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Billet de blog 18 juillet 2016

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Un rêve

J’ai rêvé qu’au lendemain de l’abominable massacre de Nice, la classe politique et médiatique faisait enfin amende honorable en renonçant à cette politique de haine et de peur qui lui tient lieu de seule boussole face à la criminalité dite terroriste.

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J’ai fait un rêve.

J’ai rêvé qu’au lendemain de l’abominable massacre de Nice, la classe politique et médiatique faisait enfin amende honorable en renonçant à cette politique de haine et de peur qui lui tient lieu de seule boussole face à la criminalité dite terroriste. 

Qu’elle cessait d’alimenter la rhétorique de la guerre des civilisations dont toute personne sensée sait qu’elle est précisément à l’origine de l’escalade de la violence meurtrière que nous subissons aujourd’hui.

Qu’elle cessait de prendre argument de la propagande des organisations criminelles pour donner caution aux pulsions xénophobes et à la rhétorique stigmatisant des pans entiers de notre population, au plus grand bonheur des dirigeants des groupuscules que l’on prétend combattre.

Qu’elle cessait de prolonger et d’amplifier l’effroi suscité par ces actes pour mieux en tirer prétexte à la conduite d’une politique répressive archaïque qui, minant les fondements les plus élémentaires de l’Etat de droit démocratique, ne fait que renforcer la violence terroriste.  

J’ai rêvé qu’enfin, la classe politique et médiatique choisissait d’appuyer la seule réponse réellement crédible et pragmatique face à cette odieuse criminalité : celle qui oppose à la haine et la peur de tous les faiseurs de terreur la voie de la solidarité et de la sérénité.

Une réponse s’appuyant sur une politique pénale plus rationnelle et pondérée, qui concentre les moyens de la répression sur la prévention et la sanction des projets criminels avérés plutôt que d’étendre déraisonnablement la définition du terrorisme. Une réponse qui cesse d’éparpiller l’action des forces de police en ne contribuant qu’à émousser sensiblement leur capacité à faire face aux menaces les plus tangibles. Une réponse qui rompt enfin avec cet arbitraire répressif délirant qui, sous couvert d’état d’urgence, fabrique des générations des kamikazes à grand renfort d’injustice et de brutalité.

J’ai rêvé d’une vraie politique antiterroriste qui, avant tout, prenne la mesure de l’ampleur de la crise démocratique à l’origine de la criminalité terroriste. Qui comprenne que la propagande de l’organisation de l’Etat islamique ne fait donner un ersatz de justification aux pulsions de mort qui animent les auteurs de ces crimes abominables. Des pulsions qui procèdent avant tout de la violence néolibérale qui frappe nos sociétés depuis plus de trente ans, non seulement en matière économique et sociale mais aussi en matière culturelle et symbolique. Qui peut croire que le spectacle chaque jour renouvelé d’une prétendue élite, ignare, irresponsable et qui condamne le reste de la population à la précarité dans une société d’abondance puisse ne pas engendrer violence plus monstrueuse encore ?

Le terrorisme n’est que l’un des symptômes de la dégénérescence oligarchique de notre société. Loin de toute surenchère belliqueuse, son dépassement suppose bien au contraire de retrouver sans plus attendre le sens de la solidarité, du partage et de l’entraide. L’Allemagne ne connaît ni état d’urgence, ni attentats terroristes. Mais elle accueille des centaines de milliers de réfugiés.

J’ai rêvé des millions de femmes et d’homme redonner sens à leurs existences en proclamant haut et fort leur amour de la démocratie, la joie et la force inépuisables qu’il y a à se sentir un peu plus fraternels. Car ce rêve est aussi le vôtre. Ubuntu.  

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