En Russie et dans la plupart des pays de l'ex-URSS, le patronyme (отчество, mot dérivé de отец qui signifie père), construit à partir du prénom du père, figure obligatoirement, en plus du prénom et du nom de famille, sur les actes de naissance et les pièces d'identité. Il est placé entre le prénom et le nom de famille. Il est encore d'usage, pour exprimer le respect, de s'adresser à son interlocuteur en employant son prénom et son patronyme.
Ponctuellement, l'usage du matronyme, dérivé du prénom de la mère, semble commencer. Une série d’exemples en sont donnés dans un article récent de RIA Novosti, et une pétition est en ligne pour demander les modifications législatives autorisant cette pratique. Sil elle recueille 100 000 signatures avant le 26 novembre 2020, la suite de la procédure prévoit qu’elle sera examinée par un groupe d’experts qui recommandera ou non l'examen d'un texte par la Douma.
Les officiers d’état civil ont parfois été ouverts et ont accepté à la place du patronyme des dénominations comme Ioulievna, Annovna ou Marievna, construites à partir de prénoms féminins. Quelquefois, il a fallu argumenter, en en appelant à Erich Maria Remarque pour prouver que Maria peut être un prénom masculin.
Le choix peut être fait à la naissance de l’enfant, mais également par celui-ci. Le code de la famille donne en effet à une personne qui a atteint l’âge de 14 ans la possibilité de changer de nom, ce droit s’appliquant à ses trois composantes, le prénom, le patronyme, et le nom de famille.
Les motifs évoqués pour retenir un matronyme sont l'absence du père, non reconnaissance ou délaissement de l’enfant, mais aussi aussi la musicalité ou le féminisme. Et un peu, semble-t-il, le plaisir pour la mère de pouvoir transmettre cette partie d'elle-même. La principale crainte est que l’enfant soit moqué, la famille et les proches parfois favorables, parfois réservés.
Morphologiquement, au sens grammatical du mot, l’évolution est possible et facile. Mais, à la souplesse de la grammaire s’oppose la rigidité de la tradition. Les règles d’état civil ont cependant fluctué en Russie, et le droit actuel, hérité du début le l’Union soviétique, prévoient par exemple que le nom de famille est choisi par les deux parents, ce qui laisse la possibilité de lui donner celui de la père, mais aussi celui de la mère. Pour reconnaitre la possibilité d’opter entre patronyme et matronyme, il faudrait bien une nouvelle loi.
À ce jour, 15 janvier 2020, la pétition la demandant a recueilli 317 signatures (et 870 avis défavorables). Les choses bougent, toujours, à petits pas.
Ria Novosti (13 janvier 2020) - ROI (Российская общественная инициатива / Initiatives publiques de Russie)