I) La thèse et la forme
Mireille Delmas-Marty file la métaphore, tout au long de son livre, d’un monde et une humanité embarqués sur un océan déchaîné, aux vents contraires et qui risquent d’être bloqués dans le pot au noir. Cette image des vents lui permet de montrer que des forces parfois contraires, parfois cohérentes, créent un univers de possibles dans lequel la politique à toutes les échelles peut et doit s’insérer.
Reprenant une idée déjà décrite dans des ouvrages précédents, elle dénonce l’avènement d’une « société de la peur et du contrôle permanent ». Juriste, elle fait « le pari que le droit peut contribuer à protéger le souffle qui nous maintiendrait en vie sans réduire la vie à la survie de l’espèce humaine. » Humaniste, elle « fait appel aux forces imaginantes du droit, non pour augmenter la densité normative, mais pour l’adapter aux dynamiques sociales actuelles en élargissant nos représentations des systèmes juridiques. »
Elle reprend le thème de l’anthropocène pour montrer le « développement sans précédent des interdépendances planétaires ». Elle ne renie pas pour autant le rôle central de l’humanité. Elle souhaite « humaniser la mondialisation : résister à la déshumanisation, responsabiliser les acteurs, anticiper les risques à venir. »
Elle défend l’idée que le danger climatique est une chance (ultime ?) pour l’humanité : « Si le dérèglement climatique fait naître un sentiment de responsabilité suffisamment puissant pour provoquer le sursaut nécessaire, c’est bel et bien une chance pour l’humanité. »
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