C’est à l’Ariane, Quartier Prioritaire de la politique de la Ville (QPV). C’est la place des sitelles, de la sitelle torchepot, sorte de moineau à long bec et à queue courte. Cœur « historique » de cette cité, la modeste chapelle d’origine avait été désaffectée après la construction d’une église moderne.
C’est le curé de cette paroisse « difficile », le père Patrick BRUZZONE qui s’est battu pour récupérer ce vieux bâtiment désacralisé. Il n’en a pas refait un lieu de culte, il en a fait un lieu de charité, un lieu de miséricorde, pour toutes les familles du quartier. Il y a installé « l’épicerie sociale » de l’association Mir, qu’il préside ; « L’épicerie de Marie » du nom de la Sainte Vierge Marie.
La photo est de ce matin, avant ouverture à tous les nécessiteux, sans distinction de couleur de peau ou de croyance. Nous sommes bien avant l’heure, et déjà une quinzaine de dames attendent.
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Bienheureux curé, qui a su prendre soin non seulement de la survie spirituelle, mais aussi de la survie matérielle de ses paroissiens, comme de tous leurs voisins que la misère accable.
Nous vivons dans un monde moderne, soi-disant ouvert aux autres, « connecté », « branché », « câblé », mais où la simple nourriture de base est parfois dure à trouver pour les mères de famille. Sinon elles ne feraient pas la queue, plus d’une heure à l’avance. Elles n’iraient pas dans une ancienne chapelle, chercher secours auprès de « l’épicerie de Marie ». Et même si la photo est prise de loin, avec des visages floutés, vous avez bien compris que ce ne sont pas des « chrétiens d’orient » qui attendent. La misère n’a pas de religion. La charité chrétienne vaut celle des autres confessions. Simplement elle est là, au plus près de la faim, de la nécessité, de l’urgence sociale.
C’est mon travail de passer par là. C’est aussi le sens de mon métier de penser aux plus démunis de nos concitoyens. « Nous leur donnons un toit » disait récemment ma Directrice Générale. J’ai donné un instant, l’instant d’une photo. Scène paisible de la vraie misère dans notre pays. Vue de loin.
Ces hommes, femmes et enfants, ne sont pas si loin ; aucun de nous ne devrait en être loin. Ils sont juste de l’autre côté de la rue. Sachons traverser, ou au moins soutenir ceux qui traversent pour les aider à survivre.
On ne traverse pas la rue que pour trouver du boulot…
Didier CODANI