J'ai dans ce blog fait à plusieurs reprises mention du récent rapport de l'OMS sur les effets des mesures de lutte contre l’alcoolisme sur la mortalité et l’espérance de vie en Fédération de Russie et de la baisse de la consommation d'alcool, passée en 2016 en dessous de la consommation française (respectivement 11,7 et 11,8 litres par habitant). Positif sur les politiques de préventions poursuivies, le rapport évoque aussi des points d'alerte et fait des préconisations repris dans ce billet.
Il relève ainsi que la baisse de la consommation s’est ralentie, et s'arrête au palier de 11-12 litres, niveau significativement élevé par rapport à la moyenne européenne. Cette situation est imputée à la décision prise en 2015 par les autorités fédérales, dans le contexte d’une forte poussée inflationniste, de désindexer les taxes d’accises sur les boissons alcoolisées. Le rapport note également la non augmentation des prix minimaux à l’unité, avec même une baisse pour la vodka en 2015, et le relâchement des règles sur la publicité pour la bière et le vin. Sans mentionner les pressions des lobbies économiques, il recommande la poursuite de l’augmentation des prix, et une évolution des taxes supérieure à celle de l’inflation.
Il appelle à la vigilance sur la lutte contre les ventes illégales d'alcool – contrebande, contrefaçon, distributeurs automatiques, kiosques ou internet fonctionnant en dehors du cadre légal, et violant notamment l’interdiction de la vente de nuit –. Il alerte également les risques liés aux produits cosmétiques ou pharmaceutiques consommés en substitution, et sur les failles de la réglementation adoptée en 2018 à la suite de la tragédie d’Irkoutsk.
Une seconde série de remarques concerne le fonctionnement du système de santé. Le rapport remet en question la compétence exclusive des services spécialisés en narcologie pour assurer le traitement des troubles liés à l’alcool et promeut une meilleure prise en charge et une prévention dans le cadre des soins primaires. Sévère sur ce point, il parle d’un « fossé » entre soins de santé primaires et spécialisés, qui correspond effectivement à un point faible du système de santé russe.