Je reviens sur le sujet du billet précédent, en reproduisant des extraits d'un communiqué de l'Organisation mondiale de la santé / Europe, publié le 1er octobre 2019.
« Le rapport, intitulé « Alcohol policy impact case study: the effects of alcohol control measures on mortality and life expectancy in the Russian Federation » [Étude de cas sur l’impact des politiques relatives à l’alcool : les effets des mesures de lutte contre l’alcoolisme sur la mortalité et l’espérance de vie en Fédération de Russie], montre que la consommation totale par habitant est en baisse depuis 2003 et a diminué de 43 % jusqu’en 2016 – avec une baisse de 40 % de la consommation déclarée et une diminution de 48 % de la consommation non déclarée, c’est-à-dire la consommation d’alcool produit et vendu en dehors du contrôle des pouvoirs publics ».
« Cette évolution s’est produite en parallèle avec un recul de la mortalité toutes causes confondues (-39 % chez les hommes et -36 % chez les femmes) entre 2003 et 2018 ; la régression la plus marquée pour les causes de décès est la mortalité liée à la consommation d’alcool. Ceci a contribué à ce que l’espérance de vie moyenne en Fédération de Russie atteigne un sommet historique en 2018 : près de 68 ans pour les hommes et 78 ans pour les femmes » [Ces espérances de vie restent cependant significativement inférieures à celles d'autres pays d'Europe].
« Selon l'OMS/ Europe, « le spectaculaire recul de la consommation d’alcool de fabrication artisanale, de contrebande ou produit illégalement en Fédération de Russie peut s’expliquer par le fait que les pouvoirs publics ont adopté des politiques de lutte contre l’alcoolisme fondées sur des bases factuelles. Ces résultats montrent que des mesures telles que l’introduction de systèmes de surveillance, les augmentations de prix et la restriction de l’accès à l’alcool sont efficaces pour sauver des vies et épargner des coûts au système de santé ». C'est le moins que l'on puisse dire, et on peut sans doute ajouter que leur efficacité est sans doute est doute plus grande que celle de l'aspersion d'eau bénite et de la vulgate moralisatrice.
Ces politiques ont aussi leurs contradictions, un des exemples en est le décès à Irkoutsk fin 2016 de 71 personnes intoxiquées par une huile de bain à l'aubépine, utilisée en substitution à de l'alcool. La hausse du prix de l'alcool dans les magasins russes a pu être invoquée pour expliquer l'absorption de ces produits frelatés. La réponse des autorités russes après cette tragédie a été de durcir à nouveau leur réglementation. D'autres réponses doivent compléter cela, notamment dans la prévention et la prise en charge de l'addiction, qui conduit à boire n'importe quoi.