Furetant dans les bases de données, à la recherche d’information sur la Russie et d’éléments de comparaison avec la France, je suis tombé sur les deux cartes d’Our World in data que je reproduis ici. Elles reprennent les données d'une enquête réalisée par Welcome Trust Global Monitor. Celle-ci, faite en 2018 auprès de 140 000 personnes dans 140 pays, porte sur l’autorité reconnue aux sciences et sur la perception des principaux enjeux de santé. Elle semble, autant que je puisse en juger, conduite avec sérieux, et ne contredit pas des résultats antérieurs.
Les opinions russes et françaises sont proches sur un point : un niveau élevé de scepticisme sur l’absence de nocivité et l’efficacité des vaccins. Elles sont dans une position singulière, qui ne se retrouve que dans peu d’autres pays, et qui en font une exception non seulement en Europe, mais également par rapport aux autres continents, y compris les Amériques.
Plus précisément, 33 % des Français et 24 % des Russes ont répondu lors de l’enquête qu’ils étaient soit en complet désaccord, soit dans une certaine mesure en désaccord avec l’assertion selon laquelle « les vaccins sont sûrs ». Des niveaux comparables, ne se retrouvent qu’au Gabon (26 %), au Burkina Faso et en Irlande (21 %). Aux États-Unis, pays s’il en est travaillé par le complotisme et le scepticisme vaccinal, ce taux n’est que 11 %, soit trois fois moins qu’en France.
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On retrouve des chiffres et une position comparable de la France et de la Russie pour ce qui concerne l’opinion sur l’efficacité des vaccins : 18 % des Français et 12 % des Russes répondent qu’ils sont en désaccord ou plutôt en désaccord avec l'assertion « les vaccins sont efficaces ». Seul le Libéria est à niveau supérieur (28 %) à celui de la France, seuls le Nigéria et la Namibie (16 %), le Pérou (15 %), l’Ouganda (14 %), le Gabon et l’Indonésie (12 %) se situent entre la France et la Russie.
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Je ne souhaite pas entrer ici dans le débat sur la nécessité de la vaccination— bien qu’étant convaincu de son utilité —. C’est la proximité dans le scepticisme des deux pays qui m’étonne, et que je livre à la réflexion, d’autant plus que la science française, et aussi la russe, ont contribué significativement au développement de la vaccination et de la prévention épidémiologique. Elle peut être fortuite. C’est en tout cas un facteur de risque sanitaire que partagent la Russie et la France, et dont on a vu récemment qu’il pouvait se concrétiser avec la variole.