur, tous les jours, gringottait un ministre.

« Jamais on ne vit tant de science en un esprit ! »

Disait un bouc chenu, jouant flûtes et sistre.

« Je l'aime ! » disait-il pour que le Roi l'apprît.

Tout le gouvernement était à son image.

Et le jeune lion se croyait bel et sage.

Si quelques chats pelés siégeaient à sa droite,

C'était pour mieux piller la nation des souris :

Une petite gent à la richesse étroite

Qui voulait plus de soins, être mieux nourrie.

« Il est temps » répétait l'ordre trotte-menu

« De nous montrer plus forts, face au roi malvenu ! 

Un tyran n'aurait pas dérobé plus nos grains

Ni n'aurait plus souvent ses propres lois enfreint ! »

La souveraineté leur semblait si facile

À conquérir : il ne restait qu'à être habile.

Toutes voulaient gagner, ensemble, un même Éden,

Un pays de cocagne où la vie est sereine.

Puis on se demanda qui serait candidat.

« Moi ! » tonna une voix, sans nul autre débat.

C'était le Roi-de-Rats, au quintuple gosier

Ses cinq têtes étaient par ses cinq queues reliées.

On voyait côtoyer Mélas aux tempes grises,

Eaux-de-Jade, Tobie de poésie éprise,

Sel-Roux auparavant appelé « Patte-Rouge »

Et enfin Fière-Algo, longtemps cheffe d'un bouge.

« Quatre têtes de trop ! » hurlaient-ils de concert.

On n'entendait que « Moi ! » en cris de ralliement.

Sans cesse leur combat fut de se mettre à terre,

Oubliant leurs projets, leurs idéaux, les gens.

Et chacun de tirer sur sa queue et de mordre

Son prochain : le Rat-Roi régnait sur son désordre.

Quelques souris riaient, beaucoup le déploraient.

Quant au Lionceau, ce charivari l'amusait :

Ainsi l'adversité se présentait à lui

Sous l'aspect de bouffons qui trompaient son ennui.

Puis, lassé, il écrasa d'un coup les saltimbanques :

« Je me dois à mes loups, plus encore à mes banques. »

Moralité :

Quand on veut à son peuple profiter,

Ses voisins ne sont pas à attaquer.

Illustration 1
Der rattenkönig - Le Roi de rats © inconnu

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