Le 11 septembre dernier, jour de la sobriété, à Tver, des prêtres ont aspergé d'un avion la ville avec 70 litres d'eau bénite pour lutter contre l'alcoolisme. Un service de prière a eu lieu dans l'aéronef, qui emportait également des reliques et des icônes saintes, ainsi qu'un couple, dont le mari « s'était miraculeusement remis de son addiction », pour l'avoir vu voler quelques années auparavant.
Sans qu'il ne faille y voir un lien objectif avec ce météore spirituel, l'alcoolisme est en fort recul en Russie, en raison de changements sociétaux, mais également d'une politique de prévention fondée notamment sur des interdictions de vente aux mineurs, l'interdiction de vente dans les kiosques, les stations services ou les distributeurs automatiques et d'autres mesures de prévention. Ces mesures, selon une enquête de 2018, sont majoritairement soutenues par la population. La consommation d'alcool est en recul, et d'autres indicateurs, notamment sanitaires, confirment cette évolution.
Les prises en charge dans les établissements de santé russes des addictions à l'alcool ont ainsi été divisées presque par trois entre 2005 et 2018, celle des troubles psychiques (délirium tremens, ...) par 4. Ces dernières ont été en 2018 au nombre de 18 215, soit une incidence de 12,4 pour 100 000 habitants.
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Le ministère de la santé fédéral a communiqué récemment sur ces bons résultats. Deux millions de Russes ont néanmoins consulté un médecin en 2018 pour un problème de santé en lien avec l'alcool, témoignant des progrès restant à faire. Une autre alerte est celle des inégalités géographiques devant l'alcool, qui recoupe partiellement la carte d'inégalités économiques : les sujets de la fédération où les taux d'addiction sont les plus élevés sont le district autonome de Tchoukotka, la république de Iakoutie et le district autonome de Nénétisie. 6 des 10 régions les plus touchées sont dans l'Extrême-Orient russe.