Aujourd’hui, le monde est mort. Où peut-être hier, je ne sais pas.
Comme j’étais irresponsable de promettre au peuple des lendemains qui chantent !
En tant que libéral, j’avais la conviction que seule la richesse pouvait garantir la liberté individuelle. J’ai favorisé les plus riches qui m’avaient hissé au sommet de l’état, pensant que leur fortune, telle une réserve d’eau au sommet d'une montagne finirait par ruisseler vers le bas, qu’elle inonderait l’économie et produirait de l’emploi et de la croissance.
J’ai souhaité la refondation d’une Europe souveraine, capable de faire face aux défis mondiaux et d’acquérir une compétitivité mondiale. Mais, dans la cour des grands, je ne pesais pas lourd. Mon ambition a déplu, mes gesticulations n’ont pas convaincu. Trop impatient, jugé arrogant peut-être, je n’ai pas été suivi par mes partenaires européens.
J’ai donc accompli ici systématiquement ce pourquoi j’avais été élu : je me suis employé à réformer le marché du travail, à démanteler la protection sociale, les services publics et aussi la santé…
Je n’ai pas vu la catastrophe venir. Malgré l’exemple des pays voisins, je n’ai pas pris à temps les mesures sanitaires nécessaires à la protection de mes compatriotes. Au lieu de cela, j’ai investi des milliards afin de soutenir l’économie. Ce mauvais choix a permis au virus de contaminer la moitié de mes concitoyens.
Par manque de clairvoyance, j’ai laissé faire cela. Mon incurie me rend responsable de centaines de milliers de morts et de la ruine du pays. Jamais je n’aurais imaginé qu’une chose pareille puisse se produire durant mon quinquennat…
Je souhaitais la gratitude de la génération à venir, je mérite son mépris. Après ma mort, il vaut mieux que mes gènes soient détruits et que mon cerveau desséché, soit réduit en poussière.